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7 décembre 2011

Dévalorisation financière, crise monétaire et banqueroute des états.

CRISE: la fin des rafistolages.

Traduction italienne cliquer ci dessous

 

 

 « Si les démocrates exigent la régulation de la dette publique, les ouvriers doivent exiger la banqueroute de l’Etat. »(K.Marx, 1ére Adresse du Comité de la ligue des communistes, 1850 )


Les crises actuelles, comme nous pouvons l’observer sont principalement boursières et monétaires et explosent comme la résultante de spéculations  exagérées. Cela tient au fait qu’il faut faire une distinction entre l’époque marchande et industrielle, où les crises se manifestaient en général comme surproduction de marchandises, alors que sous l’hégémonie du capitalisme financier, « le pivot » des crises est alors «  le capital -argent, et leur sphère immédiate est aussi celle de ce capital, la Banque, la Bourse et la Finance »1 . Il en résulte, que régulièrement, le capital se trouve dans l' incapacité intrinsèque d' achever son circuit (Argent,Marchandise,Argent). C'est la domination grandissante de l'élément spéculatif propre au système du crédit, qui engendre un capital fictif, ou "une bulle spéculative " sans rapport avec le capital réel. Plus le système de crédit est prédominant, plus les affres de la crise qu'il engendre vont se répéter sous la forme symbolique d' une spirale. Ce n' est certes pas la première fois que le système monétaire entre en crise, on pourrait même aller jusqu'à dire que les périodes calmes font exception. Il suffit de relire les écrits de Rosa Luxemburg sur le crédit2pour s' en rendre compte, de même pour les banqueroutes d' états3.

A la fin de la seconde guerre mondiale, fut mis en place le système monétaire dit de Bretton Wood, qui consacrait l' hégémonie mondiale de la monnaie américaine. Les états Unis détenaient alors les trois quarts de réserves d' or du monde, et étaient les seuls capables d' assumer la convertibilité du dollar en or, pivot du système de Bretton Wood. Tant que les pays sortant de la guerre avaient besoin de dollars pour se reconstruire, la convertibilité du dollar en or ne se posait pas. Cependant des les années 1950, les demandes de convertibilité de dollars en or monte en puissance, provoquant la chute des réserves américaines. Les tensions monétaires des années 1960 mettront en évidence la contradiction entre le dollar monnaie universelle et le dollar monnaie nationale. Les états européens et le Japon, ne veulent plus que le déficit américain soit comblé par de la création monétaire (planche à billet) ; des 1971 le solde des échanges avec les états Unis devient négatif. Le 15 août 1971,le Président Richard Nixon sonne le glas du système de Bretton Wood, il suspend la convertibilité du dollar en or et fait du dollar une monnaie flottante, la boite de pandore du déficit abyssal des états-Unis était ouverte.

 C' est le retournement monétariste de 1979 qui marquera le début de la longue descente aux enfers du système financier international, c' est à dire du capitalisme financier. Ce retournement fut motivé par une poussée continuelle de l' inflation à plus de deux chiffres, voire de l' hyper inflation. Cette inflation entravait les visées d' un capitalisme financier vivant de la dette et de l' intérêt de la dette. Il lui fallait pour son expansion inverser la donne et s' attaquer sans répit,à l' ensemble du salaire différé ( état providence) des pays de l' OCDE, tout en procédant à des délocalisations massives de ses industries vers les dits pays émergents4. C' est à dire une mise en concurrence sans frontière de la force de travail par l’investissement direct et la sous-traitance internationale ( exemple les zones économiques spéciales ZES). Tout cela sera formulé dans le fameux consensus de Washington.

 Cette restructuration de l' économie mondiale, via la mondialisation /globalisation allait entraîner des dévalorisations en chaine du capital financier. Dévalorisations qui indiquaient que le système commençait à étouffer sous ses monceaux de dettes spéculatives. Mais ceci n' était que le haut de l' iceberg, les racines de la crise se trouvent au sein même du système économique et de la contradiction entre la valeur d' usage et la valeur d' échange, qui veut que le produit soit médiatisé par l' argent pour devenir une marchandise cycle ( M.A.M marchandise, argent, marchandise).

Seulement le capital financier à son stade hégémonique a déjà rejeté ce cycle, son cycle à lui c' est que l' argent doit rapporter de l' argent comme le poirier des poires . Il va donc évoluer dans le cycle

A, M, A' argent, marchandise, argent et pousser la folie jusqu'à considérer avec la Bourse et les marchés que la richesse c' est A-A' sans tenir compte des réalités économiques qui le dominent en dernier ressort.

La spirale des dévalorisations , allait agir de manière destructrice et envoyer en enfer régulièrement ce capital parasite, spéculatif et étendre au final, dès 2007-2008, son champ d' action vers une crise globale de l' économie mondiale, toujours opérante actuellement.

 Retour sur la dette latino américaine.

 C’est à partir de 1982 date de la première « crise mexicaine »5, que les pays latino-américains gorgés d’emprunts internationaux entrent globalement dans la récession.6 Pendant des années les gouvernements de ces pays ont confondu « accumulation de dettes avec accumulation de capital. » Rapidement ces gouvernements (dictatoriaux ou démocratiques) vont buter sur le dilemme qu’il n’est plus possible d’accroître le revenu disponible au moyen de l’endettement, les banques attendant l’arme au pied le remboursement des intérêts de la dette. Les Etats de ces pays sont donc sommés de procéder rapidement à des coupes claires dans les dépenses nationales, pour dégager les fonds nécessaires au remboursement de la dette, selon la formule adoptée à l’époque, « prêts forcés - remboursement contraints ».

 Tous les Etats et gouvernements vont donc procéder à la grande ponction « citoyenne ». Cinq ans après la dite crise mexicaine, le montant des remboursements des pays latino - américains est impressionnant, une fraction importante des intérêts dus est remboursée. La récession de 1982 - 1983 et la forte dévaluation ( 20% en terme réel entre 1981 et 1985) en a été le prix à payer par les prolétaires. Ces mesures furent doublées d’une hyperinflation, notamment pour l’Argentine (2000 %) et la Bolivie ( 30 000 %) au milieu de l’année 1985.

 A partir de 1987, les banques se rendent à l' évidence, qu'il n' est plus possible d' appliquer la formule de 1982 « prêts forcés - remboursement contraints » sans déclencher des risques politiques graves. Les pays latino-américains entrent dans une récession longue et durable. Il en résultera que

les banques ne vont plus consentir aux pays d’Amérique latine que les crédits nécessaires au maintien des flux de remboursement des intérêts dus. La méfiance règne, et les marchés dés lors considéreront que les pays endettés ne pourront plus rembourser la totalité de la dette .

le Krach historique de 1987 ( 2000 Mds de $ partent en fumée)

La vague de dévalorisation, commence à poindre dès 1983, quand les caisses d' épargnes américaines commencèrent à s' effondrer. Plus de 1600 institutions vont faire faillite, à partir de 1985; les pertes sont évaluées à 500 Mds de $ ( presque la moitié de la dette du tiers monde ).Deux ans après c'est le Krach historique de 1987 ( 2000 Mds de $ partent en fumée). Depuis les dévalorisations financières se sont succédées les unes après les autres comme jamais auparavant dans l’histoire du capitalisme.. Les crises, ( boursières et monétaires) anéantissent régulièrement le capital fictif . Cela tient , nous l' avons vu au début de ce texte, que sous l'hégémonie du capital financier, c' est la sphère de circulation du capital qui devient le pivot des crises.

 En 1994, la crise mexicaine dite « Tequila » éclate, mais restera dans l’ensemble circonscrite à la sphère financière et donc n’a que très peu touché l’économie réelle7 ; le peso dévaluait de 40% et la 8éme banque du Mexique entrait en insolvabilité technique. La crise Tequila fut caractérisée par M Candessus Directeur général du FMI de l' époque comme étant « la première crise d'envergure dans le nouveau monde des marchés financiers globalisés".

 1998-LTCM -Le plus important fonds spéculatif américain en quasi faillite

 Suite au moratoire unilatéral décidé par l’état russe sur sa dette intérieure, LTCM le plus important fond spéculatif américain, se retrouve en quasi-faillite au mois de septembre 1998. La FED ( réserve fédérale des États-Unis) est contrainte d’intervenir afin d’éviter des faillites bancaires en chaîne, 14 banques sont intervenues pour la somme de 3,625 milliards de $. Conséquences vague de licenciement dans plusieurs banques : ING Barings 1200, Merrill lynch 4300 et demain d’autres.

 Avec des rendements spéculatifs de 20% en 1994, 43% en 1995, 41% en 1996 et 17% en 1997, le fonds spéculatif LTCM jouissait d’une telle réputation de « gagneur » que tout le gratin des banques New-yorkaises investissait (même sur leur fortune personnelle) sur cette poule aux œufs d’or. A l’étranger la nouvelle se répandit presque en temps réel, et les banques suisse comme Julius Baer rappliquaient au plus vite, suivit de la Banque d’Italie, de la banque japonaise Sumimoto (4éme mondiale) de la banque de Chine, de l’UBS, du crédit suisse , de la Dresdner Bank, de Paribas, du crédit lyonnais... Tous vont miser des sommes colossales sur le Bourrin LTCM, qui s’est pris les pattes dans les glaces de Russie, 75 banques internationales étaient sur le point de capoter. L' intervention de la FED , saisie de l’affaire , demande un plan d’urgence aux banques occidentales pour sauver le Hedge funds qui touche le fond. Les patrons de 14 institutions financières vont devoir se saigner ( un tout petit peu) pour éviter l’hémorragie, ils injectent au bourrin 3,6 ( milliards de dollars d’hémoglobine).

 La crise dite asiatique

 Cette même année (1997-1998), la crise asiatique va se déployer sur l' ensemble de l' économie et notamment sur l’appareil productif. Le FMI entrera en action et exigera le démantèlement des conglomérats ( chaebols) de la Corée du Sud ; conditionnera ses prêts au pays à la modification du statut de la Banque centrale pour que celle-ci devienne indépendante du

pouvoir politique. Dans les faits, les États-Unis et l’Union européenne venaient d’éliminer un concurrent redoutable, dont ils ont pillé l’industrie en reprenant les entreprises à bas prix, d’autant plus facilement que la monnaie nationale était dévaluée. Contrairement au Mexique qui, dés 1995 reprenait ses exportations, la crise asiatique restera latente. A la fin de l' année 1998 on pouvait faire le constat suivant :

L' Amérique latine et la Russie8 sont sur le fil du rasoir, le Japon plonge une nouvelle fois dans la récession, les Etats-Unis naviguent sur une bulle financière de plus en plus importante. L' Europe semble résister avec un rythme de croissance de 3% bénéficiant du malheur des autres. L' euro va bientôt émerger comme monnaie internationale et entrer en concurrence avec le dollar, le yen, et le yuan. Tous les ingrédients d'une crise majeure de l'économie mondiale sont maintenant réunis, et Michel Camdessus, directeur du FMI, déclarait : «  Je vais sonner le tocsin : il faut se préparer, sans attendre, la prochaine crise » ( Les Echos du 14 septembre 1998.) »

 La crise Argentine les prémices du risque état.

 La prochaine crise va effectivement poindre à un autre niveau: elle va toucher de plein fouet l' Argentine en 2001-2002 et poser la question du risque souverain , l' Argentine n' étant plus en mesure de rembourser ses créanciers. Si dès 1987, les banques commençaient à dire qu’il fallait abandonner l’idée que « Les nations ne faisant pas faillite, les banques n’ont pas à se protéger contre les pertes »9 ,la crise Argentine allait poser ouvertement, la question du risque État, qui frappe actuellement l'Union Européenne mais aussi certains états des états-Unis, ex la Californie.

Les États, qui pour le plus grand bien du capital financier mondial, ont mis en place des politiques d' endettement exponentiel, poursuivent sur la même piste. Ils commencent depuis quelques mois pour financer les mesures anticrise, à lever des emprunts sur les marchés financiers. Des masses d’obligations et de bons du Trésor se déversent actuellement sur les places financières. Ces mêmes places financières exigeant que l’argent rapporte de l’argent, entrer dans l’angoisse dès qu’un État se trouvera en difficulté sur sa dette.

sauvetageEn ce mois de septembre 2011, il n' est plus possible pour les gouvernements de passer sous silence le Krach boursier de la mi août ( 4000 milliards de $ évaporés). La crise grecque apparaît donc comme une crise dans la crise, comme le nœud gordien qui devrait faire éclater les contradictions internes du capital financier international. Les banques françaises et européennes sont particulièrement visées, au point que dans la presse Christine Lagarde fraîchement élue à la tête du FMI exige une recapitalisation des banques européennes, pour que celles ci comptabilisent dans leurs comptes les créances de la Grèce,l'Irlande, le Portugal, l' Italie, l' Espagne, la Belgique . Les titres des quatre principales banques françaises (BNP Paribas, Crédit agricole, Natixis et Société générale) ont perdu, en moyenne, 50% depuis un an et Natixis vient de se faire sortir du CAC 40. La patronne du MEDEF L. Parisot, est montée au créneau pour soutenir les banques françaises contre les exigences du FMI qui se traduiraient par une réduction de 10% à12% des fonds propres des banques européennes. La fin de partie est proche, les états et les banques centrales ont épongés les pertes des banques et ont de ce fait mis en exergue la dette souveraine, qui elle même pose la question de sa restructuration ou de sa banqueroute et avec elle le chapelet des banques créancières :

les françaises 331 milliards d' euros,435 milliards pour les allemandes et 341 milliards pour anglaises. Après les états, les gouvernements vont mettre sur la table un dernier joker, l' intervention des fonds souverains dans la crise. A cet effet les dirigeants des fonds souverains de 25 pays se réuniront à Paris, les 17 et 18 octobre.

Gérard Bad le 20 septembre 2011

 

 

1Karl Marx,Le Capital T. I page 140 édt. Moscou

2Voir Réforme sociale ou révolution ? Petite collection maspero page 23 « L' adaptation du capitalisme »

3« Entre 1870 et 1875, les emprunts furent contractés à Londres pour une valeur de 260 millions de livres sterling - ce qui entraîna immédiatement une croissance rapide des exportations de marchandises anglaises dans les pays d'outre-mer. Bien que ces pays fissent périodiquement faillite, le capital continua à y affluer en masse. A la fin des années 1870, certains pays avaient partiellement ou complètement suspendu le paiement des intérêts : la Turquie, l'Égypte, la Grèce, la Bolivie, Costa-Rica, l'Équa­teur, le Honduras, le Mexique, le Paraguay, Saint-Domingue, le Pérou, l'Uruguay, le Venezuela. ( L 'emprunt international)

4 «si la Chine devient un grand pays manufacturier, je ne vois pas comment la population industrielle de l’Europe saurait soutenir la lutte sans descendre au niveau de ses concurrents» (Le Capital, Editions Sociales, volume I, tome 3, pages 41-42).

5Quand la crise éclate en 1982, on dénombre 550 banques créancières du Mexique ! Pour la Banque mondiale, en prêtant au Mexique, l’enjeu est de garder une influence sur les autorités mexicaines.

6Les ingrédients essentiels de la crise de la dette sont apparus entre 1979 et 1981. Les USA et d’autres pays de l’OCDE ont resserré le crédit et relevé fortement les taux d’intérêt. Ceci a directement accru la dette latino américaine, dont une grande partie était assortie de taux d’intérêts variables. Attirés par des taux d’intérêt plus élevés ou craignant les risques d’instabilité locale, les latino-américains ont transféré leur argent à l’étranger : l’argent des nouveaux prêts est retourné à Miami. La fuite des capitaux a commencé bien avant le véritable déclenchement de la crise ( Le Ramsés 93 p 233)

 

7 « Si la chute ou la montée des cours de ces titres n’a pas de rapport avec le mouvement de la valeur du capital réel qu’ils représentent, la richesse d’une nation est aussi grande avant leur dépréciation ou la hausse de leur valeur qu’après. » ( Le Capital T. III Cap. XXIX page 493 édt. Moscou.) en effet, si le taux de croissance avant et après la crise n’est pas affecté, il n’en résulte pas moins une baisse temporaire de la production pendant dette crise. Si la crise n’avait pas existé la production aurait continué de croître.

 

8-La crise russe de 1998, ne peut être détachée de celle de l’URSS et de la révision semi-pacifique des accords de Yalta accompagnée des « révolutions de couleur ». La Russie comptait rapidement privatiser ses entreprises publiques, en les cédant aux financiers internationaux pour rembourser ses dettes et s'intégrer au marché mondial. Elle comptait sur les IDE de l’occident pour sortir du marasme économique.. La privatisation avortée de la compagnie pétrolière Rosneft, provoqua une plongée de la Bourse de 40%. La crise étant ici limité à la sphère financière, la brèche à été colmaté par le FMI..En août 2006, la russie est en mesure de rembourser par anticipation sa dette envers 18 pays du Club de Paris en versant une première tranche de 23,7 milliards de dollars.

9 Le président de l’époque de la Citicorp : Walter Wriston.

 

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