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1 avril 2013

Dans le monde, une classe en lutte mars 2013

 ECHANGES ET MOUVEMENT, BP 241, 75866 PARIS CEDEX 18,France

Site Internet :http://www.mondialisme.org

Blog: Spartacus 1918

MARS 2013


EGYPTE

Lorsque l’on parle de l’Egypte, il ne faut pas perdre de vue que l’armée est la colonne vertébrale du pays – soutenue et entretenue financièrement par les USA, puissance militaire mais contrôlant aussi près de 50 % de l’activité économique, exploitant dans les entreprises qu’elle contrôle des conscrits quasi gratuitement et sous la férule de la loi militaire. Les dirigeants, aussi bien passés que présents, sont pratiquement tous issus de ce milieu militaire qui, pour ne pas se trouver devant des réactions contestant cette puissance économique, adopte en général un profil bas, évitant de se mettre en avant tant dans les appareils politiques que dans la répression politique et sociale, sauf à se poser en arbitre des conflits. On pourrait penser que les grèves récurrentes sont catastrophiques pour le pays, ce qui nécessiterait des solutions drastiques pour les maîtriser. Mais si le secteur privé et les quelques entreprises nationales en subissent le poids, cette incidence est finalement assez réduite car, outre ce secteur militaire dominant qui n’est pas touché, l’économie souterraine incontrôlée, les principales sources de revenus – sauf le tourisme – pétrole et gaz, trafic du canal de Suez et transferts financiers des émigrés n’ont nullement diminué. Politiquement, trois camps cherchent à conquérir sinon à partager le pouvoir : l’armée et les anciens soutiens de Moubarak (lui-même issu de l’armée), les éléments activistes divers issus du printemps arabe, et les Frères musulmans. Ces derniers, qui ont accédé au pouvoir à travers un habillage démocratique, préservant le pouvoir de l’armée, se sont déconsidérés, comme en Tunisie, faute de résoudre la crise économique et sociale, de contrôler les exactions des extrémistes musulmans et d’évincer les cadres de l’ancien régime dans l’administration et les entreprises. Il est difficile, dans le chaos économique, les grèves et les manifestations qui se répètent, de discerner le rôle de tous ces éléments, par exemple de ce récent noyau des plus radicaux « Black Blocs », qui ont inquiété suffisamment le pouvoir pour qu’il en fasse les cibles d’une répression particulièrement sévère.. Alors que les grèves se poursuivent un peu partout, d’autres milieux sont touchés : le 5 mars en Haute Egypte des centaines de paysans bloquent le réseau routier à cause des carences dans l’approvisionnement en Diesel. Le même jour, dans la banlieue du Caire, des centaines de manifestants incendient la résidence de l’ex-ministre de l’intérieur. C’est pour tenter d’endiguer tous ces « troubles » que cette répression a sévi récemment à propos d’événements datant de plus d’une année dans la zone du Port Saïd, ce qui a déclenché des émeutes dans la zone du canal et jusqu’au Caire. Tout remonte au 1er février 2012 lors d’un match de foot à Port Saïd entre un club du Caire, Al Ahly, et le club local, Al Masry. Ce dernier possède une équipe de fans particulièrement actifs et engagés, « les ultras », qui auraient été impliqués dans les manifestations de la Place Tahrir au Caire, d’où un soupçon de représailles concernant ce qui va suivre. Le match tourne à des affrontements violents entre les supporters des deux clubs et à une panique des assistants, affrontements qui occasionnent 79 morts et plus de 100 blessés. Il apparaît rapidement qu’il y a eu manipulation avec un rôle très ambigu de la police locale (pas de contrôle des billets, pas de fouilles, issues de secours fermées, retrait des flics lorsque les affrontements commencent) ; par contre, une cinquantaine d’arrestations, pour l’essentiel de membres du club local Al Masry, ont lieu. Durant toute l’année 2012, l’agitation continue à Port Saïd, dans l’incertitude du sort réservé aux prisonniers. Le 26 janvier 2013, 21 des supporters de l’équipe locale sont condamnés à mort. Aussitôt, c’est l’émeute : une manifestation devant la prison où sont détenus les condamnés et où des tirs sont échangés laisse 2 flics et 26 manifestants tués ; il est difficile d’en donner la dimension réelle tant les témoignages sont confus et souvent contradictoires. Depuis quelque temps, à l’instar de ce qui se passe dans d’autres villes du delta du Nil, un mouvement de militants d’opposition, dont on connaît mal la dimension, tente de mettre en quelque sorte les villes en autogestion autour d’une campagne de désobéissance civile. Ce mouvement semble se juxtaposer avec les résistances et les affrontements qui se déroulent à Port Saïd. Toujours est-il que les échauffourées se poursuivent avec la police pendant plusieurs jours, laissant 6 tués et des centaines de blessés. L’armée se serait interposée entre les manifestants et les flics tirant sur ces derniers. Après une course poursuite après des flics ayant commis quelque exaction, le commissariat central dans lequel ils se sont réfugiés est incendié et est protégé par l’armée. Les entreprises de la zone du canal sont en grève depuis deux semaines, de même que le port. Mais malgré des tentatives de bloquer le trafic sur le canal de Suez, celui-ci n’a jamais été interrompu car les installations, distinctes du port, sont strictement gardées par l’armée. D’après les informations concernant l’ensemble de ces mouvements, il est difficile de tirer une conclusion quelconque entre le slogan « L’armée et le peuple sont une seule main », l’existence d’une « police populaire », et l’existence d’une « Commune de Paris égyptienne ». Le 8 mars, le gouvernement ordonne le retrait de la police, confiant à la seule armée le « maintien de l’ordre ». Dans le même temps, plusieurs milliers de policiers sont en grève dans 10 des 29 provinces du pays, à la fois pour protester de l’ampleur des tâches qu’on leur confie mais aussi pour se voir attribuer plus de matériel pour faire face à ces tâches. Le 9 mars, un tribunal du Caire (où se tient l’appel du premier procès délocalisé pour éviter des troubles) confirme les 21 condamnations à mort, prononce 28 acquittements et condamne 19 autres à de la prison. À Port Saïd, c’est de nouveau la révolte avec le blocage des ferries et des tentatives avortées de bloquer le canal de Suez ; mais les supporters de l’équipe du Caire n’acceptent pas non plus le verdict et tentent d’incendier un commissariat et le siège de la Fédération égyptienne de football. L’intervention de l’armée et l’éloignement de la police semblent avoir provisoirement ramené le calme dans la région de Port Saïd. Même le mouvement de désobéissance civile aurait perdu toute perspective et serait réduit à un activisme de jeunes militants. Le retrait de la police et le rôle confié à l’armée ont aussi des répercussions au niveau national, dans le bras de fer avec les Frères musulmans, et certains évoquent la possibilité d’un coup d’Etat militaire. D’un autre côté, le procureur général du Caire incite les citoyens à former des milices privées politiques pouvant arrêter toute personne soupçonnée d’un délit ; des « comités populaires » islamistes ont déjà été constitués dans certaines régions d’Egypte pour veiller à la sécurité de la propriété privée.

L’explosion des dernières luttes

Les FrèresMusulmans

 10/3/2013―Mahalla―grèves et manifestations contre le pouvoir aux mains des Frères Musulmans:1 300 usines sont en grèves. D’autres grèves dans le pays contre la pénurie de carburant ( chauffeurs de bus, taxis…)
 22 mars 2013- des manifestations ont été appelées par une vingtaine de partis d’opposition devant les quartiers généraux des Frères Musulmans pour dénoncer la violence dont ces derniers ont fait preuve samedi dernier contre des journalistes devant leur siège et des auteurs de graffiti sur les murs de leur quartier général au Caire. Le siège des Frères Musulmans à Alexandrie a été complètement saccagé par les manifestants. Les meubles, ordinateurs, ont été jetés dans la rue. Des rumeurs disent aussi que le bureau des Frères également à Alexandrie dans la quartier d’Asafra a été brûlé pendant que les affrontements continuent ce vendredi soir à Sidi Gaber, juste en dehors de la zone militaire nord d’Alexandrie et dans la rue Feld Maréchal Ismail ainsi que dans les rues avoisinantes. À Mahalla le siège du parti Justice et liberté (parti des Frères Musulmans) a été brûlé pendant que des affrontements opposent manifestants et Frères Musulmans qui tentent de protéger leur siège à Tanta. Les quartiers généraux des Frères Musulmans auraient été brûlés dans 5 villes pendant que des affrontements ont lieu dans de nombreuses villes.À Zagazig, la maison de Morsi a été encerclé par le mouvement du 6 avril qui appelle les habitants à venir les rejoindre et empêcher la famille de Morsi de rentrer chez elle. Le trafic des trains entre le Caire et la Haute Égypte a été bloqué par des barrages sur la voie à hauteur de Giza, Al Ayat et Al Badrasheen.Au Caire plusieurs marches ont été organisées de différents endroits de la ville, place Nafoura (où ont eu lieu des affrontements), et place Sayeda Aisha par exemple, pour se rejoindre dans la banlieue de Moqattam où est situé le quartier général des Frères. Beaucoup de femmes dans les manifestants. Les manifestants ont brûlé sur leur route le bureau des Frères à El-Manial avant de se rendre à Moqattam, 6 km plus loin. Les Frères Musulmans avaient mobilisé les Frères de tout le pays pour protéger leur quartier général. Quand les manifestants sont arrivés à Moqattam, les jeunesses des Frères Musulmans ont commencé à les attaquer violemment puis se sont réfugiés derrière les 3000 policiers qui protègent le quartier général des Frères Musulmans en scandant “État islamiste”, “Sharia contre l’État séculier” ou “Police et islamistes, front commun” pendant que les manifestants crient “Les Frères ne sont pas des musulmans”. Et toujours “Le peuple veut la chute du régime” ou “À mort Mohamed Badie” (le chef de la confrérie).. Des Frères Musulmans qui ont été capturés par les manifestants sont lynchés, battus violemment par les manifestants, torturés même disent certains, et leurs corps ensanglantés abandonnés sur la chaussée. Des Frères Musulmans ont enfoncé les portes de la mosquée de Moqattam pour s’y réfugier -21 mars, à Port-Saïd des milliers de manifestants ont accompagné pour ses funérailles Salah Abdel Azim assassiné par la police. Les gens chantaient “Le peuple veut la chute du gouvernement” et “Aussi longtemps que le sang égyptien vaudra aussi peu, nous ferons tomber les gouvernements”.À Suez, mercredi 20 mars, la troisième armée de campagne a procédé à l’évacuation de 120 familles qui occupaient illégalement des logements, pendant qu’un groupe de protestataires se rassemblait pour dénoncer la répression d’une manifestation de sans emplois par l’armée la veille mardi. Mercredi toujours, les employés du Sénat au Caire ont manifesté pour dénoncer les appointements supérieurs de 90 membres qui ont des places plus importantes parce qu’ils font partie des Frères Musulmans et leur attitude persécutrice à leur égard.Les résidents de Salloum dans le gouvernorat de Matrouh ont bloqué la route dans la semaine reliant l’Égypte et la Libye pour protester contre les règles imposées par les nouveaux visas de Tripoli. .- Lundi 18 mars aussi a eu lieu une manifestation à Alexandrie en solidarité avec le militant Hassan Mustafa, qui a été condamné à 2 ans de prison sans raison.La contestation se déplace sur le terrain social. lDes milliers de travailleurs de la Société Idéal ont protesté contre le Conseil d’État lundi 18 mars demandant l’annulation de la décision de privatisation de l’entreprise. Idéal était une société d’État jusqu’à sa privatisation en 1997. Les nouveaux propriétaires de l’entreprise ont donné aux travailleurs le choix de continuer à travailler pour eux ou de quitter l’entreprise avec une indemnité de deux mois de salaire pour chaque année travaillée. Mais les travailleurs privatisés ont un salaire mensuel de 900 pouvant être licenciés à tout moment alors que les employés de la société d’État recevaient 1200 . -Dimanche 17 mars, la violence dans différents gouvernorats a été causée par les conditions que le FMI a mis à l’Égypte pour lui donner son aide. Le gouvernement a accentué ses restrictions du gasoil subventionné, ce qui a eu comme conséquence la hausse de son prix au marché noir et rendu la vie des gens de plus en plus difficile. Il y a eu plusieurs dizaines de blessés et 1 tué dans des affrontements à Beni Suef, Qalyubiya et Assiut. Plusieurs automobilistes ont coupé la route entre Beni Suef et Gharbiya. À Qalyubiya, les affrontements ont eu lieu les armes à la main. À Kafr el Sheikh, les manifestants ont bloqué la mairie avec des chaînes. Les paysans à Beheira se disant incapables de payer le gasoil ont attaqué une station pour se servir. Pareil à Daqahliya. La route a été coupée à Hurghada. Des bagarres ont également eu lieu entre automobilistes provoquant la mort de l’un d’entre eux à Giza.Parmi les mesures récemment évoquées pour satisfaire le FMI, il y a le fait de relever de 9000 à 12’000 le plafond de l’exonération d’impôts sur le revenu, l’augmentation des tarifs douaniers sur les produits de luxe ainsi que les taxes sur les alcools, les cigarettes, l’acier et le ciment qui avaient provoqué un soulèvement en décembre et d’autres mesures encore. Outre ces mesures, le gouvernement entend augmenter les prix du carburant, de l’essence et du gasoil, ce qui entraînerait une hausse des prix de 50 % d’après les experts.. Déjà 20 % des Égyptiens vivent avec à peine plus d’un dollar par jour .Mais surtout ce qui inquiète toute l’Égypte ce sont les restrictions ou la hausse annoncée du prix du pain, par l’abandon d’une partie des subventions d’État. Or le pain subventionné est la base de l’alimentation égyptienne. Ce qui rendra la situation hautement explosive dans toute l’Égypte. Tout le monde ayant le souvenir des émeutes du pain en 1977 et 2008. Une première expérimentation devrait avoir lieu dans deux mois à Port-Saïd .Déjà des centaines de boulangers subventionnés ont saccagé pour la deuxième fois ce mardi 19 mars le ministère de l’alimentation pour protester contre les restrictions de gasoil qui font monter les prix en criant “À bas Morsi, à bas Bassem Ouda” (le ministre).

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