La lutte à Ssangyong Motor (Corée du Sud) continue
Voici un nouveau message recu lundi
matin le 27juillet 2009 d'un ouvrier coréen qui participe a la
défense of l'usine Ssangyong, occupée depuis le 22 mai par 800-1000
ouvriers.
Loren
Ce
témoignage nous a été envoyé par un travailleur d’une usine
voisine qui soutient la grève.
(Pour ceux qui entendent
parler de cette grève pour la première fois, elle concerne une
occupation d’usine à Pyeongtaek, Corée du Sud, qui a commencé le
22 mai 2009 quand la direction a annoncé des mises à la retraite
anticipée et le licenciement de 2 000 des 7 000 ouvriers près de
Séoul.)
Depuis qu’une ordonnance de la cour a été prise
le 20 juillet 2009, plus de 3 000 policiers anti-émeute, notamment
une unité de rangers, tentent de s’emparer de l’usine et ont
ordonné aux travailleurs de quitter l’entreprise. Après que les
ouvriers ont rejeté cet ordre, les flics ont lancé une série
d’attaques contre les travailleurs qui occupent l’usine depuis 7
jours consécutifs, et ils ont recruté pour cette attaque des voyous
et des jaunes qui font partie des individus non licenciés.
Les
défenseurs de l’ordre mènent en même temps une propagande
idéologique constante, et un hélicoptère de la police vole à
basse altitude pour empêcher les travailleurs de dormir, les épuiser
et les provoquer.
Ils ont coupé l’approvisionnement en eau
et en gaz et de l’usine et ils refusent l’entrée à toute aide
humanitaire médicale. (L’électricité a été laissée pour
empêcher la peinture et d’autres matières inflammables dans
l’usine de peinture de se décomposer.)
Depuis le 21
juillet, la police lance des grenades lacrymogènes à partir de ses
hélicoptères sur les travailleurs qui sont placés sur le toit du
département peinture. Elles contiennent un gaz toxique qui peut
faire fondre le caoutchouc éponge.
Par intermittence, lorsque
les policiers anti-émeute essayent d’entrer dans l’usine de
peinture, ils se servent d’une arme de tir utilisant 50 000 volts
ainsi que des clous, tandis que les briseurs de grève emploient des
frondes pour bombarder les grévistes à partir de l’immeuble d’en
face. Naturellement, nous luttons contre la police avec des
barres de fer et des cocktails Molotov dans la rue en face de l’usine
pour défendre la grève.
Environ 700 travailleurs sont
enfermés dans l’usine et ils mangent une boule de riz chaque jour
et boivent de l’eau de pluie bouillie. Bien que de nombreux
travailleurs aient été blessés au cours de la lutte, ils
poursuivent leur lutte avec détermination. Le 20 juillet, la
femme d’un responsable syndical s’est suicidée à son domicile.
Même si son mari n’était pas sur la liste des licenciés, il
participait à la lutte, malgré plusieurs menaces de la direction.
Son épouse avait seulement 29 ans. Jusqu’à présent, cinq
personnes sont mortes ou se sont suicidées en liaison avec cette
grève.
Les syndicats ont appelé aux grèves suivantes :
22
juillet : le KMWU (Korean Metal Workers Union, qui organise l’usine)
a appelé à 4 heures de grève.
Le 23 Juillet : KMWU : 6
heures de grève.
Le 25 juillet KCTU (Korean Confederation of
Trade Unions) a tenu un rassemblement en face de la gare de
Pyeongteck.
Le 25 juillet, les travailleurs et d’autres
participants, armés de barres de fer et de pierres extraites du
trottoir, se sont affrontés à la police anti-émeute à la fin de
ce meeting, tout en essayant de marcher vers les portes de l’usine
de Ssangyong. Une attaque brutale de la police nous a forcé à nous
retirer et à quitter les abords de l’usine. Des combats ont
continué jusque tard dans la nuit dans les rues de Pyeongtaek.
Les
syndiqués de la KMWU doivent en principe participer à 6 heures de
grève générale le 29 juillet, mais il est difficile de mobiliser
tous les membres du syndicat pour cette grève. La direction cherche
à miner le moral des grévistes, en prétendant qu’elle va être
acculée à la faillite.
Face à la pression croissante de
certaines organisations de la société civile, et de certains
députés, la direction et le syndicat de Ssangyong devaient se
réunir le 25 juillet 2009. Mais la direction a annulé cette
réunion, unilatéralement, pour le seul motif fallacieux que les
travailleurs lançaient encore des boulons contre les flics et
qu’elle ne peut pas accepter la revendication du syndicat d’annuler
les licenciements et de payer, par rotation, les travailleurs
licenciés en puisant dans les fonds de retraite.
La direction
du syndicat a rejeté cette concession, et maintenu les
licenciements.
Aujourd’hui (27 juillet), les travailleurs de
Ssangyong ont tenu une conférence de presse et organisé un autre
rassemblement en face de l’usine de peinture, pour échapper
pendant quelques heures à l’atmosphère étouffante qui règne à
l’intérieur du bâtiment.
Les revendications de ce
rassemblement étaient les suivantes :
1) Retrait de la police
2) négociation directe avec le patronat et le gouvernement 3)
Clôture de l’enquête pour utilisation illégale de la technologie
du moteur hybride diesel.
Enfin, pour conclure, je citerai les
dernières phrases de la conférence de presse :
« .... Nous
avons fait de notre mieux pour résoudre ce conflit de façon
pacifique et par le dialogue. Néanmoins, si ce genre de répression
brutale, meurtrière se poursuit, nous déclarons ouvertement notre
volonté résolue de lutter jusqu’à la mort. Nous qui sommes
rassemblés ici sommes prêts à montrer notre détermination à
mourir non seulement en tant que travailleurs mais aussi en tant
qu’êtres humains. Nous allons nous battre sans compromis,
récupérer nos droits et rentrer chez nous quand nous gagnerons.
»
PS. Au moment où je suis allé me coucher, j’ai appris
que les policiers avaient lancé une autre attaque brutale contre les
travailleurs. Les jours qui suivent seront décisifs.