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16 mai 2015

Retour théorique sur la crise financière janvier 2009

frantz_timNous savons,  que sous  le capitalisme marchand et industriel, le crédit n’a qu’un rôle purement technique, il n’est qu’une avance sur des ventes, ou sur une production, future. C’est la mévente des marchandises qui le fait apparaître comme «superflu», comme de l’argent qui n’a pas d’équivalent dans une valeur réalisable.

 

Avec le développement du capitalisme financier, et son autonomisation relative, le crédit devient le moyen d’anticiper des productions futures et d’autovaloriser l’argent. Marx utilisera la formule   selon laquelle l’argent doit rapporter de l’argent comme le poirier des poires. A partir de ce moment, la boîte de Pandore  de la spéculation est ouverte et le capital financier apparaît comme escroc et prophète.

Quand la crise éclate, ce n’est pas seulement la surproduction, le caractère fictif des marchandises (leur non-validation sociale) qui fait apparaître celle des signes monétaires qui leur sont rattachés. Cela arrive toujours bien sûr, comme dans les  crises immobilières et, plus proche de nous, par la sournoise crise des subprimes (2007-2008...). Mais c’est le plus souvent le caractère fictif du «produit financier» qui apparaît à ce moment . Ce produit n’est rattaché  aux marchandises par des combinaisons de crédits qui se superposent  et qui doivent être remboursés à une date donnée.  Ici la crise surgit en raison de l’impossibilité, non seulement de vendre les marchandises, mais encore de réaliser toute une série de paiements fondés sur la vente de ces marchandises déterminées dans un délai précis. C’est la forme propre aux crises financières et monétaires. 

C’est l’auto-accroissement de la valeur financière qui s’interrompt parce que les anticipations à la hausse qui l’entretiennent sont stoppées pour une raison quelconque (une hausse des taux d’intérêt, l’insolvabilité de quelques banques ou pays gros débiteurs, la hausse des prix du pétrole, ou n’importe quoi qui puisse déclencher des ventes de «précaution» massives de titres et une panique).

Le gonflement de la masse des titres financiers étant alimenté par celui du crédit (notamment la dette publique, crédit fait à l’Etat), et démultiplié par les «effets de levier» des «produits financiers» modernes, comme les CDS ou autres CDO 1. La valeur de ces produits est pour une large part fictive, et dans la mesure où elle n’est fondée sur aucun travail matérialisé, objectivé dans une marchandise, sa dévalorisation ne fait que sanctionner sa valorisation virtuelle (évaluée dans la crise actuelle par Patrick Artus à 26 000 milliards de dollars), capitalisation de revenus hypothétiques, voire simple pari sur l’évolution de «notions» (taux, indices, etc.).

Il en résulte que contrairement à l’époque du capitalisme marchand et industriel, ce ne sont plus des marchandises produites qui sont dépréciées dans un premier temps, ce sont les valeurs de papier, la monnaie... Ce n’est pas du travail matérialisé qui n’est pas socialement validé (mévente, surproduction), c’est du capital fictif qui est constaté comme tel, comme n’étant pas valorisé. Mais le capital étant global, c’est tout le procès de valorisation/ dévalorisation, du capital (financier, productif, commercial) qui se trouve dévalorisé. C’est pourquoi la crise financière, qui débute, par des krachs boursiers et monétaires, est toujours une crise du capital total.

Toute crise provoque des réactions en chaîne, visant à protéger le « vrai argent » sonnant et trébuchant. Seulement même si certains le pense encore, l’or n’est plus la valeur refuge. Elle est ravalée à n’être qu’une marchandise comme les autres. Seuls  les titres des Etats puissants, et ceux des quelques gros trusts qui apparaissent comme des valeurs sûres. Ces valeurs refuges seront donc essentiellement les titres  américains, japonais et accessoirement européens, dont la fonction est de remplacer l’or dans ses fonctions de conservation de la valeur (voir la récente poussée du Yen). A contrario, les titres et les monnaies des pays dont les capacités de captation de la richesse sociale sont plus faibles s’écrouleront (cas actuel des pays dits émergents, en fait dépendants) et la dette du tiers monde, remonte à la surface.

Dire que la crise se manifeste d’abord dans la sphère financière (c’est l’une des forme de la crise de l’époque actuelle), c’est dire que ce sont d’abord ses institutions, les Banques, les Bourses,les assurances mais aussi les monnaies et titres monétaires des Etats, qui sont atteints, ceux-ci  étant les principaux représentants  du capitalisme financier.

Les cours des actions chutent. Des banques se trouvent mises en péril par l’insolvabilité des débiteurs, leurs fonds propres étant bien inférieurs à ces crédits évaporés (et d’ailleurs pour une large part constitués de titres financiers maintenant dévalorisés). Et comme elles sont toutes liées les unes aux autres par des créances réciproques, c’est l’ensemble du système bancaire qui menace de s’écrouler comme un château de cartes (le fameux risque systémique des  subprimes et CDS). Quant aux Etats en crise qui ne peuvent plus rembourser leurs dettes, d’autant moins que les capitaux les fuient, ils doivent déclarer la banqueroute (comme l’Etat argentin en 2001, et actuellement l’Equateur et l’Islande...), dévaluer leur monnaie, c’est-à-dire dévaloriser le patrimoine national, ou s’en remettre au FMI. Les entreprises de ces nations deviennent alors des proies faciles, acquises à bon compte par les trusts étrangers les plus puissants, ce qui accentue la concentration/ centralisation  du capital.

Les pyramides de crédits ont manifesté le caractère fictif des procès de valorisation auxquels elles servaient de base en se transformant en un océan de pertes. Les banques croulent sous les créances irrécouvrables ou douteuses qu’elles doivent provisionner en y affectant leurs ressources, diminuées, et jusqu’à leurs fonds propres, eux-mêmes constitués d’actifs maintenant dévalorisés. Bref, ces fonds fondent, et avec eux la capacité de crédit. C’est ce qui vient de se passer avec la crise des subprimes et qui nécessitera l’intervention des Banques centrales et des Etats qui injecteront des  milliards de liquidités, pour sauver la représentation du capital (l’argent).

Ce n’est pas qu’il n’y a pas assez de «liquidités», comme le prétendent les économistes, mais qu’elles ne circulent plus (les banques doivent provisionner à tout va, les entreprises ne veulent plus investir, etc.). Et comme tout le système capitaliste repose sur le crédit, il se produit une brutale contraction des affaires. Elle est démultipliée par la baisse généralisée des prix entraînée par cette contraction (déflation), ainsi que par la baisse de la consommation (due au chômage qui se développe, à l’arrêt des investissements, au comportements d’épargne de «précaution» des détenteurs d’argent).

Lorsque le krach financier se déclenche, c’est le mouvement classique de la crise qui se produit : écroulement du prix des «marchandises», fuite devant les signes qui les représentent, et précipitation vers le «vrai» argent, celui qui est censé être la valeur conservée. Nous avons pu vérifier, récemment que la hausse du prix des matières premières n’a été que de courte durée, pour la bonne et simple raison, que celle-ci était un élément dévastateur du taux de profit (voir Le Capital, t. 3, chap. VI : « Effets des changements des prix »]).

Dans son mouvement le capital prend deux formes de circulation, celle du capital argent, et celle du capital marchandise, sa forme pendant le stade de la production est celle du capital productif, fabrication d' un produit . Ces trois formes de capital ne sont pas autonomes, elles ne sont « que des formes fonctionnelles particulières du capital industriel, qui les prend toutes les trois successivement » (T II p. 57ed. Moscou)

Il en résulte, que le cycle total du capital ne fonctionnera , que pour autant que chaque phase passent sans interruption d' une phase à l' autre. Si au cour de son cycle une phase se fige, c' est la crise. Dans la phase A-M le capital argent se fige en trésor; si c' est dans la phase de production, les moyen de production sont paralysés, et les ouvriers sans travail. Dans la dernière phase M'-A' celle de la circulation des marchandises, celles-ci s' amoncellent sans pouvoir se vendre. Par exemple pour le capital marchandise, sa période de circulation est le moment ou le produit est mis sur le marché et prend la forme d'une marchandise.«  Le produit se transforme en marchandise grâce à cet élément spatial » ( Grundrisse chap. du capital ed. 10/18, p. 51 l' élément spatial c' est le transport.

En somme, la difficulté de convertir la marchandise en argent, d'en réaliser la plus value par l' acte de vente, provient du fait que la marchandise  doit obligatoirement être converti en argent. Par contre l' argent n' a pas besoin d' être aussitôt converti en marchandise. Il en résulte que la vente et l' achat peuvent être dissociés. C'est cette dissociation qui renferme les germes de la crise, parce qu'elle permet que les diverses phases de la circulation du capital de dissolvent et deviennent « autonomes », la crise arrive alors comme l' acte violent  visant à réunifier les différentes phases du procès de production, qui s' étaient rendues autonomes les unes des autres.

Gérard Bad

 

1 CDO (collateralized Debt Obligations): Titres adossés à des portefeuilles de créance diverses (créance bancaire, crédit immobilier, crédit à la consommation, etc..)

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