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21 octobre 2015

L’Inde, de l’Empire britannique au capitalisme d’Etat

Ce texte est paru dans Echanges n°122, avec Les tentatives d’insertion de l’Inde dans le capitalisme mondial.

 L’Inde est sortie du système de domination capitaliste colonial avec l’« indépendance » en 1947. La classe bourgeoise dominante devait alors assumer un développement économique capitaliste dans un cadre national, développement obéré par le legs du colonialisme. On pourrait faire une comparaison à ce sujet avec la Chine qui accéda à cette « indépendance » trois ans plus tard dans un pays ravagé par des décennies de guerre mais qui, dans son cadre national a réussi à se hisser à un niveau économique bien supérieur à celui de l’Inde.

 Sur le plan politique, le même legs colonialiste exploitant les divisions pour mieux dominer faisait que l’Inde héritait d’une hétérogénéité de territoires qui avaient été, les uns sous gouvernement direct britannique, les autres des Etats princiers sous tutelle. Même rassemblé en une fédération de 28 Etats et 7 territoires, ce patchwork n’a jusqu’à aujourd’hui pas réussi à réaliser une unification réelle : cette structure révèle une grande disparité et la persistance de grandes inégalités sociales dont le maintien du système des castes n’est qu’un des aspects. Cette situation a fait que l’Inde a été constamment secouée par des conflits sanglants, ouverts ou larvés, qui ont joué un rôle non négligeable dans le retard du développement économique, masquant souvent la lutte de classe.

 Sur le plan économique, la puissance coloniale - l’Angleterre - avait amorcé un certain développement agricole et industriel, mais spécifiquement orienté en fonction de besoins de la « métropole ». Si des travaux avaient été entrepris pour l’irrigation,
l’« encouragement » colonial avait visé essentiellement la production de thé et de jute : les famines récurrentes dues autant aux incertitudes du temps qu’à la surpopulation des campagnes montraient que rien n’avait été fait même pour une subsistance minimale, un problème qui se posera d’emblée au nouvel Etat indien. Quant à l’industrie, si elle avait connu un développement au-delà des traditionnelles industries coloniales, alimentaire et textile, c’était surtout dû aux deux guerres mondiales au cours desquelles la métropole, plus ou moins coupée de sa colonie, avait dû improviser sur place des industries de base, notamment métallurgiques, pour approvisionner ses armées d’Orient.

 Lors de l’« indépendance », l’Inde pouvait prétendre ainsi être la dixième puissance mondiale (bien que représentant 4 % du PIB mondial pour 14 % de la population de la planète), mais c’était un trompe-l’œil, le principal et crucial problème pour le nouvel Etat national, en proie aux difficultés politiques et sociales déjà mentionnées, étant qu’une population agricole excédentaire alimentant un important exode rural ne pouvait être absorbée par le faible développement industriel.

 Comme tous les Etats nationaux devant se faire une place dans le monde capitaliste déjà dominé par quelques grandes puissances économiques, le développement capitaliste à l’intérieur des frontières nationales ne pouvait se faire que sous la forme d’une variante capitaliste d’Etat, seule forme économique permettant dans cette circonstance de réaliser l’accumulation primitive, transformant la surpopulation agricole en prolétariat industriel. Ce développement, sous l’égide du nouvel Etat et d’une classe dominante nationale en formation, prit la forme d’une planification impliquant un important investissement de l’Etat indien. Plusieurs plans quinquennaux (le modèle russe) se succédèrent ainsi à partir de 1951 autour de quelques nationalisations (aviation, assurances) et du développement d’un secteur étatique de base (aciéries, armement, énergies hydraulique, thermique et nucléaire, chimie) parallèlement à un secteur privé, dans une sorte d’économie mixte. Aucun secteur n’était monopolistique mais en 1970, le secteur public assurait 40 % de la production industrielle (8 % en 1961) et l’Etat indien imposait un contrôle des prix.

 Comme sous tous les systèmes capitalistes d’Etat, l’impéritie des gouvernements et la corruption d’un appareil bureaucratique jointes à la pression indirecte et directe du capital international firent qu’après une certaine fuite en avant (avec de nouvelles nationalisations, un contrôle renforcé de l’économie et notamment la limitation des investissements étrangers), l’état global catastrophique de l’économie indienne contraignit au recours en 1991 à l’intervention du FMI et de la Banque mondiale qui imposèrent l’ouverture au « marché libre » et la fin progressive de tous les contrôles étatiques. Cela coïncidait avec la chute du système soviétique qui avait été quelque peu le modèle et le soutien de l’Inde engagée dans la politique du « non-alignement ».

 HS

 

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