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11 octobre 2012

L'Allemagne gère la crise par la précarité et la fracture sociale.( extrait d' Echanges N°141 été 2012)

danger_criseComme dans tous les pays, les lois du capitalisme jouent avec plus ou moins de force en fonction de divers facteurs. Le coût du travail en est un souvent cité, bien qu'il n' est pas l'importance que l'on cherche à lui donner au niveau de la concurrence mondiale, surtout dans les pays à haut niveau technologique.

 Pour l' Allemagne le coût du travail était effectivement l' un des plus élevé de l' UE en 2008 dans certains secteurs industriels, notamment l' automobile: il était supérieur de 29% à celui observé en France. Ce qui n' empêchait pas l' Allemagne d' enregistrer les meilleures performances à l' export. Il faut faire tomber ce dogme que les prix des marchandises sont déterminés par les salaires.1

Bien entendu si le patronat peut faire chuter les salaires direct et indirect , c 'est mieux pour lui, mais il y a déjà longtemps que le coût du travail dans la fabrication d' un objet X à été réduit à une infime partie du prix des marchandises. Le Capital fixe est devenu l' élément moteur et déterminant de la production capitaliste dans son ensemble. Cette production est elle même dépendante d' investissements colossaux et donc du capital financier.Que celui-ci s' effondre et c 'est la débâcle. C 'est cet effondrement, et pas le coût du travail qui a engendrer l'importante récession allemande de 2009. En Allemagne il n' y a pas de salaire minimum, une situation quasi unique en Europe.. Le problème allemand est celui de tous les pays hautement industrialisés: comment sauver la valeur travail ? Dans tous les pays de l' OCDE le capitalisme n' a plus à offrir que la précarité, dans un premier temps le partage du travail et le temps partiel, dans un second temps celui de la misère. L' Allemagne est sans doute,comme nous allons essayer de le montrer, le pays de l' UE où ce contraste est le plus net.

 

Dés le début des années 2000, la réforme Hartz avait mis en avant le slogan « Forden und forden » ( promouvoir et exiger). Elle aura pour résultat de promouvoir la baisse des allocations chômage et de ramener le chômeur au niveau de la Sozidlhilfe ( Le RMI allemand). La loi Hartz s' érigea donc comme une loi visant à paupériser les chômeurs. Pour moraliser cette mesure le gouvernement lança une campagne virulente contre les «  Anspruchdenker », les profiteurs du système.

 

Le système des profiteurs capitalistes, va aller plus loin dans ses attaques.

 

Des 2005, les demandeurs d' emploi sont activés pour faire des démarches « positives » deux fois par mois; ils ne pourront plus rejeter un emploi moins bien payé que le précédent, plus éloigné et en dessous de leur qualification au risque de perdre les indemnités de chômage. A ce tableau de chasse est venu s' adjoindre comme en France, la démultiplication des contrats de travail atypiques - deux nouveaux contrats, les mini jobs et les 1 euro-jobs sont mis sur le marché de l' emploi. Au plus fort de la crise, la récession de 2009, l’Etat, les entreprises et les salariés ont été conviés, cogestion oblige, à instaurer le système de chômage partiel pour éviter au pays de passer de la récession à la dépression économique.

 

Mais la mesure ne fut pas suffisante, alors le gouvernement à libéralisé son marché du travail et précipité une part croissante des salariés dans la précarité: absence de salaire minimum, travail à temps partiel, "mini jobs" sans assurance maladie2 ou petit boulots payés 1 euro de l'heure3 . Aujourd’hui, près d’un travailleur allemand sur cinq est « pauvre ».

Salaires: la déflation compétitive

En mai 2011, les statistiques officielles faisaient état de 5 millions de mini-jobs. Plusieurs scandales éclateront en Allemagne mettant en cause des grands groupes accusé de « dumping social » sur les salariés précaires. Le système leur avait offert la possibilité d' utiliser deux ou trois mini -jobs, fiscalement neutres plutôt que d' embaucher un travailleur à plein temps. La chaîne Schlecker, leader des drogueries en Allemagne, fut accusée par le syndicat Verdi de faire du "dumping salarial". L'affaire fit grand bruit à l' époque, obligeant la ministre du Travail, Ursula Van der Leyen, à monter au créneau.( la condamnation de la firme l’a privé de cet avantage concurrentiel et vient d’être mise en faillite, licenciant 15 000 travailleurs)

Les Aufstockers, comme on désigne les actifs àsi bas salaires qu'ils ont besoin des aides sociales de la loi Hartz IV,occupent en général avec moins de 15 heures de labeur par semaine . Leur nombre ne cesse d' augmenter. Le système Hartz censé les inciter à reprendre un emploi, n' a fait que créer cette bulle4. Début 2010 il fut recensé pas moins d' un million d' individus vivant avec ce statut ou plutôt ce nom péjoratif, qui les stigmatise comme des parasites du système, alors qu'ils en sont les victimes.

Si l'on retranche le million d’Aufstockers des bénéficiaires de Hartz, nous trouvons un reliqua de 3,9 millions de chômeurs longue durée; les plus touchés sont les les familles monoparentales et les seniors.

La loi Hartz IV est venue accentuée la descente aux enfers des « Rmistes » allemands par la fusion de l' allocation chômage et de l' aide sociale, la guerre aux pauvres était déclarée. Elle a pris un tour tragique quand trois familles se sont portées partie civile devant la Cour constitutionnelle de Karlsruhe. En février 2010, le tribunal a finalement déclaré la Loi Hartz IV constitutionnelle, tout en demandant au législateur de revaloriser l’allocation de base.5

La loi Hartz IV a cette caractéristique qu'elle n'intervient pas si le demandeur, dispose de plus de 9750€ d' économie, si un époux à encore un salaire … malgré ses restrictions il y a environ sept millions de « Hartz IV » en Allemagne.

La prolifération des formes de travail précaire, ou plutôt d' occupation précaire vise essentiellement à sauver idéologiquement la « valeur travail ». Ce type d' emploi va progresser de 20% entre 1999 et 2009 ( sources le bureau Destatis équivalent à l' INSEE). La récession de 2009 va encourager le patronat allemand à faire un « dumping salarial » qui va choquer les potentats de l' OCDE pourtant promoteurs de la casse sociale.

 

«  En Allemagne, encore plus que dans les autres pays membres, les employés sans emploi fixe sont les principales victimes de la crise » OCDE janvier 2010.

 

L' Allemagne compte 12 millions de pauvres6 sur 82 millions d' habitants; la pauvreté n' est plus une caractéristique de l' ex RDA elle est visible sur l' ensemble du territoire. Comme en France il y a en Allemagne l' équivalent des « restos du coeur », la fréquentation de ces restos progresse au rythme d'un million de demandeur de plus par an. Les soupes populaires, se développent à côté des écoles pour les enfants dont les parents n' arrivent plus à payer la cantine.

La crise sociale est bien visible, même dans les villes . A Berlin un ex quartier classe moyenne industrieuse, Spandau est devenu celui des classes dangereuses paupérisées, le taux de chômage, la criminalité , les suicides, le surendettement sont les plus importants du Land.On compte 1 million d' intérimaire, toujours les premiers virés avec des différences de salaire importante pour un même travail, le boom de l’intérim est de (+134%).

La liquidation du système de retraites

 

Selon Eurostat, c 'est l' Allemagne qui compte dans l' UE le plus de personnes âgées de plus de 65 ans (20,6%); comme en France c'est au nom du sauvetage du système de répartition, que le gouvernement décida en 2007 de réformer le système des retraites, que l' état avait subventionné à hauteur de 80,8 milliards d' euros en 2010.

Depuis le 1er janvier 2012, la réforme voté par le Bundestag en 2007 est entrée en vigueur. L’âge légal de départ à la retraite reste: 63 ans, mais l’âge de la retraite à taux plein automatique (qui annule la décote) va être allongé graduellement d’un, puis de deux mois par an, et passer de 65 à 67 ans d’ici à 2031.

A noter au passage que la réforme française dite loi Fillon prévoit la mise en place de la retraite à 67 ans ( taux plein) dès 2018, ce qui a d' ailleurs choqué les allemands selon le Deutschen Rentenversicherung Bund (L’assurance-pension allemande); l’âge légal de départ à la retraite sera de 67 ans en 2030 et s’appliquera pour les générations nées à partir de 1964.

Toutefois, si les assurés ont cotisé pendant 45 ans, le bénéfice du taux plein interviendra toujours à 65 ans ( à 63 ans si l’on est chômeur).

En règle générale, c’est à 63 ans et demi que les Allemands cessent de travailler, ce qui est possible après 35 ans de cotisation et au prix d’une décote de 0,3% par année. Celle-ci est calculée en fonction de la différence entre l’âge effectif et l’âge légal d’entrée en retraite. Ce qui ne fera qu' accroitre la pauvreté des plus âgés- 660 000 d' entre eux sont contraints pour vivre d' associer leur maigre pension à un Minijobs.

Enfin un boulet semble arrivé conjointement avec la crise, les travailleurs entre 60 et 64 ans ( ils sont 40,5%) à travailler, mais seulement trois quart d' entre eux on un emploi non soumis à des cotisations sociales. Cette bombe à retardement préoccupe, le parti social-démocrate, pourtant l’un des artisans de la réforme( une coalition socialistes et verts). Il réclame qu’elle ne soit mise en œuvre qu’à condition que la proportion de seniors qui cotisent atteigne 50 %.

G. Bad juillet / août 2012

1Voir à ce sujet salaire prix et profit de K. Marx

2- Il faut préciser que certains travailleurs concernés sont couverts par une assurance médicale quand le mini-job est un deuxième emploi, ou parce que l’État prend en charge, mais, effectivement, ni le patron ni le salarié avec ces 400 euros maxi ne payent pour l’assurance maladie.

3 -Précisons que les dénommés « Ein-Euro-Jobs » sont rémunérés aux environs de 1,50 euro.

4-Le système Hartz n’est pas incitatif,à une reprise d'un emploi, il cherche plutôt a maintenir un volant d' individus dans une situation de survie . En effet pour 100€ de salaire, le travailleur perd 20% de ses aides, pour 800€ il en perd 80%.

5 -La Cour a jugé que le mode de calcul retenu violait le droit au "minimum vital digne" garanti par la constitution. De 359 euros par personne, l’allocation minimum a depuis été revalorisée à 374 euros...

6-Est considéré comme pauvre en Allemagne celui qui n' a que 940€ pour vivre

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