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21 décembre 2012

AFRIQUE DU SUDL’extension du mouvement de lutte dans les mines

Extrait de

 

poing_lev_Alors que pour la péde précédente, de nombreux conflits avaient secoué différents secteurs (dont la fonction publique, notamment hospitalière), les grèves dans les mines ne se sont pas étendues en dehors de ces conflits localisés habituels : une grève des routiers sera vite résolue. C’est au moment où les grèves minières se terminent, autant par lassitude que par la misère engendrée, souvent avec des accords mine par mine a minima, qu’un mouvement bien distinct mais tout aussi radical et déterminé éclate chez les travailleurs agricoles. La production agricole est une des mamelles de l’économie sud-africaine, notamment pour l’exportation, et elle repose, tout comme pour les mines, sur la surexploitation de la main-d’oeuvre noire, dans les mêmes conditions de précarité et de vie que dans les townships. Ce n’est donc pas un hasard si les mouvements des plus exploités dans les mines, leur détermination et leur succès bien que tout relatif trouvent un écho et une révolte identiques, bien qu’il ne semble pas y avoir de liens directs entre les deux mouvements. La partie de l’agriculture entre les mains des Blancs est extrêmement concentrée et orientée vers l’exportation dans une intense compétition internationale. La partie se joue pour une industrie entièrement pénétrée par le capital entre la surexploitation de la main-d’œuvre et une mécanisation poussée. Les troubles sociaux constants entraînent d’une part un exode des agriculteurs sud-africains vers des pays africains à main d’œuvre plus facilement exploitable, d’autre part à développer toujours plus la mécanisation, ce qui n’est pas toujours possible ; néanmoins, les effectifs des ouvriers agricoles sont en constante diminution, ils sont passés de 1,1 million en 2004 à 6 ou 700 000 en 2011. Il en résulte une double pression sur ces travailleurs, celle du chômage et celle des conditions d’exploitation. Ces conditions d’exploitation des travailleurs agricoles sont les pires, si c’est possible, du pays. On compte 340 000 « permanents » pour 350 000 saisonniers. Les premiers sont de véritables esclaves, logés sur place avec leur famille dans d’effroyables conditions, et devant, avec un salaire dérisoire, payer pour chaque chose, y compris les fruits qu’ils produisent. Pour la moindre peccadille, ils sont virés et perdent tout. Le sort des seconds est encore moins enviable : leur travail dépend de courtiers en main-d’œuvre, sortes de maîtres d’esclaves, un intérim bien spécifique qui fournit pour une somme globale toute la main-d’œuvre saisonnière d’une ferme en imposant à ceux qui restent ses salariés, l’ensemble des conditions de travail et des salaires. Ceux-ci n’ont aucune « avantage », aucune protection, ils sont véhiculés sur les lointains lieux de travail dans des camions à bestiaux, doivent travailler comme leurs « collègues permanents » jusqu’à seize heures par jour, sept jours sur sept, soumis sans protection à toutes les pollutions d’engrais et de pesticides, empêchés même de se rafraîchir sous la chaleur écrasante. Certains disent que c’est pire que sous l’apartheid. Les salaires sont les plus bas de toute l’Afrique du Sud, de 4 à 7 euros par jour et, malgré l’interdiction légale récente, sont payés pour partie en alcool, suivant de qui était appelé le dop system. Déjà largement insuffisant pour simplement survivre, c’est devenu encore pire avec l’inflation de 10 % sur des produits de base comme l’huile, le sucre, la viande. « Assez, c’est assez. C’est une grève pour les salaires, pour de meilleures conditions de vie, pour des garanties et par-dessus tout, pour la dignité. » Même si l’on peut penser que l’écho des grèves dans les mines a pu jouer un rôle dans le déclenchement de l’action des ouvriers agricoles, on ne peut établir une connexion, pas syndicale bien sûr et pas par proximité : la région du Cap où va éclater la première grève est à près de 1 500 km des régions minières. « L’évidence suggère que les grèves dans trois fermes contiguës, qui ont mobilisé 900 ouvriers agricoles de la vallée de l’Hec, furent complètement spontanées », souligne un journaliste. La grève débute le 27 août, le plus simplement du monde : les nouveaux patrons d’une des fermes de cette vallée veulent un nouveau contrat pour les 300 travailleurs, impliquant une réduction de salaire. Le refus de discuter fait éclater la grève qui s’étend presque immédiatement à deux fermes voisines : la grève touche alors 800 ouvriers agricoles. La revendication principale est un salaire de 15 euros par jour. Devant les refus d’en discuter et certainement avec des menaces et des pressions diverses, la grève d’une part se durcit rapidement, et d’autre part s’étend à toute la région fruitière du Cap. La violence fait davantage penser aux jacqueries d’autrefois qu’aux grèves dans les mines, où elle est défensive lors de la répression violente de manifestations pacifiques. Les ouvriers agricoles en grève non seulement bloquent les routes pour empêcher l’évacuation des produits exportés, mais incendient vignobles, bâtiments, matériel, et se livrent au pillage des magasins alimentaires de proximité. Ils sont rapidement plus de 12 000 en grève dans 16 villes de la province du Cap. La répression est à la hauteur : dirigeants de fermes et police tirent à balles réelles : 2 morts, 42 arrestations et bien plus de blessés. On ne parle guère d’une organisation de la grève mais il semble que des comités de grève aient été constitués. A peine 3 % des ouvriers agricoles sont syndiqués et les patrons ne trouvent guère d’interlocuteurs sur place. Pour tenter d’endiguer la grève, un comité est constitué par en haut, associant les syndicats (Food and Allied Workers’Union lié au Cosatu), des ONG, des autorités religieuses et autres personnages locaux, mais aucun des ouvriers agricoles grévistes ou leurs représentants directs. Cette artificielle Coalition of farmworkers representatives demande aux grévistes de suspendre la grève jusqu ‘au 4 décembre, le temps de laisser au gouvernement le soin de fixer le salaire minimum à 15 euros par jour. Mais cet appel à la reprise reste sans effet et fin novembre, la situation reste confuse. Le secrétaire du syndicat constate lui-même : « Il n’y a aucun espoir pour que la grève finisse bientôt. Notre crainte est que la grève illégale s’étende dans d’autres régions du pays si une solution n’est pas trouvée immédiatement. » Même un représentant des fermiers constate : « Les ouvriers agricoles ne sont pas prêts à se calmer et à accepter les mêmes conditions antérieures d’esclaves. Quelque chose doit changer. » Le 4 décembre, la base du mouvement entend reprendre la grève car rien n’a été obtenu. Le même jour, pour court-circuiter ce mouvement, le Cosatu organise une journée de grève nationale dans l’agriculture. La situation reste très confuse.

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