Dans le monde une classe en lutte septembre 2011-6 IMMIGRATION

IMMIGRATION

Kenya - 26/07/2011 - Le désastre politico-économique dans la « corne de l'Afrique », particulièrement en Somalie, entraîne des déplacements de population affamée par le sécheresse et par la guerre vers un gigantesque camp de réfugiés, Dadaab, à l'est du pays. Plus de 400 000 réfugiés y sont recensés et autour du camp, un nombre incalculable d'autres candidats à l'exil. Le camp ne subsiste que par l'aide alimentaire internationale mais les « habitants » de cette ville qui n'en est pas une (bien que comportant 19 écoles primaires, 6 secondaires, 3 hôpitaux et 3 librairies) connaissent des difficultés sans nom au milieu de tous les trafics (5 300 boutiques brasseraient plus de 20 millions d'euros dans l'année), des rapports de force et des affrontements ethniques, religieux et nationaux. Dans tout l'est de cette Afrique centrale (Éthiopie, Somalie, Érythrée), 12 millions d'habitants sont pratiquement sans nourriture suite à la sécheresse.

 Nouvelle Zélande - 9/07/2011 - Christchurch. Trente-deux Indonésiens ont refusé d'embarquer sur un navire de pêche affrété par un Sud-Coréen et loué aux pêcheries néo-zélandaises. Ils devaient vivre dans des conditions sordides, être payés seulement de temps à autre et subir des violences physiques avec la menace constante de déportation. Ils seraient ainsi des milliers payés de 200 à 460 euros par mois, salaire ponctionné de plus par les agents recruteurs de toute l'Asie du Sud-Est.

 Tunisie (voir précédents bulletins)

 Comme ailleurs, la soi-disant « révolution » ne se concrétise guère pour l'ensemble des exploités, travailleurs et paysans. Les promesses « démocratiques » de constitution et d'élections ne parviennent pas à persuader ceux pour qui le changement de régime doit apporter autre chose que le maintien de leur servitude présente. D'un côté, les manifestations continuent, comme le 8 mai où, après quatre jours de protestation, 600 arrestations ont lieu ; comme le 15 juillet devant le siège du gouvernement où la police tire dans la foule. D'un autre côté, une explosion de grève pour l'emploi et les salaires est impossible à décrire en détails (jusqu'à présent, augmentation de 138 % des grèves par rapport à 2010). Les luttes ne faiblissent pas mais la « vieille garde de Ben Ali » se regroupe pour tenter de reprendre les rennes du pouvoir après la dissolution du parti autrefois totalitaire, le RCD, avec la complicité des puissances occidentales dont la France. Profitant de ces affrontements et autres contestations, les islamistes tentent d'étendre leur influence à la fois par une propagande ouverte et par des raids violents pour imposer leur « morale » sur ce qu'ils considèrent comme des déviances punissables.

 Grande-Bretagne -Cet été, les cités britanniques ont connu une révolte identique, semble-t-il, à ce qui s'était passé en France en novembre 2005. Il n'y a eu que les médias pour s'en étonner. Car non seulement des éruptions similaires ont eu lieu dans le passé, certes moins étendues mais tout autant éphémères, mais d'autres émeutes localisées et pas du tout médiatisées étaient pourtant monnaie courante.

 Un seul rappel récent :

 24/04/2011 - Bristol. Une descente de flics dans un squat du centre de la ville déclenche une nuit d'émeute au cours de laquelle 300 manifestants prennent d'assaut un supermarché Tesco qui venait d'ouvrir. Les 160 flics appelés en renfort doivent subir une bataille rangée de révoltés qui les attaquent avec des battes de baseball et des cocktails Molotov. Huit flics blessés, 9 arrestations

 D'AUTRES FORMES DE REVOLTE

 Allemagne - 20/08/2011 - Depuis quelques mois, hormis la tradition du cocktail Molotov, des vengeurs s'attaquent aux voitures, de luxe de préférence, en utilisant un dispositif d'allumage à retardement sur un pneu habituellement vendu pour l'allumage des barbecues, ce qui laisse tout le temps pour prendre le large. En une semaine, plus de 50 voitures sont devenues des carcasses fumantes, 158 depuis janvier. La répression est perplexe.

 France - 4/08/2011 - Récupération de l'espace. Sur un terrain vague, un parking abandonné et site d'un marché local improvisé, des groupes locaux installent un parking payant, ce qui déclenche l'ire des gouvernants et agite la fourmilière flicarde.

 FIN DE GRÈVES

 France - 25/07/2011 - Des menaces de grève au cours de l'été ont suffi pour débloquer quelques situations conflictuelles. Pour les hôtesses et stewards d'Air France-KLM, suite à un accord sur les modalités de travail lors de la création de lignes low cost. Pour les pilotes, sur des questions de retraite.

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 Les chiens aboient, la caravane passe ( proverbe arabe)Pour stopper les « révolutions » qui n'ont pas eu lieu, la « contre-révolution », elle, est bien réelle à la mesure de « leur » crise qu'ils n'arrivent pas à résoudre autrement qu'en en exigeant toujours plus des exploités du monde entier qu'il faut à tout prix museler pour éviter les fureurs d'une marée montante.

 Nous somme bien contraints de faire un constat. Les mouvements divers qui portaient des espoirs sont au milieu du gué. Partout dans le monde, il y a des luttes, grandes ou petites, sous des formes différentes, contre des situations qui peuvent être différentes mais qui peuvent se résumer par « le système capitaliste »

 Mais aussi, partout dans le monde, les contre-feux—la contre-révolution- sont à l'œuvre sous des formes tout autant diverses depuis le bain de sang comme en Syrie ou son amorce en Egypte ou en Tunisie, une répression juridique délirante comme en Grande-Bretagne,à la déviation nationaliste comme en Israël ou en Egypte ( une aubaine réciproque pour les contestations internes de chacun), les cinémas électoraux aux USA ou en France;etc…, la liste est longue, chacun peut la compléter.

Il y a de plus en plus de chômeurs qui se terrent plus qu'ils n'agissent. Rien qu'en France où sont-ils les chantres des mouvements de chômeurs du passé. Là aussi on pourrait faire la liste des velléités illusoires.

 Le capitalisme est en crise, mais il continue de tourner, au jour le jour peut-être mais il tourne toujours avec la même puissance de répression—décuplée par ses angoisses réelles ou virtuelles- et de nuisance Pour le moment, on ne voit nulle part un dépassement des révoltes passées ou en cours qui avaient soulevé et soulèvent encore tant d'espoirs. Mais pour le moment, mis à part quelques têtes tombées, les régimes politiques honnis sont toujours en place. Dictatures ou démocraties ces régimes secrètent des formes similaires de lutte aspirantà un changement profond sans que, souvent, le système capitaliste lui-même soit mis en cause. Pourtant , c'est lui qui est à la base de tous les maux non pas qu'il endure mais qu'il fait subir à tous les exploités du monde entier.

 Révoltes partout, répressions partout. La fréquence, l'intensité, la multiplicité font -elles de cette réciprocité action—répression une dynamique vers un mouvement mondial de résistance, même à l'insu de tous ces particularismes? On se prend à l'espérer. Mais….