INFOBREF N°456-Les nouvelles technologies,contrat de travail, chômage et surnuméraires.
INFOBREF N°456
4-Les nouvelles technologies,contrat de travail, chômage et surnuméraires.
5-L'OST du XXI éme siècle et le salariat
La colonisation du secteur informel
La dite révolution numérique ou si l'on préfère la « révolution 4.0 » est en passe de provoquer un choc dans la gestion du mode de production capitalisme et de facto dans toute sa superstructure. Le MPC ne pouvant se développer que si la masse de plus value s' accroît , et elle ne s’accroît que pour compenser la baisse tendancielle du taux de profit. Seulement il n' est pas impossible qu'à un certain stade de son développement le capitalisme ne parvienne plus à compenser la baisse du taux de profit par sa masse. C' est la grande question qui intéresse les marxistes et même des non marxistes. Plus le filet se resserre autours de la masse de profit et plus la concurrence devient acharnée entre secteurs capitalistes plus ou moins modernisés. Les TIC se présentent actuellement comme le grand bol d'air qui permettrait au capitalisme de poursuivre son accumulation, en réduisant les faux frais engendrés par la gestion du capital financier et les services publics cette gestion pouvant être faite, avantageusement par le consommateur lui même ce que Ivan Illich définissait dans son livre Le travail Fantôme comme une « colonisation du secteur informel » et une « modernisation de la pauvreté » ( ce qui est déjà le cas dans de nombreux secteurs de l' économie capitaliste).
La question est de savoir, si le capitalisme est en mesure une nouvelle foi de surmonter la contradiction entre les forces productives et les rapports de production. C' est en tout cas la question que pose Suzanne Berger.
« Un troisième point d’interrogation me semble tout à fait justifié : c’est la question de savoir si le progrès technologique actuel se traduira par la création de nouveaux emplois ou non. Par le passé, on criait souvent au loup en voyant venir des technologies nouvelles, craignant la montée du chômage. Chaque fois, ces inquiétudes se sont dissipées devant l’apparition d’activités et d’emplois nouveaux, jusqu’alors inimaginables. Mais on peut effectivement se demander si, cette fois-ci, les nouvelles technologies ne seront pas moins créatrices d’emplois – et si ce phénomène, combiné avec les nouvelles possibilités de délocaliser, va se traduire par la montée durable du chômage et par la déqualification du travail. (Suzanne Berger1 (http://www.laviedesidees.fr/Made-all-over-les-delocalisations.html
Quelle signification doit on donner au « travail du consommateur » ou plus exactement à ce moment où l' acte de consommation équivaut à du travail gratuit (base de l' enrichissement capitaliste). Cependant cette relation directe entre le produit et son usage engendre la perte de la valeur d' échange ( toujours médiatisée par l' argent). Nous sommes là tout proche de la revendication « De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins » . Si une partie de l' économie peut fonctionner en « co-création » il n' est pas étonnant que le capitalisme lui-même pronostic la fin du salariat ou son au-delà des contradictions de classe enfin résolue. Seulement cette cocréation est en régime capitaliste facteur de précarisation et de laissés pour compte, de surnuméraires , facteurs de révolution prolétarienne ou d' anéantissement physique.
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Illustration
Dans un article La numérisation facteur d’exclusion pour ceux qui cumulent précarité sociale et numérique
Emmaüs pose la question suivante :
« Parce qu’en 2016 la dématérialisation des services publics fait d’Internet un passage obligé pour accéder à ses droits et à sa citoyenneté, ces publics en difficulté affluent déjà vers les guichets d’aide sociale. Ils viennent chercher de l’aide pour s’inscrire aux services de la protection sociale ou pour actualiser leurs droits. Les effectifs étant insuffisants pour traiter ces demandes croissantes d’accompagnement, ils sont redirigés vers les associations de solidarité et auprès des professionnels de l’accompagnement social.
Une étude conduite en 2015 par Emmaüs Connect montre que l’action sociale subit de plein fouet la dématérialisation totale de services de première nécessité : 75 % des professionnels interrogés par l’association sont contraints à faire les démarches « à la place de » la personne qu’ils accompagnent. Pourtant, seuls 10 % d’entre eux déclarent être formés pour accomplir cette tâche. Les acteurs de la solidarité signalent que les équipes de bénévoles sont confrontées aux mêmes demandes, et au même manque de cadre et de solutions pour y répondre sereinement.
Pourtant, pour accompagner ces publics fragilisés par la dématérialisation, il existe de nombreuses initiatives publiques et associatives, portées par les acteurs de la solidarité ou de la médiation numérique. Ils sont, malgré leur engagement indéfectible, atomisés sur les territoires et dépendants de financements insuffisants. Au final, leurs réponses sont sans commune mesure avec la masse des personnes concernées par la précarité numérique et donc potentiellement en rupture de droits. »
En résumé, ceux qui n' auront la possibilité d' utiliser l' internet se trouveront en marge de la société. « La révolution 4.0 » est mise en avant afin de justifier la déréglementation complète des conquêtes ouvrières.
La numérisation et le chantage à l' emploi.
Je prend comme exemple le secteur de l' assurance, mais d' autres secteurs sont dans la même galère, notamment tout le secteur public (éducation,SNCF,les mairies....)
C'est actuellement à haute voix que les tenants du capitalisme numérisé nous préparent à l' Armaguédon du travail salarié, quelques exemples de cette arrogance :
extraits de l' Argus de l' assurance
« L’année passée, Allianz a envoyé par la poste 100 millions de lettres, uniquement en Allemagne. Cette forme de communication appartient désormais au passé, a insisté Oliver Bäte. Le processus de digitalisation imposera également des suppressions de postes, a reconnu le président d’Allianz. Une franc-parler sur le plan de l'optimisation des frais généraux que l'on retrouve chez Talanx et Generali. L’assureur prévoit notamment de supprimer tous les emplois de représentants dans les bureaux de poste. « Ce serait malhonnête de ne pas le dire clairement », estime Oliver Bäte.
Pour mettre en œuvre cette révolution digitale, Allianz compte créer à Munich un premier « laboratoire » chargé de tester et d'expérimenter les processus de numérisation. D’autres laboratoires test seront également installés dans d’autres pays.
Pour faire face aux nouveaux défis de la numérisation, Generali annonce la suppression de 1000 postes en Allemagne tandis que Talanx, troisième assureur allemand entreprend d'en supprimer plus de 600 d'ici à 2020.
Generali et Talanx restructurent dans le cadre de l'automatisation des processThinkstock
Les assureurs allemands ont enfin compris que leurs clients souhaitaient désormais souscrire leur contrat ou déclarer un sinistre sur internet. Mais ils ont pris la révolution en marche et tentent aujourd'hui péniblement de suivre le rythme avec de lourdes restructurations.
Ainsi, le groupe italien Generali, numéro 4 sur le marché allemand, vient d’annoncer la suppression de 1000 postes (7,4% de ses effectifs en Allemagne) pour faire face aux nouveaux défis de la numérisation. Generali s’est déjà lancé dans sa reconversion numérique en proposant une assurance basée sur le comportement des conducteurs automobiles avec la transmission des données du client via des systèmes de télématiques embarquées.
Talanx et Generali : même combat
Même stratégie chez Talanx. Le troisième assureur allemand (groupe qui comprend le réassureur Hannover Re) vient d’annoncer que les 600 suppressions de postes prévues jusqu'en 2020 (12% de ses effectifs) et annoncés en novembre ne seront « pas suffisants ». « Il en faudra plus », a confirmé à la presse Jan Wicke, membre du directoire de Talanx.
La réduction des effectifs est inévitable pour lancer la transition numérique, estime l’assureur. Jan Wicke veut investir au moins 350 M€ dans la modernisation et l’automatisation du système informatique. « Les procédures doivent être raccourcies, les services aux clients améliorés et nos coûts seront ainsi réduits », a ajouté Herbert Hass, le président de Talanx Allemagne. « La distribution des produits sur le net va encore progresser », pronostique Jan Wicke.
Automatiser 90 % des souscriptions d'ici 2020
D’ici la fin de l’année, l’assureur veut proposer 80% de ses produits assurance voitures en procédure automatique sur Internet et en « relation directe avec les constructeurs ». Pour le dommage, le groupe s’est donné l’objectif d’automatiser 90% des souscriptions d’ici 2020. Quant à la Vie, Talanx a déjà annoncé l’abandon du secteur en raison de la faiblesse persistante des taux d’intérêt. »
Les surnuméraires
Nous voilà donc arrivé au stade où le capitalisme se trouve contraint de nourrir ses esclaves au lieu de se faire nourrir par eux2, le stade où la production capitaliste n' est que production de surnuméraires, production non seulement de l' armée industrielle de réserve, mais production d'une surpopulation relative3 telle que Marx la définissait dans le Tome 1 du Capital XXV chapitre. Cette surpopulation relative et inemployable est sacrifiée régulièrement sur l' autel de la productivité.
Quand les candidats à l' élection présidentielle prétendent sortir les français du bourbier de la précarité et des petits boulots grâce à la Recherche et Développement (RetD), ils mentent, pour la bonne et simple raison que tout accroissement de la productivité signifie une économie de force de travail humaine, afin d' affronter la concurrence , concurrence qui chante la même chanson à ses prolétaires. Cette concurrence entre capitalistes est de savoir qui va licencier le plus de travailleurs.
« L’idéal suprême de la production capitaliste est – en même temps qu’elle augmente de manière relative le produit net – de diminuer autant que possible le nombre de ceux qui vivent du salaire et d’augmenter le plus possible le nombre de ceux qui vivent du produit net. » (Marx, Chapitre inédit du Capital, 10/18, p. 245)
Cet idéal, les capitalistes pensent l' avoir trouvé grâce au déploiement planétaire de la numérisation, ils sont si persuadés que la co-création va les libérer du poids du travail salariés qu'ils attaquent celui-ci dans ses fondements juridiques (loi El Khomri et rapport Badinter) . Ils cherchent parallèlement une porte de sortie à cette dangereuse situation. Dans un premier temps ils nous ont fait la promotion de la sécurité sociale professionnelle relayé, il faut s' en souvenir, par les partisans dans la CGT du syndicalisme rassemblé. La mayonnaise n' ayant pas pris, ils mettent un deuxième fer au feu le revenu universel et ce qui va de paire la retraite universelle. Ceci démontre que le système n' a plus rien à nous vendre que la précarité. Il vaudra revenir plus en détail sur ce projet de revenu universel qui s' appui sur l' article 25 de la déclaration des droits de l' homme de 1948.
Gérard Bad
Notes
1Suzanne Berger est professeur de sciences politiques au Massachusetts Institute of Technology de Cambridge (Etats-Unis). Elle a notamment publié en français Notre première mondialisation. Leçons d’un échec oublié, Paris, La République des Idées / Seuil, 2003.
2Elle ne peut plus régner, parce qu'elle est incapable d'assurer l'existence de son esclave dans le cadre de son esclavage, parce qu'elle est obligée de le laisser déchoir au point de devoir le nourrir au lieu de se faire nourrir par lui. La société ne peut plus vivre sous sa domination, ce qui revient à dire que l'existence de la bourgeoisie n'est plus compatible avec celle de la société. K.Marx , le manifeste communiste.
3 A noter que cette surpopulation n’est excédentaire que relativement aux exigences et aux opportunités de l’accumulation capitaliste.
Quelques citations
« Un pays est d’autant plus riche que sa population productive est plus réduite par rapport au produit total ; tout comme pour le capitaliste individuel, moins il a besoin de travailleurs pour produire le même surplus, tant mieux pour lui. Le pays est d’autant plus riche que la population productive est réduite par rapport à l’improductive, à production égale. Car le chiffre relativement faible de la population productive ne serait alors qu’une façon d’exprimer le degré relatif de la productivité du travail. » (Marx, Théories sur la plus-value, Éditions Sociales, Tome I, p. 254)
« la guerre industrielle des capitalistes entre eux; cette guerre a ceci de particulier que les batailles y sont moins gagnées par le recrutement que par le congédiement de l'armée ouvrière. Les généraux, les capitalistes, rivalisent entre eux à qui pourra licencier le plus de soldats d'industrie. » (Travail salarié et Capital, K.Marx, chap V)
" Un développement des forces productives qui réduirait le nombre absolu des ouvriers, c’est-à-dire permettrait en fait à la nation toute entière de mener à bien en un laps de temps moindre sa production totale, amènerait une révolution, parce qu’il mettrait la majorité de la population hors circuit " (Le Capital, t.3, p. 279).
« Si toute la classe des salariés était anéantie par le machinisme, quelle chose effroyable pour le capital qui, sans travail salarié, cesse d'être du capital! » (Travail salarié et Capital, K.Marx, chap V)
« Au fur et à mesure, enfin, que les capitalistes sont contraints par le mouvement décrit plus haut d'exploiter à une échelle plus grande les moyens de production gigantesques déjà existants, et, dans ce but, de mettre en action tous les ressorts du crédit, les tremblements de terre industriels—au cours desquels le monde commercial ne se maintient qu'en sacrifiant aux dieux des Enfers une partie de la richesse, des produits et même des forces de production —deviennent plus nombreux, en un mot, les crises augmentent. Elles deviennent de plus en plus fréquentes et de plus en plus violentes déjà du fait que, au fur et à mesure que la masse des produits et, par conséquent, le besoin de marchés élargis s'accroissent, le marché mondial se rétrécit de plus en plus et qu'il reste de moins en moins de marchés à exploiter, car chaque crise antérieure a soumis au commerce mondial un marché non conquis jusque-là ou exploité de façon encore superficielle par le commerce. Mais le capital ne vit pas seulement du travail. Maître à la fois distingué et barbare, il entraîne dans sa tombe les cadavres de ses esclaves, des hécatombes entières d'ouvriers qui sombrent dans les crises.
Ainsi, nous voyons que lorsque le capital s'accroît rapidement, la concurrence entre les ouvriers s'accroît de manière infiniment plus rapide, c'est-à-dire que les moyens d'occupation, les moyens de subsistance pour la classe ouvrière diminuent proportionnellement d'autant plus et que, néanmoins, l'accroissement rapide du capital est la condition la plus favorable pour le travail salarié. » (Travail salarié et Capital, K.Marx, chap V)
Par Julien Varlin (17 septembre 2016)
Toute une série d’articles de presse reprennent régulièrement ce thème vendeur des « robots tueurs d’emplois » : « Les robots, le chômage et les emplois de 2030 » (France Info, 10/05/2015), « Robots au travail : 3 millions d’emplois menacés en France d’ici 2025 » (La Voix du Nord, 25/05/2016)… En même temps, d’autres vont insister sur les nouveaux emplois créés (ingénieur-e-s, technicien-nes…) et soutenir qu’il n’y a pas de crainte à avoir : « Des centaines de milliers d’emplois créés par la robotique » (Monster, 16/04/2015), « La vérité sur les robots destructeurs d’emplois » (Slate, 06/06/2016).
Ce que l’on dit aujourd’hui des robots n’a rien de nouveau, on l’a dit des ordinateurs et plus généralement des machines, dès les débuts de l’économie capitaliste. C’est d’ailleurs le principal argument de ceux qui assurent qu’il n’y a pas de conséquence sur l’emploi : sur le long terme, regardez donc, il n’y a pas de « fin du travail ». En dehors de ce constat plus ou moins vrai empiriquement, peu d’explications sont apportées. Ici on va évoquer la « destruction créatrice » de Schumpeter, là on va se permettre de transposer la loi de Lavoisier « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme »…
Dans le Capital, Karl Marx réfutait déjà (1867) la « théorie de la compensation » de ces « économistes bourgeois [qui] soutiennent qu’en déplaçant des ouvriers engagés, la machine dégage par ce fait même un capital destiné à les employer de nouveau à une autre occupation quelconque ». Soyons clairs : à niveau de production égal, les machines et l’automatisation diminuent bien le temps de travail nécessaire en augmentant la productivité, c’est précisément pour cela que les entreprises les introduisent.
Si nous n’assistons pas à une augmentation linéaire du chômage depuis deux siècles, c’est parce qu’il y a un autre facteur qui contrebalance la productivité : la croissance. Pour le dire simplement : on ne s’est pas contenté de produire toujours plus efficacement les objets que l’on produisait déjà au 19e siècle, on a créé d’innombrables nouveaux secteurs, à un rythme plus ou moins soutenu (taux de croissance). Décortiquer ce moteur capricieux qu’est la croissance capitaliste, c’était justement la tâche que Marx se donnait dans le Capital.
La croissance a certainement des conséquences positives en mettant à disposition des biens utiles pour la population. De ce point de vue, certains biens manquent encore cruellement à des milliards d'êtres humains (logement avec eau courante, électricité et chauffage central, congés payés, nourriture suffisante et saine, transports, moyens de transports et soins de santé accessibles...). Simultanément, la croissance est déséquilibrée et inégalitaire, conduit dans les pays riches à un consumérisme aliénant, et impose un coût écologique non soutenable en termes de consommation d'énergie et production de déchets.
Faire l’impasse sur cette dimension spécifiquement économique débouche à coup sûr sur des explications techniques réductrices, comme croire que c’était la chaîne de production fordiste qui créait des emplois (ce qui a été dit et répété au sujet des années 1920, des « 30 glorieuses »…). Quoi qu’il en soit, même si elle n’offre pas d’explication globale, dans une période de stagnation durable comme les années 1930, ou comme l’époque actuelle, l’équation « automatisation = chômage » est relativement correcte.
Par ailleurs, on pourrait tout à fait imaginer que l’automatisation conduise à travailler tou-te-s et travailler moins. Dans les années 1970, un collectif détaillait comment on pourrait « travailler 2h par jour ». On voit pourtant à quel point nous en sommes toujours loin. La logique de profit maximal conduit plutôt les capitalistes à se débarrasser des salarié-e-s « excédentaires » et à continuer de faire travailler les autres autant (voire leur demander davantage). On voit là encore que l’impact social de l’automatisation dépend du système économique dans lequel elle se développe.
Comme unique moyen d’éviter une crise sociale majeure, les politiciens prient sans cesse pour le retour de la croissance, et dès qu’ils en ont l’occasion ils y sacrifient nos intérêts (compression des salaires, flexibilisation / précarisation…). Par ailleurs, même au ralenti, la croissance incontrôlée du capitalisme dans certains secteurs suffit à nuire aux écosystèmes et à empêcher tout ralentissement sérieux de l’effet de serre.
Certain-e-s parlent de privilégier les secteurs les plus gourmands en main d’œuvre, par exemple la petite industrie au lieu de la grande, au nom de la « sauvegarde de l’emploi ». On peut remettre en question certaines industries (nucléaire, pétrolière…) pour de bonnes raisons, mais ce serait une impasse et une voie bien peu souhaitable que de chercher par principe à abaisser la productivité.
Partant de ce constat, beaucoup en viennent à penser qu’il faut un changement social, pour ne pas subir la raréfaction des emplois, mais au contraire en profiter. Ainsi, beaucoup des défenseur-ses du revenu de base inconditionnel s’appuient sur la robotisation pour déduire la nécessité d’une redistribution des fruits de la technologie, ce qui est une préoccupation juste.
D’un point de vue marxiste, ce n’est pas seulement au niveau de la distribution des richesses qu’il faut poser la question, mais au niveau de leur production. C’est-à-dire se réapproprier les moyens de production. C’est la condition pour pouvoir sortir des équations piégées du capitalisme (croissance ou chômage, machines ou emplois), laisser les robots voler les emplois que nous voulons leur laisser, et maîtriser démocratiquement l’économie : assurer un revenu universel, réduire fortement le temps de travail en mettant fin au chômage, décider de ce qui est produit, des secteurs qui doivent croître ou qui doivent décroître...