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6 février 2017

INFOBREF N°476-Chine, Bolivie,retraite universelle et digital

INFOBREF N°476

Le prix du baril plombé par des craintes d’un regain du pétrole de schiste US

18 janvier 2017-Le prix du baril a nettement chuté mercredi à New-York, les investisseurs redoutant un regain massif de la production américaine de pétrole de schiste. Une telle situation rendrait en effet de facto inutiles les efforts déployés par l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et ses partenaires pour réduire sa production.

Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le prix du baril de « light sweet crude » (WTI) a ainsi reculé de 1,40 dollar à 51,08 dollars sur le contrat pour livraison en février.

Les marchés auront en grande partie réagi aux déclarations du directeur de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) indiquant que la production de pétrole de schiste allait être revigorée par le niveau plus élevé des cours. Les analystes estiment en effet qu’à un niveau de 56 ou de 57 dollars le baril, la production de bon nombre de gisements US devient nettement intéressante. Un seuil atteint par le cours du brut la semaine dernière à Londres, le prix du baril s’en approchant parallèlement à New York.

La conclusion par l’Opep d’accords de réduction de la production en partenariat avec d’autres pays producteurs – dont notamment la Russie – a engendré un rebond des prix fin 2016. Les mesures prises auront a permis au baril de repasser au dessus des 50 dollars.

Reste que les Etats-Unis ne sont pas signataires de l’entente, de ce fait, les opérateurs privés qui extraient du pétrole de schiste sont libres de profiter de la hausse des prix pour relancer une production de pétrole de schiste plus onéreuse.

Dans ses estimations publiées mardi, le département américain de l’Energie (DoE) lui-même anticipe d’ores et déjà un rebond de la production de pétrole pour le mois de février en ce qui concerne les régions des Etats-Unis les plus dynamiques pour la production de pétrole et notamment de pétrole de schiste.

Sources : AFP, Nymex

Elisabeth Studer – 18 janvier 2017 – www.leblogfinance.com



Le pétrole, 1ère source d'énergie dans le monde, satisfait 32,57 % des besoins énergétiques et reste la source d'énergie la plus utilisée dans les transports et la pétrochimie, mais ne représente que 4,6 % de l'électricité mondiale. La consommation mondiale de pétrole représente 97,4 millions de barils par jour (mbj) en 2017 (dont 57 mbj par les pays hors OPEP), soit l'équivalent de 1.127 barils ou 179.000 litres par seconde.  

 

De la Chine à la Bolivie, les forçats du charbon triment toujours

15 septembre 2016,

Chercheur au Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines, Université de Versailles Saint-Quentin en Yvelines – Université Paris-Saclay

Déclaration d’intérêts

Diana Cooper-Richet ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son poste universitaire.

Une équipe de secouristes intervenant en 2008 à Xiaoyi après une explosion dans une mine.

En France, où l’extraction du charbon s’est arrêtée en avril 2004 avec la dernière descente à la Houve en Lorraine, le charbon fait encore et toujours parler de lui, comme ailleurs dans le monde.

N’a-t-on pas découvert, il y a quelques années, entre les villages de Cossaye et de Lucenay-les-Aix (Nièvre), dans le prolongement de l’ancien bassin de La Machine, le plus grand gisement d’Europe ? En 2009, le gouvernement et son ministre de l’Environnement Jean-Louis Borloo ont dit non au projet d’exploitation de ces 250 000 millions de tonnes de houille.

En 2014 la proposition faite, par une société australienne, pour transformer ce charbon en gaz, n’a pas été retenue non plus. Il n’en reste pas moins que nombre de locaux craignent l’éventuelle mise en route d’un gigantesque chantier dans la région.

Quand le sol se dérobe

Conscients des ravages qu’une exploitation minière peut causer sur le cadre naturel et le bâti, ils redoutent sans doute de voir, comme dans le Pas-de-Calais, à Auboué et à Moyeuvre Grande en Lorraine ou à Noyant d’Allier, leurs maisons se fissurer, voire s’affaisser sous l’effet des vides laissés par l’extraction de l’or noir dans lesquels l’eau s’est infiltrée.

Aujourd’hui, en Chine, des villes entières sont menacées. Après trente ans d’exploitation dans la province septentrionale du Shanxi, 655 000 habitants doivent être relogés avant la fin de l’année 2017, leurs habitations s’enfonçant inexorablement dans le sol.

Dans de nombreuses mines de l’empire du Milieu et dans certains pays d’Amérique latine comme la Bolivie, l’exploitation des richesses souterraines se poursuit à grande échelle dans des conditions sans doute comparables à celles décrites par Émile Zola, en 1885, dans Germinal. Les hommes qui y travaillent ne sont pas seulement confrontés à l’effondrement de leurs habitations, si modestes soient-elles. Leurs conditions de vie et de travail sont le plus souvent désastreuses.

Dans La Ville noire (1860), roman prémonitoire, George Sand avait choisi de planter son décor dans une cité minière du centre de la France où la poussière de charbon s’infiltre dans les moindres recoins, recouvre les maisons, les arbres, les rues, noircit les cours d’eau. Jusqu’à une date relativement récente, rares ont été les observateurs, les acteurs et même les historiens de la mine à s’intéresser aux dégâts causés, à l’environnement, par l’exploitation de minerais.

Conflits meurtriers

Depuis la mi-août plus de 1 500 mineurs de la China Coal Pingshuo Co. Ltd, une entreprise d’État, sont en grève pour protester contre les déductions non justifiées constatées sur leurs feuilles de paye, obtenir une protection sociale digne de ce nom, mais également réclamer la libération de leurs camarades détenus après les graves heurts qui se sont produits avec la police.

Au même moment, le président bolivien a accusé les mineurs de tentative de coup d’État après le décès du vice-ministre de l’Intérieur Rodolfo Illanes, roué de coups en tentant une médiation auprès des « gueules noires » en grève.

Là, comme en Chine, la violence est extrême dans les bassins. L’arme des mineurs en colère est la dynamite qu’ils utilisent, au fond, pour le foudroyage. Les 100 000 ouvriers des coopératives minières boliviennes, qui n’ont de coopératif que le nom, travaillent dans des veines de très mauvaise qualité. Ils sont exploités et n’ont pas le droit de se syndiquer.

Situation extrême en Mongolie

Dans les mines – souvent illégales – de Mongolie intérieure, celles qui approvisionnent Pékin en charbon, la violence ouvrière atteint des sommets. Dix-sept mineurs, sur un total de soixante-quatorze suspects, ont été reconnus coupables d’avoir assassiné certains de leurs camarades, puis d’avoir maquillé leur forfait en accident du travail.

C’est en se faisant passer pour des parents des victimes qu’ils ont obtenu le versement d’indemnités. Lorsque des mineurs déclarés morts ont été repérés vivants, le petit gang d’anciens paysans originaires de Zhaotong (Yunnan) a été démasqué. Ils sont soupçonnés d’avoir tués en série, d’avoir carbonisé les corps avant d’en disperser les cendres, reproduisant ainsi un fait divers des années 1990, qui a lui-même a inspiré Li Yang pour son un film Blind Shaft (2003).

 

Bande-annonce de «Blind Shaft» (Chine et films, 2014).

La chasse aux mines illégales

En Chine, Greenpeace a récemment découvert trois mines illégales – d’antimoine, de tungstène et de molybdène – à Shangri-La (Yunnan), sur le site des trois fleuves parallèles (Yangtzé, Mékong et Nü) classé au Patrimoine mondial par l’Unesco.

Responsables de la déforestation de la zone, menaçant de provoquer des glissements de terrain, elles rejettent leurs déchets dans la nature. Depuis peu, les autorités chinoises s’efforcent d’améliorer la situation dans les mines et de veiller à un meilleur respect de l’environnement. Le gouvernement vient, ainsi, de décider la fermeture de quinze mines dans le Shanxi. Il compte, dans les prochains mois, mettre un terme à mille exploitations supplémentaires.

Si bien des mineurs, privés de travail, regrettent la fermeture des puits, les mines n’en demeurent pas moins, aujourd’hui encore, l’une des industries les plus polluantes et les plus meurtrières au monde.

 

 

Comment l’Allemagne tente de maîtriser la digitalisation de son économie

22 décembre 2016 Par Thomas Schnee

 Réunis la semaine dernière à Berlin pour une « conférence franco-allemande du numérique » et l’annonce d’un fonds d’un milliard d’euros pour soutenir le développement de start-up, les dirigeants des deux pays n’ont pas évoqué la maîtrise sociale de l’évolution d’une économie qui, outre-Rhin, pourrait déboucher sur un déraillement social sans précédent.  

 Et une grève « invisible » de plus chez Amazon Deutschland. La semaine dernière, et comme c’est régulièrement le cas depuis cinq ans, le syndicat allemand des services Verdi a lancé un mouvement de grève dans la filiale allemande du géant de la vente en ligne. Il exige que ce dernier cesse d’entraver le travail des représentants des salariés et s’aligne sur les salaires de l’accord collectif du commerce. « Environ 20 à 30 % des salariés y participent à chaque fois », explique-t-on chez Verdi, soit 2 000 à 3 000 des 10 000 salariés allemands. Pourtant, malgré cette mobilisation, et grâce au haut niveau de mécanisation et de digitalisation de l’entreprise, peu de clients remarquent ces grèves régulières, qui n’entament qu’à peine le rythme de livraison de la multinationale.

 « Amazon a prévu et intégré cela depuis longtemps dans son fonctionnement », précise Gerrit Heinemann, professeur de l’Université du Bas-Rhin (Krefeld) et spécialiste de e-commerce. Ce qu’un professeur du département « Robotics and Biology » de l’Université technique de Berlin confirme : « Ils ont investi des milliards dans l’automatisation de leurs centres. Presque tout peut être fait par les robots. Aujourd’hui, il manque encore le mouvement du bras qui repère et prend des produits très différents dans des étagères pour les mettre dans les paquets. C’est un mouvement délicat et difficile à reproduire. Mais nous avons réussi à le faire et nous avons gagné le “Amazon Picking Challenge" l’année dernière », explique-t-il fièrement. 

 Outre-Rhin, pays de la machine-outil et de la mécanique par excellence, la robotisation et la numérisation des bureaux et des usines concernent toujours plus d’entreprises et de salariés. « Quand j’ai commencé chez Adidas en 1987, la production venait tout juste d’être délocalisée en Asie. Aujourd’hui, la boucle est bouclée. Elle revient en Europe », se félicitait l’ancien patron d’Adidas Herbert Hainer, en présentant fin mai dernier, à Ansbach près de Nuremberg, les deux lignes de production expérimentales qui composeront bientôt la nouvelle « Speedfactory » d’Adidas. Installés dans une halle immaculée, plusieurs robots et imprimantes industrielles 3D qui communiquent entre eux, produisent des chaussures de sport sans aucune intervention humaine. À partir de 2017, Adidas espère fabriquer ainsi 1 million de paires par an. C’est peu par rapport aux 300 millions de paires vendues chaque année par la marque aux trois bandes. Mais c’est un début prometteur pour un mode de fabrication qui va abaisser les coûts de production, réduire le transport et le stockage et garantir la flexibilité demandée par le commerce en ligne.

 

Le robot speedfactory © Adidas Le robot speedfactory © Adidas

 Très médiatisé, le cas de la « Speedfactory » n’est que l’un des signes d’une tendance de fond. Le bras de fer qui a opposé une partie de l’année la société chinoise Midea au principal fabricant allemand de robots industriels Kuka, au détriment de ce dernier qui va devenir chinois, en est un autre. Début 2016, Volkswagen est entré dans l’actionnariat du Centre allemand de recherches sur l’intelligence artificielle (DFKI) qui, avec 800 chercheurs, est l’un des plus gros centres privé-public de ce genre au monde. « Les robots utilisés chez Volkswagen travaillent en moyenne 35 000 heures pour un coût total de 100 000 à 200 000 euros, soit un coût horaire de 3 à 6 euros, maintenance et consommation électrique comprises ! », explique Horst Neumann, l’ancien directeur du personnel de VW et co-initiateur du projet. Pour Volkswagen, qui évoque des coûts horaires humains oscillant entre 11 euros en Asie et 50 euros en Allemagne, un robot capable de travailler à ce prix, 20 heures par jour et sans se plaindre, dispose donc d’un avantage irrattrapable. 

 La robotisation et la digitalisation commencent aussi à avoir un impact énorme sur les modes de production, les rythmes de travail et même la structure des entreprises. Le constructeur automobile Audi vient par exemple de faire savoir qu’il expérimentait sérieusement la suppression des traditionnelles chaînes de production inventées par Henry Ford en 1913. Dans son usine de moteurs à Györ en Hongrie, Audi va expérimenter en grandeur réelle « l’assemblage modulaire ». À l’avenir, les véhicules seront construits sur des « îlots de montage » spécialisés sur le montage d’éléments précis. Les carrosseries et les pièces seront transportées d’un îlot à l’autre par des chariots robots autonomes et connectés. L’avantage de ce nouveau système très flexible ? Il permettra de produire des voitures toujours plus individualisées tout en maintenant le rythme et la fluidité de la production.

 Dans les bureaux, la révolution est également en marche. Pour la maîtriser, les dirigeants d'entreprise entendent attirer et conserver les meilleurs éléments, ou encore améliorer la créativité de leurs salariés avec de meilleures conditions de travail et la possibilité de mieux concilier vie professionnelle et vie privée. Cependant, les expérimentations à petite échelle sont pour l'heure privilégiées, plutôt que de bouleverser brutalement leurs méthodes. Comme chez Adidas. Dans la mode sportive, une couleur, un slogan, une innovation ou un élément de design peuvent déterminer le succès mondial ou l’échec d’un produit. L’entreprise a donc fait construire « Pitch », un immeuble-laboratoire conçu pour « inventer de nouvelles organisations du travail plus créatives ».

 Les trois étages du bâtiment installé à Herzogenaurach, ont été aménagés en fonction de concepts organisationnels différents. Seuls points communs entre les étages : on y trouve de grands casiers numérotés pour conserver son ordinateur et ses documents. Car aucun des 300 salariés qui occupent « Pitch » n’a de bureau fixe. Par ailleurs, chaque salarié a reçu un casque multimédia qui communique avec les différents objets connectés de l’immeuble. Diffuser une vidéo se fait par commande vocale. Les notes manuscrites jetées sur le « whiteboard » d’une salle de réunion peuvent aussi être mises au propre et transférées vers les ordinateurs des participants. Le bilan de l’expérience est actuellement en cours et les meilleurs modèles de travail seront étendus à la majorité des départements d’Adidas.

« Bienveillance méfiante » des syndicats

 Continental, le fabricant de pneus et de pièces détachées pour l’automobile, préfère pour sa part agir sur le temps de travail à grande échelle. Il propose le passage au travail mobile à 90 % de ses 200 000 salariés (21 pays). La nouveauté : l’offre est vraiment à la carte et n’impose aucune limite minimale de temps de travail à passer au bureau. « Nous pensons qu’il est temps de voir les choses en grand et à long terme. Ce sera aux filiales et à leurs sites de décider de leurs limites nationales ou locales. Sur certains sites urbains, cela peut permettre de contourner le problème des déplacements et des embouteillages. Sur d’autres, c’est plutôt la question de la compatibilité vie privée-vie professionnelle qui comptera. C’est à eux de voir », explique M. Siebels, vice-président du département des relations du travail, chargé de mettre en place cet accord au niveau mondial d’ici à avril 2017. « Nous voulons de notre côté instaurer une culture de la confiance et de la responsabilité. Notre objectif premier est d’offrir un espace de travail qui tienne compte des besoins et des désirs de nos salariés et qui nous permettent ainsi d’attirer les meilleurs éléments », poursuit-il.

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Souvent pionnier, l’équipementier automobile et producteur d’électroménager Bosch, a placé la barre un peu plus haut avec le programme « Next Generation Workplace ». Celui-ci consiste à installer une nouvelle base de logiciels sur les 240 000 postes de travail fixes et mobiles que compte l’entreprise dans le monde entier. Cet ensemble de logiciels est conçu pour faciliter la mise en réseau et simplifier les processus d’échanges et de consultations dans et hors de l’entreprise.

 

La logique de fonctionnement de l’ensemble s’approche de celle des réseaux sociaux privés. Cependant, pour une entreprise comme Bosch, qui a mis en place près de 100 modèles de temps de travail, et qui pratique la « job rotation » avec son management, ou encore le « home office » avec ses salariés, “Next Generation Workplace” ne consiste pas simplement en l’installation de quelques petits logiciels malins et pratiques pour améliorer le travail au quotidien. C’est au contraire la base indispensable qui va permettre à l’entreprise de révolutionner son organisation du travail, afin de mettre en œuvre une organisation mondiale plus souple et plus individualisée et qui peut contribuer, explique-t-on chez Bosch, « à créer des espaces de liberté et de réflexion profitables tant à l’entreprise qu’à l’individu ».

 

À envisager toutes ces évolutions, il est facile de prédire que la robotisation et la digitalisation des entreprises vont avoir un impact considérable sur l’emploi. Certes, les évaluations actuelles sont encore fragiles et incertaines. Mais elles ne rassurent guère, à l'instar de l'étude présentée en janvier dernier au Sommet de Davos. Celle-ci évalue que le nombre d’emplois détruits par cette « révolution » dans les pays industrialisés sera d’environ 7,1 millions, contre seulement 2,1 millions d’emplois créés. Rien ne dit que ces prévisions se vérifieront. Il est cependant significatif de voir qu’aujourd’hui le patron de Siemens Joe Kaeser, ou encore l’économiste libéral allemand Thomas Straubhaar, prêchent en faveur de la création d’un salaire minimum universel, meilleur moyen à leurs yeux d’assurer la transition d’un modèle économique à un autre sans trop de casse sociale. 

 

Forcément, les menaces qui pèsent sur l’emploi s’accompagnent de très fortes pressions dérégulatrices. « Nous n’allons pas enterrer la journée de huit heures. Mais le temps de travail à la carte va continuer à se développer. Savoir à quelle heure je travaille, ce n’est plus très important », déclarait en 2015 Ulrich Grillo, le patron de la Fédération de l’industrie allemande (BDI). Derrière ces propos anodins, une offensive de grande envergure en faveur d’une modification en profondeur du cadre du travail se dissimule, le tout au nom de « la digitalisation de l’économie allemande ».

 

Le BDI et le BDA (les deux principales fédérations patronales allemands) estiment que la digitalisation va accentuer la spécialisation et la division du travail. Ce qui va renforcer la sous-traitance et conduire à de « formidables gains de flexibilité ». Idéalement, ces gains doivent permettre aux salariés de mieux « maîtriser leur emploi du temps ». En clair, les salariés pourront mieux choisir leur temps de travail en fonction des objectifs à remplir et de leurs contraintes privées. Cependant, « les formes de travail qui vont apparaître ne doivent pas être limitées par un excès de régulation », précise les organismes d'employeurs. Il faut limiter le « potentiel de freinage des syndicats », précisent les auteurs.

 

Face à ces demandes, les syndicats allemands mettent en garde contre une évolution qui pourrait transformer « chaque salarié en petit entrepreneur » et conduire à la désagrégation des standards sociaux et de la protection du travail. Par ailleurs, le salarié « libéré » qui travaille un ou deux jours par semaine à la maison, est soumis au risque de ne plus faire la différence entre vie privée et vie professionnelle. « Le danger que le salarié laissé à lui-même en fasse plus est évidemment réel. Le fait qu’il devienne aussi pour une partie de son temps son propre “surveillant” est problématique car il ne se rend plus forcément compte de ses limites et du moment où il les dépasse », relève Wilhelm Bauer, directeur de l’Institut Fraunhofer pour les sciences et l’organisation du travail.

 

Jörg Hofmann © Reuters Jörg Hofmann © Reuters

Pour le président du syndicat IG Metall Jörg Hofmann, « le niveau des performances exigées dans le monde de l’entreprise a énormément augmenté ces dernières années ». Il estime ainsi que, « logiquement, le stress et les maladies psychosomatiques ont suivi le mouvement. L’évolution du temps de travail est devenue une des principales préoccupations de nos adhérents. Et les employeurs doivent comprendre que la flexibilisation du temps de travail ne peut se faire sans contrepartie. En retour, les salariés doivent obtenir la possibilité de mieux co-décider en la matière ». Vis-à-vis du développement de ces nouvelles organisations du travail issues de la numérisation et de la robotisation, la position officielle du syndicat est donc marquée par une « bienveillance méfiante ».

 

« L’utilisation des robots offre la chance d’améliorer la compétitivité et de sécuriser l’emploi…, déclarait M. Hoffmann récemment en évoquant une dimension plus internationale du problème. Mais il faut faire évoluer les métiers et les tâches des salariés. L’homme ne doit pas devenir l’assistant du robot. Pour cela, de nouvelles qualifications sont nécessaires. » En effet, si l’on peut considérer que la riche Allemagne devrait avoir les moyens de former sa main-d’œuvre et de s’adapter à la nouvelle donne, il n’en sera pas de même pour des pays sous-industrialisés et à la main-d’œuvre peu ou mal qualifiée. « Le Bangladesh, le Vietnam ou encore le Pérou et le Brésil, risquent d’être les vraies victimes des progrès de la robotisation », prévient M. Hoffmann.   

 

Pour Simone Hofstetter, auteure à succès et chef d’une PME spécialisée sur l’intelligence artificielle et la digitalisation de l’entreprise, le phénomène menace clairement l’équilibre social de nos sociétés. « Prenons les États-Unis, on peut clairement voir qu’une fracture est en train de s’y dessiner : la part du travail humain sur le produit social brut est toujours plus petite, pendant que celle du capital et de son substitut – les machines – augmente », prévient-elle en estimant que cela fait trop longtemps que cette révolution est dictée par les grandes multinationales et qu’il serait temps que la société civile et les gouvernement reprennent la main sur le sujet.

 

Ne pas perdre la main, c’est ce que souhaite ardemment la ministre sociale-démocrate Andrea Nahles, qui vient de présenter un livre blanc sur le « Travail 4.0 », où toute proposition énoncée se base sur des solutions négociées entre les partenaires sociaux. Également au programme, la création d’un compte formation, utilisable tout au long de la vie professionnelle et majoritairement abondé par l’État. « Nous avons besoin d’un nouveau compromis entre sécurité et flexibilité. D’un côté, les employeurs sont toujours plus soumis à la concurrence internationale et les exigences des clients sont volatiles. De l’autre, les salariés ont d’autres désirs. Ils préfèrent être à l’heure chez eux, quitte à s’asseoir à leur bureau pour travailler encore un peu à la maison », explique la ministre. Et de penser que l’Allemagne peut « mieux maîtriser la révolution numérique grâce au partenariat social et à l’économie sociale de marché, qui doivent représenter une alternative claire à certains des modèles exploiteurs venus de la Silicon Valley. Nous ne devons cependant ne pas oublier une chose : la révolution numérique arrive plus vite que beaucoup ne le pensent. Nous n’avons pas de temps à gaspiller.

 

 

 

La CFR pour un régime universel de retraite

Partant du constat que nos régimes de retraite sont en déséquilibre chronique et nécessitent en permanence des ajustements et que par ailleurs, malgré les efforts de convergence, des inégalités importantes entre catégories sociales persistent, la CFR réfléchit depuis près de dix ans sur un projet de réforme systémique.

Elle a écouté ce que disent les spécialistes, regardé ce que certains pays ont osé faire et s’est convaincue que la multiplicité de nos régimes de retraite devait céder la place à un régime universel de retraite.

Un régime universel c’est à dire un régime qui s’applique à chacun quelle que soit sa catégorie professionnelle.

Pourquoi un tel régime ? Parce que c’est le seul moyen de préserver le système de retraite par répartition auquel notre pays est très attaché. Parce que seul un système préservant l’équité entre tous est acceptable.

Il s’agit d’un projet ambitieux qui remet en cause nos organisations et dont on ne doit pas cacher les difficultés de mise en œuvre. Il nous a cependant paru indispensable d’enfermer sa réalisation dans un délai contraignant que nous avons fixé à cinq ans, délai pendant lequel les concertations indispensables et les études techniques devront se dérouler.

Ce régime applicable à tous ne doit cependant pas méconnaître la réalité des différentes professions non salariées et c’est à cotisations égales qu’il procurera des droits égaux.

Ce nouveau régime devra enfin tenir compte d’objectifs en termes de niveaux de revenus de remplacement.

La CFR, pour concrétiser son projet a rédigé ce qui pourrait être le texte de loi fondateur de ce nouveau régime. Elle le propose à la réflexion des décideurs.

Télécharger le Projet de loi portant création d’un régime de retraite universel

 

 

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