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6 octobre 2014

COMMUNISME OU BARBARIE UNE INDUSTRIE CAPITALISTE DE L’HORREUR

 

L’exploitation de la marchandise humaine « migrant »

 Dans le n° 148 d’Echanges nous avions tenté d’expliquer comment dans la période actuelle les pays industrialisés tentaient de se protéger par tous moyens contre ce qu’ils considéraient comme une invasion menaçant leur intégrité politique, économique et sociale. Nous reprenons une approche plus théorique de cette question à l’occasion de révélations sur une nouvelle forme d’organisation des filières de l’émigration

 Le capital ne peut vivre que par l’exploitation de la force de travail c’est-à-dire trouver au moment voulu et dans les conditions requises les êtres humains capables de lui fournir ce qui lui est absolument nécessaire pour sa propre survie. Historiquement et encore aujourd’hui cela signifie qu’il doit déposséder les classes sociales échappant peu ou prou à son emprise pour les contraindre, d’une manière ou d’une autre à venir s’enrôler sur les lieux où se fait cette exploitation de leur force de travail. Schématiquement, il s’agit pour le capital de faire passer tout être lié à l’agriculture de subsistance ou de commerce local (paysans, artisans, ouvriers agricoles) à la condition de prolétaire dans tout secteur d’exploitation de la force de travail, à commencer dans le secteur industriel. Les conditions dans lesquelles s’est fait ce passage ont pu varier au cours de l’Histoire : de la force brutale à une lente progression , mais c’est une évolution qui se poursuit encore aujourd’hui dans les Etats où la pénétration capitaliste est toujours en cours avec des formes renouvelées suivant les circonstances et les nécessités du capital.

 Une forme d’exploitation de la chair humaine se met en place peu à peu dans le monde pour extraire le maximum de profit des migrations humaines, produit par excellence de l’activité capitaliste mondiale.

Ces migrations peuvent être approvisionnées dans le plus simple des cas par la pénétration capitaliste dans des secteurs géographiques peu touchés jusqu’alors, et s’opèrent soit à l’intérieur d’un Etat, soit à l’extérieur vers d’autres Etats supposés plus « accueillants » : de toutes façons elles sont dues :

            .-soit à l’accaparement des terres avec l’éviction des paysans et de tout l’environnement social qui en vit,

  • soit à une « liberté du commerce » qui déverse un flot de marchandises bas prix, ruinant les agricultures, l’artisanat et les industries locales,

  • soit aux conséquences terribles sur les conditions de vie locales de l’évolution dramatique des phénomènes naturels causée par l’expansion incontrôlée et incontrôlable de l’activité industrielle capitaliste

  • soit à des guerres locales conséquences elles aussi des déstabilisations économiques causées par l’intervention des puissances industrielles autour de ressources naturelles

  • soit, paradoxalement par « l’aide humanitaire » aux populations déjà déplacées ou appauvries par l’irruption du capital, cette aide « gratuite » détruisant encore plus les structures locales d’approvisionnement notamment alimentaires et alimentant encore plus la masse des « déplacés ».

 Des millions, des dizaines de millions de ces migrants qui ne savent souvent pas où aller, dépossédés de tout sont des proies faciles pour tous ordres d’exploiteurs qui cherchent à en tirer le maximum de profit. D’une certaine façon, c’est une spéculation capitaliste sur ceux qui n’ont plus rien d’autre que l’espoir d’une survie quelconque et sont prêts à croire dans n’importe quelle promesse d’entrer dans ce paradis qui serait l’exploitation « normale » dans un monde « sécurisé ».

 Un premier stade auquel chacun peut penser est, pour les victimes des guerres diverses comme pour celles des bouleversements climatiques, l’enfermement dans ces camps de réfugiés dont le capital ne sait trop que faire, certains comme en Palestine depuis bientôt près d’un siècle. Ils paraissent être des sortes de réserves pour on ne sait quelle tâche future dans l’intérêt du capital

Un second stade représente ces centaines de milliers voire de millions qui à l’intérieur d’un Etat sont contraints, par l’expansion démographique et/ou l’irruption du capital, de quitter leur misère agricole pour une misère industrielle. Chacun a entendu parler des migrants chinois, les min gongs , beaucoup moins de ceux de l’Inde ou d’autres Etats de moindre dimension

 Une des étapes de ce stade des migrations internes passe par les concentrations urbaines autour des principales villes dans d’incroyables conditions d’insécurité, de précarité et d’hygiène, survivant de petits boulots, sortes de réservoirs de main-d’œuvre d’où chacun tente de s’évader par tous moyens. Ce sont ces migrants qui alimentent pour partie les réseaux qui tentent d’approvisionner le marché humain capitaliste des pays développés. Tous n’ont d’ailleurs pas la possibilité d’aller dans ces réserves de main- d’œuvre que sont les camps de personnes déplacées ou les ghettos des grandes villes et tentent alors d’aller « ailleurs » vers les pôles industriels des Etats dits développés dans lesquels ils voient une sorte « d’eldorado ».

 Dans un troisième stade, les migrants forment ces légions qui partent à l’assaut des innombrables barrières destinées à endiguer le flot continu de ceux qui fuient ainsi leur misère. Chacun peut voir ces images de « clandestins » qui tentent de franchir, individuellement ou en groupes ces murs de natures diverses entre les USA et le Mexique, entre la Grèce et la Turquie, dans l’enclave espagnole de Ceuta, entre Israël et les pays voisins. Chacun peut voir ceux qui tentent de franchir la barrière naturelle des mers. Comme nous l’avons montré dans l’article précédent, le « passage » est rempli de dangers et l’émigrant et totalement entre les mains des « passeurs »

 C’est l’aspect le plus sordide de ce commerce de la marchandise « migrant » car les passeurs évidemment se font payer, on pourrait dire, le prix à la mesure des dangers encourus et de plus, passage non garanti. Le « voyage » peut se faire, tout comme le tourisme, aussi bien en individuel en recourant à des moyens divers approchés au coup par coup : sous couvert de tourisme ou de voyage d’affaire impliquant souvent la corruption d’un agent consulaire ou autre, utilisation d’une filière d’un passeur puis d’un autre pour chaque frontière à traverser, etc..

 Mais ces recours sont réservés au plus fortunés ou à ceux qui ont pu trouver des appuis divers ou qui peuvent encourir individuellement tous les risques possibles. La plupart des migrants doivent passer de cette approche individuelle – l’artisanat pourrait-on dire – à celui des filières organisées de bout en bout comme une sorte d’agence de voyage. Ces filières ne sont pas sans risques mais le financement en est garanti, au prix, de la part du migrant, de sacrifices familiaux ou de « prêts » qui doivent être remboursés (au besoin par une violence sur le migrant ou sa famille restée au pays) lorsque le migrant arrive « à bon port »

Mais cette activité précapitaliste dans ‘industrie du migrant vient de passer au stade industriel dont le but, comme dans tout capitalisme développé et d’extraire de la plus-value par tous moyens. D’une part il s’agit de filières mondiales impliquant des complicités rémunérées depuis l’aval du pays d’origine du migrant jusqu’à l’amont du pays destinataire du « produit » réduit à l’état absolu de marchandise, soit entièrement en chair et en os, soit en partie sous la forme d’organes pour transplantation délivrés dans le pays réceptionnaire, où, d’une manière ou d’une autre lea marchandise migrant finit par arriver. (On est loin du petit commerce des mères porteuses ou des enfants vendus pour adoption)

 Une enquête sur ce qui se passe dans le désert du Sinaï a révélé à quel point ces filières sont puissantes et organisées sur une véritable base capitaliste, l’usine, dernier stade de l’extraction de cette plus-value étant ces chambres de torture, tenues dans ce cas par les Bédouins réduits à la misère par la construction d’un mur dans la frontière entre Israël et l’Egypte leur interdisant la contrebande des marchandises, mais pas celle des êtres humains et :ou de leurs organes vitaux.

 Ces filières trouvent leur matériel partout où il y a des concentrations de migrants, voire aussi des « individuels ». Prenons le début d’une de ces filières dans un camp de « personnes déplacées ». Un des  « pensionnaires » est vendu, par exemple 100 euros, à son insu par un gardien à un premier maillon de la filière, la marchandise migrant croyant au début du voyage vers la Terre Promise. Celui-ci passe ainsi successivement entre les mains de différents revendeurs pour chaque passage de frontière, prenant chaque fois un peu plus de valeur. Lorsqu’il parvient dans le Sinaï, son prix a centuplé et il vaut 10 000 euros qu’il s’agit de récupérer par tous moyens.

Comme le migrant n’a pas un sou vaillant, c’est la famille qui doit cracher. La torture est le moyen privilégié. Le raffinement de ces tortures bénéficie de toutes les avancées modernes des techniques de communication. Un portable filme les séances de tortures et un autre portable remis à la famille lui permet de voir en direct et en temps réel le supplice de leur proche. Ces tortures sont de plus en plus sévères allant jusqu’à l’ablation de doigts par exemple. Si la famille cède, la torture cesse et la marchandise est livrée – abandonnées en fait- de l’autre côté de la frontière dans une totale insécurité. L’argent est remis sur place à un intermédiaire et acheminé aux destinataires par des filières clandestines passant par des pays européens. Un effet secondaire dévastateur fait que souvent les familles, pour réunir l’argent ont dû liquider tous leurs biens , sont réduits à la misère, ce qui désorganise les structures locales et fabrique encore plus da candidats au voyage migrant.

 Ce migrant qui finit par passer la frontière est un chanceux. Car, si la famille ou n’existe guère ou est tout autant impécunieux, le migrant malchanceux finit pas mourir sous la torture. Il n’est pas pour autant une marchandise perdue .Un médecin israélien passe la frontière avec une valise frigorifique pour prendre livraison, moyennant finance bien sûr, de tous les organes pouvant être transplantés. C’est ainsi que, d’une manière ou d’une autre, la marchandise migrant finit par atteindre le terme du voyage ayant craché toute sa valeur. La chaîne industrielle est parfaite et particulièrement rémunératrice. On évalue que, rien que pour cette filière israélienne, en 2013, plus de 50 000 migrants ont été « pris en charge » sur lesquels plus de 10 000 auraient « disparu » c’est à dire passé la ligne en pièces détachées.

Bien sûr, comme dans toute industrie il y a des commanditaires. Pour cette filière seule, un général somalien en serait la tête mais il ne serait que les prêts noms du président somalien et l’argent collecté servirait pour partie à renflouer les finances locales. En 2013, ce seul trafic aurait rapporté 600 millions d’euros. Inutile de dire que ce trafic est difficile à éradiquer car la corruption officielle et/ou clandestine règne à tous les étages du processus. De plus, ce type d’industrie attire les investisseurs en ce sens que des filières identiques se mettent en place ailleurs : les maisons de torture auraient essaimé en Lybie, au Soudan et au Yémen et elles peuvent se multiplier ailleurs, y compris à la frontière Mexique-Etats-Unis tant la rationalité du capital exige son expansion dans les secteurs qui apparaissent plus rentables

Henri Simon

 

 

 

 

 

 

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