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14 novembre 2010

Le tertiaire et la rationalisation du 3éme type

Dans un proche avenir, tous les emplois de bureaux, notamment les emplois administratifs, de tous les secteurs (privés,mutuelles, nationalisés, fonctionnaires...) seront liquidés à la hauteur de 70% des effectifs, La "tertiairisation" que nous chantaient les partisans de la société "conviviale" vont être obligés de fermer la parenthèse de leurs thèses, et notamment de celle visant à faire disparaître le prolétariat dans la tertiairisation. Ils pourront bien entendu trouver un autre "dada" à la mode, la révolution technique et scientifique.

Le tertiaire en France

Entre les années 1960 et 1984, les effectifs du tertiaire vont doubler. Depuis,nous constatons (chiffre 1985) une perte nette de 293 000 emplois. Il y a environ 7 millions de salariés ayant un emploi tertiaire en France. Le gros des troupes alimente:

-Les banques et les assurances. -L'administration publique et les emplois de comptabilité.1

Nous voyons donc ici l'ampleur que va représenter à court terme, la liquidation d'environ 70% du tertiaire administratif actuel dit obsolète. Dans les banques, les guichets auto-matiques, le traitement informatique des chèques et l'opération " monétique" ont déjà liquidé de nombreux emplois.

effecti_banquesC'est surtout depuis 1987 que nous constatons une nouvelle offensive dans ce sens. Le Crédit du Nord fut le terrain d'essai d'un système basé sur le "licenciement volontaire " depuis, le crédit lyonnais, la Sté générale, la BNP, la BUE... lui ont emboîté le pas. Pour favoriser l'opération, les média sont elles aussi entrées en action pour cibler le "personnel" en trop " LES FEMMES " du " FIGARO" la presse féminine tous nous chantent les louanges de la femme au foyer. On parle même d'une réforme de, l’enseignement qui irait dans ce sens. Le tout avec un petit couplet culpabilisateur sur la responsabilité de la mère vis a vis de son enfant "drogue, racket, rapt d'enfant, sadiques à la sortie des écoles.

Il n'y a pas que la femme qui se trouve mise au rebut, le vieillissement va devenir lui aussi un critère de licenciement.

Il sera relativement facile à l'aide du tableau (1 et 4 annexes)) de comprendre la situation engendré par un BABY BOUM vieillissant. Déformation de la pyramide des âges, gonflement par glissement des agents de maîtrises, gradés et cadres et des salaires du fait de l'ancienneté. Le phénomène montant du PAPY BOUM, devient de plus en plus une préoccupation majeure des caisses de retraites et de l'Etat. Il faut donc pour l'avenir paupériser au maximum cette population, pour payer le moins possible de retraite, plusieurs méthodes sont donc mises sur pied:

-Premièrement le licenciement sec avec à la clef une longue période de chômage.

-Deuxièmement les départs volontaires dont l'objectif est la permutation d'emploi de bon niveau à moitié prix ceci avec l'aide de chasseur de tête bidon.

-Troisièmement par la déclassification salariale (salaire au mérite, méthode Hay). 

-Quatrièmement par l'éclatement statutaire de certaines sociétés ayant pour but le désengagement pécuniaire d'un système de retraite complémentaire trop juteux exemple les assurances ou 1e système de retraite est le meilleur de France derrière la profession de "Livre". 

Il suffit donc de rattacher le plus possible d'employés d'assurances à une autre profession, exemple: la SAMDA aux "agricoles", la COFACE à la Banque, et de créer des GIE pour parvenir à ce résultat.

A la Sécurité sociale, dans les banques, les assurances... le portrait robot du "licencié volontaire" est déjà tracé. Il s'agit en général de la femme ayant 3 enfants, des femmes à temps partiel. C'est la, nous en avons l'expérience une première, les "charrettes" du bicentenaire de la révolution bourgeoise seront mieux achalandées dés que les Conventions Collectives seront dénoncées (Elles le sont déjà au Crédit Agricole, aux Mutuelles du Mans, bientôt, dans les assurances et la banque.)

UN MOUVEMENT D'ENSEMBLE DU TERTIAIRE EST IL PREVISIBLE ?

Ici nous allons essayer de dégager les points forts et faibles du problème. Au cours des années 1970, la Sécurité sociale en 1973 les banques et PTT en 1974, les Assurances en 1979, ont fait leur MAI 68 dans leur profession. C'est à dire une lutte d'ensemble de tout leur secteur respectif.

Il est vrai, nous sortions de Mai 68, et les enfants du baby boum sont entrés en masse dans le tertiaire. Aujourd'hui cette génération a entre 35 ans et 45 ans, elle est la plus nombreuse, elle garde le souvenir de nombreuses luttes, mais aussi le sentiment qu'il est impossible de lutter contre le progrès technique.

La politique du "volontariat " des licencieurs de profession est donc particulièrement efficace sur un tel terrain. La mauvaise ambiance, la lutte de tous contre tous, le stress permanent, la sensation de n'être plus rien après avoir été "indispensable" rendent une partie de la population du tertiaire sensible au chèque départ . Nous avons même le cas, ou le personnel de la " banque d'entreprise" a fait grève pour l'amélioration des conditions de licenciements.

Dans ce milieu qu'est le tertiaire, peu de gens ont connu le travail d'usine et les conditions disciplinaires qui vont de paire. Chez l'employé, il y a toujours une certaine surestimation de son "MOI" de ce qu'il vaut réellement sur le marché du travail. C'est typique dans la banque ou il n'est pas rare d'entendre certain dire qu'ils vont "monter leur entreprise ". Dans la réalité, pour les plus chanceux ils deviennent "chauffeur de taxi ", pour d'autres, comme ce cadre du groupe VIA, la réalité fut plus sordide et aujourd'hui nous le voyons faire la manche au métro Le Peletier pour pouvoir manger, d'autres se sont suicidés...

Dans le contexte gréviste actuel, il n'est pas impossible que le secteur tertiaire entre en action. Les PTT viennent de le faire, et les centres de sécurité sociale de province sont dans l'action. Dans les banques et les assurances il y a bien quelques grèves (Sté générale, GAN, Abeille/PAIX...) grèves surtout syndicales pour le principe et donc rien de vraiment sérieux pour l'instant. Il n'en reste pas moins que le patronat de l’assurance a volontairement retardé la publication de son nouveau projet de Convention Collective à cause des grèves.

Ce qui à notre sens est positif, c'est que nous n'entendons plus autour de nous des conneries du genre " les banques nous piquent notre boulot'' ou " les Assurances vont bouffer la sécu". La fixation actuelle c'est « le progrès » c'est à dire « les nouvelles technologies » prédatrices d'emplois. C'est au travers de cela que tous se reconnaissent comme ayant un problème commun et identique.

BREF HISTORIQUE DES DIFFERENTES PHASES D'INFORMATISATION DU TERTIAIRE.

 

1°) La mécanisation 1960-1970.

Sur cette période voir les écrits d'Henri SIMON2 qui définissent avec beaucoup de clairvoyance les évolutions et mouvements sociaux de l'époque. L'informatique ''dite lourde'' est un véritable état dans l'état, isolé du reste du personnel, elle traite une masse d'informations qui lui revient des services. Le travail est de plus en plus standardisé on parle de taylorisation , des OS (Ouvrier Spécialisé) de la paperasse, Les rythmes de travail sont pour une partie du personnel ( perfos-vérif et codifieurs) très denses,et la charge de travail par employé augmente considérablement.

2°) Le télétraitement les années 1970 passage de l’informatique centralisée au télétraitement décentralisé.

A partir des années 70, nous observons notamment dans la banque, le remplacement de l'informatique lourde (machines comptables électromécaniques) par de puissants ordinateurs centraux installés aux sièges. Ils furent d'ailleurs la cible des grévistes en 1974.

Les années 70 seront les années de résistance aux nouvelles technologies, le courant est si puissant que la fédération CFDT des Services éditera un livre portant le non « les dégâts du progrès » (ils en sont revenus depuis). Les grèves se succèdent les unes derrières les autres, grève de services entiers, grèves des archives dans les assurances, grèves au Mutuelles du Mans de 35 jours en 1971 et grèves généralisées (Sécurité Sociale en 1973, les banque, et les PTT en l974, les caisses d'épargne, les assurances en 1979. C'est surtout à partir de 1975 qu’apparaissent sur 1e marché les premiers traitements de texte et une résistance au travail sur écran, qui va se manifester systéma-tiquement et même contre la DPO (direction par objectif) la mère des cercles de qualité actuels.

Le télétraitement permet de traiter les informations de manière beaucoup plus rationnelle (gains de productivité très important) et ce malgré, que la masse de jeunes qui forme les gros bataillons du tertiaire passe une bonne partie de son temps à ''déconner'' pour prendre un terme général d'un descriptif certainement plus intéressant, indiscipline, sabotages... sont fréquents, la communication entre les services est encore très dense. Cependant l’usage, du télétraitement va mettre un terme aux déplacements internes (source d'agitation) les horaires mobiles aussi (puisqu'on ne se rencontre plus avant de bosser) pour échanger nos points de vue.

La Chape de plomb du QHS (Quartier Haute Sécurité) va nous tomber progressivement dessus, la gueule en face de l'écran et déjà tu ne croises plus les yeux de ton collègue d'en face, la déshumanisation se met en place. Le silence règne, et bient8t la machine absorbe ta vie, absorbe tes émotions, tes joies, tes rires, il ne reste plus que notre minable feuille de paye pour nous émotionner un peu. Cette déshumanisation va se traduire par le stress permanent, par un absentéisme, une démission, un dégoût sans pareil pour ce travail que l’on veut fuir comme la peste. Alors ces cons du capital veulent revaloriser notre vie au travail, comme si le travail c'était la vie. Après avoir brisé à l'aide de l'informatique les derniers vestiges de communication qui existaient dans les entreprises, les dirigeants d'entreprises à l'aide du marketing social et des responsable en communication veulent relancer la vie autour de leur problématique à eux ''la concurrence'' ''le profit'' ''le produit'',''la qualité'' le projet d'entreprise...

Tout cela, c'est déjà dépassé par la réalité de la crise, par l'ambiance de mort qui règne partout, par cette impression d'être à la fin d'une époque.

3°)L'INDUSTRIALISATION (les années 80).

Depuis 1980, le secteur tertiaire s'industrialise, les organismes financiers ( banques, assurances) sont engagés dans un processus d'automatisation des traitements avec informatisation progressive des activités d'exploitation ( notamment par la divulgation du minitel). Le support papier va donc tendre à disparaître et des techniques comme le courrier électronique se substituer au réseau de communication habituel (PTT) et service courrier des entreprises.

L' archivage va disparaître et avec lui les archives, les dactylos aussi... A ce désastre pour l' ensemble des travailleurs va s'adjoindre une vague de changement structurel des sociétés et donc un redécoupage/ diversification de celle ci avec de nouveaux mode de gestion de type industriel. Le « produit » devient le centre attractif, le fétiche autour duquel doit se recomposer la « communauté industrielle ». Nous vivons à l' époque du temps réel ou notre vie n' a jamais été aussi irréelle, ou le simple consommateur de produit « minitel » devient lui même une menace à domicile pour l' employé de bureau et autres... Le consommateur travaillant alors gratuitement. Il y a une tendance allant dans ce sens et il faudra se préoccuper un peu plus des différentes relations dialectiques entre ( travail mort et donc objectivé, travail vivant et machinisme) la vraie crise est peut-être là.

4°)La monétique comme  méthode d' accélération de la rotation du capital.

Le temps de rotation du capital comprend le temps de production et le temps de circulation, le capitaliste s'efforce toujours de réduire l' un et l' autre.

La monétique ou monnaie électronique, est un moyen très efficace pour accélérer la circulation du capital et donc contribuer à une réalisation plus rapide sous forme d' argent de la plus value.

C' est le capitalisme français qui le premier fut amené à se pencher ( entre 1970 et 1987) sur le phénomène de décuplement de l' utilisation des chéquiers.  Le traitement de plus en plus important de la lasse des chèques, allait amener les banquiers à la solution « informatique ». Le premier  avantage et le plus juteux est, nous venons de la voir de contribuer à l' accélération de la rotation du capital. Le second perlet d' enrayer l' excroissance de l' embauche d'un personnel administratif important, puis de passer à la phase de la réduction réelle de ces effectifs et charges annexes. Les machines et les nouvelles technologies (il faut le souligner ) concurrencent  toujours avantageusement l' homme source d'erreurs.

Les banquiers, vont donc procéder à une restructuration monumentale de tous les procédés de manipulation de l' argent. Ceci aussi bien localement qu' au niveau international ex: le système SWIFT qui relie les ordinateurs de centaine d'établissements.Sur le plan local les banques françaises vont coopérer pour tisser un véritable réseau de paiement à l' aide de cartes de plus en plus sophistiquées. Réseau unique au monde avec 11 500 distributeurs de billets.3

1°) Regroupement autour de la carte bleue, automatisation du traitement des chèques ( plus de deux milliards chaque années) . C'est l'introduction de la ligne magnétique 'CMC7 » (rendue obligatoire par la loi en août 1970) qui a permis l' utilisation généralisée de trieuses automatiques.

Généralisation de nombreux systèmes permettant d'accélérer le traitement de nombreuses opérations interbancaires:

a) Ordres de virement

b) Avis de prélèvement

c)Titres universels de paiement

d) Retraits de billets effectués sur les distributeurs automatiques de billets (DAB)

Échappaient encore à ce traitement les échanges de chèques qui représentaient 78% des opérations interbancaires. En 1984, le non échange de chèques était expérimenté dans plusieurs banques régionales. Il sera opérationnel en 1989 sous le nom de S.I.T. Système interbancaire de télécompensation). Le 1er janvier 1984, la dématérialisation des titres et valeurs mobilières est rendue obligatoire par la loi.

La productivité dans les banques et les assurances va faire un bond gigantesque:

Entre 1972 et 1981, nous assistons au doublement du nombre des opérations bancaires et à l' accroissement des dépôts et crédits de 40% à 45% alors que les effectifs ne progresseront que de 16%. De même dans l' assurance, entre 1973 et 1981, le chiffre d' affaire des sociétés d' assurances va progresser de 36%, pendant que les effectifs n'augmentaient que de 10%.

2°)En 1985, nous assisterons à la fusion en un seul système des cartes bancaires. Ce qui va permettre à la banque d'accroître très rapidement le parc des distributeurs automatiques de billets. Celui ci sera multiplié par dix entre 1978 et 1987. Conjointement le nombre des cartes bancaires est multiplié par sept . Le corps entier du traitement et de la circulation de l' argent va se dématérialiser pour ne devenir qu'un simple traitement d'une information.

Le corps entier du traitement et de la circulation de l' argent va se dématérialiser pour ne devenir qu'un simple traitement d'une information. Pour accompagner ce mouvement toute une campagne médiatique est systématiquement utilisée pour que le citoyen utilise les nouveaux modes de paiements ( prélèvements automatiques, cartes bancaires, virements automatiques...) Des mesures incitatrices, amènent à doses homéopathiques bientôt 17 millions de porteurs de cartes. Le coup le plus efficace fut celui concernant une éventuelle facturation des chèques, le résultat fut immédiat, 7% d' émission de chèques en moins en 1987.

Contre coup lui aussi immédiat, la banque décide de licencier massivement.

Cette excroissance de l' utilisation du chèque en France a sa petite histoire cachée. Il faut se souvenir que c' est l' état lui même qui a rendu obligatoire en 1968 ( a partir d' un certain salaire) le virement bancaire des payes. Avec la généralisation de la mensualisation4,il résultat de cette opération, que le salaire des salariés devenait désormais du capital .


 

1Notes année 2010: Dans les assurances, les statistiques entre 1996 et 2004 confirme la baisse des effectifs des non cadres, mais un accroissement du nombre de cadres par glissement (29,6% à 38,2%). En 2002 les effectifs de l' assurance était de 121400, il vont chuter à 119 400 en 2004, ils étaient de 117 000 en 1999.Dans les banques  41 % des collaborateurs sont des cadres en 2006, soit 10 points de plus en 7 ans. La part des cadres devrait continuer à augmenter dans les prochaines années, pour accompagner l’évolutiondes métiers ( sources R.O.MA. Et AFB)

 

2Le Conseil du Personnel des Assurances Générales-Vie. 64 pages.

 

3Notes 2010- Ils sont actuellement au nombre de 46 150, le paiement par carte bancaire représente 25% des dépenses des ménages français et 87% détiennent une carte bancaire.

 

4-Lissage de la rémunération, qui devient indépendante du nombre d'heures travaillées sur le mois. Pour un salarié à temps complet, c'est à dire travaillant 35 heures par semaine, le salaire mensuel sera égal au taux horaire multiplié par 151,67. Pour obtenir cette moyenne, on effectue le calcul suivant : 35 heures x 52 semaines / 12 mois = 151,67.La mensualisation résulte de l'accord du 10 décembre 1977 étendu par la loi 78-49 du 19 janvier 1978.

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