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16 janvier 2010

Algérie: SNVI une reprise du travail en plein rapport de force.

clef_78Les événements qui se déroulent actuellement en Algérie nous rappellent de triste mémoire ceux d' octobre 1988. Le 5 octobre 1988, le schisme entre le peuple et les libérateurs nationaux du FLN était consumé, le gouvernement retournait ses armes contre le prolétariat et la jeunesse. Si durant le printemps berbère d' avril 1980 en Kabylie, il était encore possible pour le pouvoir de circonscrire une révolte de classe en émeute d'une minorité nationale. En 1988,le masque tombera, c' est à la suite d'une vague de grève qui a débuté à la  SNVI ( Société nationale de véhicules industriels) que la jeunesse d' Alger allait se déchaîner contre le pouvoir en place au début du mois d' octobre. Tous les symboles de l' État et de la richesse seront la cible des émeutiers : Le Parti unique, les sièges du FLN, les édifices publics, les super-marchés ( souk el-fellah)...

La rage de la jeunesse est si puissante , que les brigades anti émeutes, l' armée, les tireurs mystérieux ne parviendront à faire régner l' ordre que par un massacre. On dénombrera 500 à 600 morts, des milliers de blessés, la torture à été utilisé1 dans les commissariats, les casernes et les postes de gendarmerie.

Aujourd' hui le peuple connaît son ennemi et il sait de quoi il est capable, le front de libération national s'est retourné contre lui, marquant ainsi en lettre de sang sa fin prochaine. En apparence , la question du pouvoir est donc posée dans un premier temps plus comme un désir de réforme des institutions, sur le modèle de la démocratie bourgeoise ( les droits de l' homme et du citoyen) que sur la base d' une destruction du capitalisme et de l' abolition de l'exploitation de l' homme par l' homme. Mais le mouvement est porté par la misère et la précarité, que la démocratie bourgeoise ne parvient plus dans ses centres historiques à intégrer. La précarité règne en maître sur le monde, elle à la gueule ouverte et elle va mordre.

Depuis le début du mois de janvier 2010, le prolétariat d'algérie est de nouveau en branle. Les ouvriers de l' entreprise nationale ( SNVI) de Rouiba se sont prononcés pour la grève illimité, suite à la signature d' un accord par la bureaucratie syndicale de l'Ugta, sans consultation de la base.

Cet accord concerne, d'une part  la revalorisation des salaires pour compenser l' inflation et la dévaluation compétitive du dinar. La revendication des grèvistes  exige l' abrogation de l' article 87 bis du code du travail.

D ' autre part  la mise en retraite après 32 ans de service, remise en cause comme dans bien d' autres pays.

Au moment ou nous écrivons ces lignes, le mouvement en est à sa deuxième semaine de grève et n' a pas cessé de s'étendre malgré le verrouillage du site industriel de Rouiba par les force de l' ordre.

Il y a sur le site environ 8000 grévistes en mouvement, qui cherchent à se répandre dans la ville de Rouiba, mais trouvent en face d' eux les forces anti émeutes. Un premier choc aura lieu avec les forces de l' ordre faisant selon la presse trois blessés coté manifestants.

Alors que la grève s' étend  à d' autres régions et localités comme ( Hussein Dey, Sidi Moussa, Annaba et Tiaret, les forces de l' ordre s' activent pour empêcher tout regroupement de masse, ils ont ainsi fait barrage à Reshaïa aux travailleurs de Anabib qui voulaient rejoindre la manifestation. Durant la manifestation, les slogans sont particulièrement hostiles au syndicat Ugta et aux pouvoirs publics.

Le samedi 9 janvier, la jeunesse entre en scéne dans la commune de Sidi -Amar, daïra d' El-Hadjar

300 jeunes sans emploi se sont attaqués au siège de l’Assemblée populaire communale de Sidi-Amar. les jeunes manifestants, accusent les autorités de la commune de “passe-droit et de copinage”, ils ont réclamé des contrats CFI, dans le cadre du dispositif d’aide et d’insertion professionnelle. La brigade d' intervention rapide dépêchée sur les lieux, sortira de l' affrontement avec plusieurs policiers blessés.

Les syndicalistes préparent la reprise.

Les syndicalistes locaux de l' Ugta , tout en étant « opposés » à la signature de l' accord par le secrétaire général de leur syndicat Sidi Saïd, semblent accompagner le mouvement pour éviter tout dérapage. Nous verrons au cinquième jour de grève, comment une déclaration du secrétaire général de l' Ugta mettra de l' huile sur le feu, Sidi Saïd n' hésite pas dans un communiqué à louer les efforts du gouvernement, un gréviste fera cette remarque à la presse.

« Au lieu d’apporter des réponses aux problèmes soulevés par les travailleurs, Sidi Saïd nous parle de ’’programmes de modernisation et de relance économique, décidés par son excellence, M. le président de la République’’. M. Sidi Saïd, nous vous parlons de pères de famille qui travaillent dans des conditions inhumaines, mais qui meurent de faim dans un pays qui regorge de richesses. Nos salaires ne nous permettent pas de nourrir convenablement une famille de 6 personnes durant 15 jours tandis que les serviteurs du pouvoir, sans rendement aucun pour l’économie nationale, touchent 10 à 20 fois notre salaire. »

Le13 janvier 2010, le mouvement gréviste est toujours ascendant, plus de 8000 travailleurs sont en grève depuis 11 jours et sont rejoint par 7200 ouvriers d' Arcelormittal. L' ampleur du mouvement à surpris les pouvoirs publics, qui pensaient après le massacre de 1988 avoir maté la classe ouvrière.

Le 14 janvier retournement de situation, les travailleurs de la SNVI votent la reprise, simplement sur la base de promesses de l' état, quant à l'UGTA elle prétend que la SNVI, est confrontée à d'énormes difficultés multiformes, menaçant même sa pérennité. Il est intéressant de savoir que Renault est actuellement en train de réaliser une étude de faisabilité concernant l’intérêt d’une éventuelle implantation industrielle en Algérie . Cette démarche est activement soutenue par le gouvernement algérien, qui évoque un partenariat avec la Société nationale des véhicules industriels (SNVI). Cette dernière détiendrait 51 % du capital de la future société conjointe, amenée à produire chaque année 50 000 voitures (modèles Logan, Sandero et Symbol), à compter de 2011.

En conclusion nous pouvons dire, que l' extension d' un mouvement de grève est toujours un gage de victoire économique. Les travailleurs de la SNVI viennent de se priver, sur la base de simple promesses, du rapport de force nécessaire à toute négociation affaiblissant du même coup le mouvement d' Arcelormittal.

Vidéo Arcelormittal

A suivre

note

 

1 La répression politique a plutôt concerné les militants de gauche, en les interpellant, en les enlevant. Deux cent syndicalistes ou pagsistes (militants du PAGS) ont été sauvagement torturés à la veille du 5 octobre. Le Parti de l'avant-garde socialiste  PAGS est fondé le 25 janvier 1966 par Bachir Hadj Ali. Le parti fut dirigé par Sadde Hadjeres. Bien qu'il ne fut pas officiellement reconnu il a pu persister comme parti d'opposition durant la période du parti unique en Algérie. Il reprend l'héritage du Parti communiste algérien (PCA) qui a disparu tôt après l'indépendance algérienne. Le PAGS s'est constamment opposé au gouvernement, en critiquant séverement ses programmes. Ses membres, les PAGSistes, ont infiltré la plupart des organisations de masse du fait de leur statut non-reconnu. Les PASGistes étaient nombreux au sein de l'UNJA et de l'UGTA, en encourageant des tendances de gauche.

 

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