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8 mars 2017

INFOBREF N°480-Les dégâts du progrès

INFOBREF N°480

Les dégâts du progrès

Une assurance japonaise utilisera une I.A. pour remplacer 34 de ses employés.

Une assurance japonaise utilisera une I.A. pour remplacer 34 de ses employés. La machine devra effectuer des activités de vérification et des procédures d'analyse sur les dossiers des clients.

Une I.A., la « IBM Watson Explorer », remplacera 34 employés d’une assurance vie japonaise, la Fukoku Mutual Life Insurance, dans les jours à venir.

Notamment, l’I.A. devra analyser les certificats et les antécédents médicaux des clients, déterminer les paiements et facturer les dépenses médicales. Ainsi, elle devra gérer toutes les procédures d’élaboration d’un dossier jusqu’à le faire arriver dans les mains d’un superviseur humain qui s’occupera de l’approbation et du paiement final.

L’entreprise a dépensé 200 millions de yen (1,7 million de dollars) sur ce nouveau système, qui nécessitera une maintenance annuelle d’un coût de 128 000 dollars.

D’après leur communiqué de presse, l’I.A. sera intégrée aussi dans le travail de vérification d’évaluations des paiements pour « améliorer le service client en améliorant la précision de l’évaluation du paiement. »

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Ainsi, la IBM Watson Explorer devrait augmenter la productivité de l’entreprise de 30 %, en économisant déjà 1,1 million de dollars sur les salaires des employés: un investissement qui commencera à se transformer en bénéfice au bout de deux ans d’activité.

L’époque où les emplois de service seront remplacés par des machines semble se rapprocher. Washington a d’ailleurs publié récemment un document concernant l’utilisation future des I.A. dans le monde du travail, en ne cachant pas ses inquiétudes sur le sujet.

Cela dit, le cas de l’assurance Fukoku ne semble pas être isolé : par exemple, la Nippon Life Insurance Co. est en train d’utiliser des intelligences artificielles pour déterminer la meilleure couverture médicale pour ses clients, tandis que la Dai-Ichi Life Insurance et la Japan Post Insurance sont en train d’intégrer progressivement une IBM Watson Explorer de la même manière que l’assurance Fukoku.

CPI Bussière : l’imprimerie digitalise ses métiers pour résister

À Bussière, dans le Cher, ils ne seront plus que 60 salariés à travailler dans l’imprimerie CPI, soit quatre fois moins qu’il y a cinq ans. Le responsable de cette réduction de l’effectif n’est pas l’explosion de l’e-book, mais le changement des méthodes de production. Avec le numérique, il n’est plus nécessaire de réaliser une forme imprimante pour que l’encre marque la page. "Désormais, on passe directement du fichier au livre, sans étape intermédiaire", explique le directeur général du site, Pascal Choloux. Les nouvelles techniques – jet d’encre, toner – s’avèrent rentables pour des tirages allant jusqu’à 3 000-4 000 exemplaires. Au-delà, le surcoût des encres ne compense plus l’économie réalisée sur la forme.

La digitalisation a ainsi fait passer l’édition dans l’univers des flux tendus. Les tirages sont davantage ajustés aux ventes et le volume global de livres imprimés a diminué. De plus, avec la disparition de la forme imprimante, la réimpression peut être confiée à un imprimeur qui n’a pas réalisé le premier tirage. Résultat : le numérique intensifie la concurrence, d’autant que des imprimeurs venus de secteurs où la demande décline (imprimés publicitaires, magazines…) se positionnent sur le marché du livre.

Outre la réduction de l’effectif, ces évolutions ont eu un impact sur les savoir-faire du personnel. "Nous avons fait évoluer les compétences des salariés en place", indique Pascal Choloux. Des formations sur les nouvelles techniques de production (jet d’encre, computer to place ou CtP) ont été dispensées. "Les métiers ont évolué : désormais, les personnes pilotent les opérations là où auparavant elles étaient sur de strictes tâches de fabrication." L’imprimerie a investi dans deux nouvelles lignes de production numérique, et la baisse de la masse salariale n’a pas été proportionnelle à la réduction des effectifs, compte tenu de l’évolution des qualifications des salariés.

ERDF place à l’opérateur de données

C’est l’emblème de la numérisation d’ERDF, la filiale d’EDF chargée du réseau de distribution d’électricité. Linky, le compteur communicant, démarrera son déploiement dans quelques mois. En ligne de mire : le remplacement de 35 millions de compteurs d’ici à 2020… Et la fin du porte-à- porte pour relever les compteurs. Linky, c’est d’abord l’automatisation de certains processus très consommateurs de main-d’oeuvre. Cela se traduit donc par des postes en moins chez les opérateurs locaux auxquels ERDF soustraite la relève, mais aussi du côté des agents d’ERDF. Ces derniers effectuent lors de leurs tournées quotidiennes des interventions (changement de puissance, résiliation, mise en service…) que Linky pourra réaliser à distance. ERDF ne chiffre pas le nombre de ses salariés concernés, mais met en avant sa pyramide des âges : un tiers de l’effectif partira à la retraite d’ici à 2020. "C’est une formidable opportunité de renouvellement des compétences", avance Christian Buchel, le directeur général adjoint d’ERDF.

Il ne s’agit pas seulement de positiver. Christian Buchel vient d’être chargé par le nouveau patron d’ERDF, Philippe Monloubou, de mettre en place un programme stratégique sur la numérisation des métiers d’ERDF. Il sera finalisé d’ici à cet été. "Il s’appuiera sur une transformation déjà engagée", souligne Christian Buchel. Le numérique a gagné le réseau d’ERDF à travers des capteurs et autres automates d’exploitation du réseau. À la clé, une masse croissante de données qui s’ajoutent à celles générées par les 300 000 centrales d’électricité renouvelable connectées aux lignes d’ERDF. En ajoutant les données techniques (tension, intensité…) et les index de consommation de Linky, ERDF basculera dans le big data. "Il se dessine une évolution de nos métiers autour de la notion d’opérateur de données, remarque Christian Buchel. ERDF aura un rôle de plate-forme de traitement et de transmission de données à tous les acteurs du système électrique." Statisticiens et informaticiens seront dès lors les bienvenus.

CGI : la croissance de l’emploi n’est pas un long fleuve tranquille

La numérisation de l’économie est au coeur du business de CGI. "Nous construisons des systèmes d’information et en assurons la maintenance opérationnelle", résume Gilles Le Franc, le responsable Grand Ouest de l’entreprise. Côté emplois, la SSII revendique l’embauche de 8 000 personnes en cinq ans pour suivre la digitalisation de ses clients. "En net, le numérique a créé de l’emploi", confirme le DRH de l’entreprise, Didier Baichère. Mais cette croissance n’est pas un long fleuve tranquille. "Certains de nos salariés nous reprochent un manque de visibilité sur l’évolution de nos métiers", précise le DRH. Car les demandes adressées à l’entreprise changent vite. Ainsi, un tiers des recrutements actuels concerne le data management et la sécurité-mobilité, des enjeux qui n’existaient pas il y a trois ans !

Si certaines activités émergent et se développent, d’autres déclinent et disparaissent. Pour accompagner ces évolutions, le DRH et les syndicats ont signé, au début de l’année 2013, un accord sur la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC) qui comporte notamment un plan de formation et un plan de recrutement. Ensemble, ils ont identifié les métiers en développement, ceux qui sont stables et ceux qui sont en voie de disparition. Parmi ces derniers, le DRH cite les testeurs ou les métiers liés à la surveillance des réseaux. En un mot, "tous les métiers qui comportent des tâches répétitives ou automatisables", indique Didier Baichère. À l’inverse, les architectes réseaux sont appelés à se développer. La demande croissante des clients pour des offres sur mesure va accélérer le besoin d’avoir des salariés de plus en plus qualifiés. C’est pourquoi CGI compte embaucher des professionnels du code qui auront une expertise métier (marketing, RH...).

Christophe Bys et Manuel Moragues

L'Usine Digitale direct du Mobile World Congress 2017 de Barcelone

Le Mobile World Congress 2017, plus grand salon mondial consacré au marché de la mobilité se tient du 27 février au 2 mars. Pour l’occasion, la rédaction de L’Usine Digitale se délocalise. Tendances et innovations en réalité virtuelle, blockchain, fintech, assistants virtuels, voitures connectées… En direct de Barcelone, nos journalistes vous dévoileront chaque jour le meilleur de cet événement incontournable. Suivez toutes les annonces du MWC 2017 en cliquant ici

Hôteliers contre centrales de réservation en ligne, la fin de la parité tarifaire

Les hôteliers ne sont plus obligés d’afficher les mêmes prix sur leur site que sur les centrales de réservation. La dynamique économique des établissements en sera-t-elle relancée ?

tourisme

Afficher des tarifs inférieurs à ceux proposés sur le site Internet des agences de réservation en ligne (OTA, pour Online Travel Agency) est désormais possible pour les hôteliers. Si ces derniers ont gagné la bataille des prix, les OTA n’en demeurent pas moins des acteurs incontournables du secteur du tourisme. L’enjeu pour les hôteliers sera de convaincre les consommateurs de réserver en direct tout en leur offrant des services à la hauteur de leurs attentes. L’avis de quatre hôteliers.


par Eugénie Rieme

“Premier canal d’information et de réservation pour les consommateurs”, selon la Fédération du e-commerce et de la vente à distance (Fevad), Internet a profondément modifié les habitudes d’achat des consommateurs. Et notamment dans le secteur du tourisme, qui a vu en une quinzaine d’années son marché subir de profondes mutations. L’avènement du e-tourisme et avec lui, des nouveaux opérateurs dont les agences de voyages en ligne ou OTA, a contraint les distributeurs traditionnels (agences de voyages, hôteliers, tour-opérateurs) à travailler avec ces nouveaux acteurs. Parmi les plus célèbres figurent les groupes américains Priceline (incarné par Booking.com), Expedia ou Orbitz. Interfaces faciles d’utilisation, accessibles partout et proposant un large éventail d’offres d’hébergements, ces OTA sont devenues incontournables. “Aujourd’hui, les consommateurs veulent être leur propre agent de voyages”, observe Laurent Duc, président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih). Preuve en est : près de 30 millions de Français ont consulté des sites web pour préparer leurs vacances, en 2013 (source : Baromètre Opodo 2013).

Hausse des commissions en cause

Face au plébiscite grandissant des agences de réservation en ligne, le partenariat entre hôteliers et OTA a glissé ces dernières années vers le rapport de force.

“Conscientes de leur position dominante sur le marché du tourisme, les centrales ont revu leurs commissions à la hausse, passant ainsi de 10 % il y a dizaine d’années, à 17 % et au-delà de 20 % en 2016”, explique Laurent Duc. Une situation devenue intenable financièrement pour nombre d’hôteliers qui ont porté le problème devant l’Autorité de la concurrence et l’État français. “Cette augmentation des commissions mettait en péril l’équilibre économique des hôtels”, ajoute Jean-Baptiste Pieri, président de la Commission Europe et numérique du Synhorcat (Syndicat national des hôteliers, restaurateurs, cafetiers et traiteurs) et membre du Groupement national des indépendants (GNI). Leur revendication ? Faire tomber la parité sur les prix et les conditions de réservation jugées abusives, obligeant les hôtels à proposer les mêmes tarifs sur leur propre site de réservation que les OTA. But atteint le 6 août 2015, date de promulgation de la loi Macron qui a redonné la liberté tarifaire aux hôteliers. Mais aussi la possibilité de proposer des prix plus attractifs.

Qualifié d’ambigu par le groupe Expedia, le texte fait actuellement l’objet d’un recours devant la Commission européenne à Bruxelles. “L’article 133 de la loi Macron (…) peut néanmoins être interprété de manière à fragiliser la confiance des consommateurs, en faisant peser sur ces derniers un fardeau injuste, les conduisant à douter de pouvoir disposer de la bonne chambre d’hôtel au bon prix, et en les privant de la possibilité d’accéder aux meilleurs prix sur les plates-formes de réservation en ligne de leur choix”, déclare le groupe.

En attendant une ultime décision, les hôteliers s’organisent et tentent de nouvelles formes de développement, en misant sur les clubs et la personnalisation de l’offre hôtelière. “C’est en se renouvelant que nous retrouverons une dynamique économique et un lien direct avec les consommateurs”, déclare Jean-Baptiste Pieri.

Si la loi a permis aux hôteliers de retrouver leur liberté tarifaire, la concurrence reste de mise face aux OTA. Pour sortir de la situation de dépendance vis-à-vis des agences de réservation, les hôteliers misent sur la diversification de leurs canaux de distribution. D’autres se regroupent en clubs hôteliers pour dénoncer le montant des commissions des centrales. Des démarches bonnes pour le porte-monnaie des consommateurs. Mais au-delà du prix, encore faut-il que les clients s’y retrouvent. À l’heure de l’économie collaborative, les voyageurs recherchent de l’authenticité et fuient les concepts standardisés. Autant d’éléments avec lesquels les hôteliers devront composer pour faire face à la concurrence.  

“Nous avons préféré maintenir une cohérence dans nos tarifs par peur de manque de lisibilité”
Magali Dumas, directrice commerciale du groupe hôtelier Maranatha

“L’annonce de la fin de la parité tarifaire a été très bien accueillie par le groupe Maranatha. Pour autant, notre stratégie tarifaire reste inchangée. Nous affichons toujours les mêmes prix que ceux proposés sur le site des centrales de réservation. Internet est notre vitrine N°1 et c’est le canal d’achat privilégié de nombreux consommateurs. Nous ne voulons pas que cela change. La liberté tarifaire est selon moi relative car pour figurer en bonne place sur le site d’une agence de réservation en ligne, mieux vaut payer un peu plus de commission pour avoir droit à une visibilité préférentielle. À ce jour, le groupe paye entre 15 et 20 % de commissions aux centrales partenaires. Des coûts non négligeables mais nécessaires, car ces OTA représentent une part importante du chiffre d’affaires du groupe. Avec les événements tragiques survenus à Paris en novembre 2015, bon nombre de nos hôtels parisiens ont accusé une baisse de 15 à 20 % de leur chiffre.

Compte tenu du contexte socio-économique, nous avons préféré maintenir une cohérence dans nos tarifs par peur de manque de lisibilité. Toutefois, nous restons maîtres de nos prix et avons la liberté de les modifier à tout moment. Pour se différencier des centrales de réservation, nous proposons des tarifs préférentiels à nos clients les plus fidèles via notre site officiel. Au-delà du prix, notre stratégie repose sur la qualité de nos prestations et l’accueil. Aujourd’hui, les consommateurs recherchent une relation personnalisée, une décoration non standardisée. Et plus l’hôtel monte en gamme, plus les exigences sont élevées. C’est sur cet aspect que nous travaillons pour nous différencier de la concurrence. Quant aux OTA, elles sont des générateurs de réservation indispensables au bon fonctionnement du groupe. L’important est de limiter au maximum leur part dans le chiffre d’affaires du groupe afin de se garder de toute dépendance.”  

“Dans les Caraïbes, le débat sur la parité tarifaire n’a pas eu le même impact qu’en métropole”
Carole Adam, VP sales & marketing au sein du groupe Des Hôtels et des îles

“Des Hôtels et des îles – initialement baptisée Leader Hôtels – est une chaîne hôtelière créée il y a 30 ans par deux Français, Daniel Arnoux et Patrick Vial-Collet. C’est dans les Antilles françaises que le groupe concentre son offre, soit 654 chambres au total. Le groupe comprend cinq hôtels en Guadeloupe – Créole Beach Hôtel & Spa, Bwa Chik Hôtel & Golf, Toubana Hôtel & Spa, Jardin Malanga et Mahogany Hôtel Résidence & Spa – et deux hôtels à Saint-Barthélemy – Tom Beach Hôtel et Manapany Cottages & Spa. Des destinations de loisirs qui se distinguent des traditionnels ‘cityhotels’, produits d’appel des centrales de réservation, qui foisonnent dans les grandes agglomérations.

On ne prend pas un long courrier pour partir en week-end ou en voyage d’affaires. Dans le cadre de leurs vacances, les consommateurs ont davantage recours aux canaux de réservation traditionnels, à savoir les agences de voyages et les tour-opérateurs, lesquels représente près de 70 % des réservations du groupe. Dans les Caraïbes, les agences de voyages en ligne ou OTA ne sont pas dominantes. Le débat sur la parité tarifaire n’a pas eu le même impact qu’en métropole car le marché n’est pas le même. Ici, le bouche-à-oreille suffit parfois à nourrir une réputation. Psychologiquement, les clients français ont encore du mal à dépenser 3 000 à 3 500 euros en ligne pour leurs vacances. Sans être indispensables, les centrales de réservation demeurent toutefois un outil nécessaire pour toucher un large spectre de population. Il est important d’instaurer une relation commerciale équilibrée avec les OTA, tout en gardant son indépendance.

Autre dispositif incontournable pour rester attractif : les plateformes d’e-réputation. C’est grâce aux commentaires des clients qu’un hôtelier bâtit puis fait perdurer sa notoriété. Pour être le plus réactif possible face aux critiques et lutter contre la concurrence des centrales de réservation, le groupe est présent sur les réseaux sociaux, de Facebook à Instagram en passant par Twitter.”

“Fairbooking, pour redonner l’indépendance commerciale aux hébergeurs indépendants”
Pascal Droux, propriétaire de l’hôtel Les Tresoms à Annecy et président de l’association Fairbooking

“La fin de la parité tarifaire est une bonne chose car les hôteliers ont retrouvé la liberté d’afficher les prix qu’ils souhaitent sur leur propre site Internet, avec l’avantage d’augmenter leur chiffre d’affaires en vente directe. C’est à l’hôtelier que revient le choix de privilégier un canal de réservation par rapport à un autre. Face à la loi, ce dernier est dans la légalité depuis le 6 août 2015, date de promulgation de la loi Macron. Si les hôteliers ont toujours travaillé avec des intermédiaires à l’instar des agences de voyages, ils ont manqué de vigilance vis-à-vis des OTA, avec lesquels ils ont signé des contrats sans comprendre ce qu’ils signaient réellement. Toutefois, la fin de la parité tarifaire n’empêche pas encore certains hôteliers de s’y soumettre de leur plein gré. C’est le cas des petits hôtels indépendants, qui bien souvent n’ont pas les moyens d’investir dans le web et réalisent l’essentiel de leur chiffre d’affaires grâce aux centrales de réservation. Pour faire la différence, les hôteliers ont désormais la possibilité de proposer des tarifs moins chers que ceux affichés par les OTA car non commissionnés. Un vrai plus pour les clients qui peuvent bénéficier de tarifs moins élevés”, déclare Pascal Droux.

Face à la hausse des commissions des centrales de réservation passée de 15 à 17 %, Pascal Droux entouré d’autres hôteliers nantais, a créé en mai 2013, Réservation en direct (Red). “Cette association a pour dessein de redonner l’indépendance commerciale aux hébergeurs indépendants, les informer sur les enjeux et les développements des nouvelles technologies et les former à utiliser les outils du web et du marketing.” En un an, Red a rallié près de 1 000 hôteliers.

Dernièrement, l’association a lancé sa plateforme de réservation en ligne Fairbooking destinée à promouvoir les réservations en direct. À ce jour, 2 400 hôtels ont déjà rejoint la plateforme. “En 2016, nous avons pour ambition de toucher une trentaine de pays à travers le monde. Derrière ce projet, l’idée n’est pas de supprimer les centrales de réservation, mais de rééquilibrer le marché en travaillant en bonne intelligence et dans l’intérêt des consommateurs. À l’heure du tout digital, les hôteliers se doivent d’investir sur Internet pour accroître leur visibilité plutôt que sur leur propre enseigne. Le consommateur ne cherche plus une marque mais une destination. Gage aux hôteliers de répondre à leur demande pour rester compétitifs et attractifs.”  

“L’année 2015 a été complexe pour Booking.com, nous avons souffert d’un cadre réglementaire instable”
Carlo Olejniczak, directeur France, Espagne et Portugal de Booking.com

Créer un site en ligne où entreprises et voyageurs pourraient réserver une chambre d’hôtel, c’est partant de cette idée qu’est née Booking.nl en 1996, à Amersfoort aux Pays-Bas. Forte de son succès – l’entreprise compte aujourd’hui 9 300 salariés – la société néerlandaise est rachetée en 2005 par le groupe américain Priceline et devient Booking.com. Aujourd’hui, la centrale de réservation est présente dans 221 pays et propose pas moins de 787 000 solutions d’hébergement dans le monde. Face au débat qui a sévi au printemps 2015 sur la parité tarifaire entre OTA et hôteliers, Booking.com tient à préciser son action.

“Notre agence de réservation en ligne permet aux hébergeurs de créer de la valeur, de gagner en visibilité et de s’ouvrir à l’international. C’est on ne peut plus vrai pour les petits hôtels de campagne qui n’ont ni le temps ni les moyens d’investir dans les nouveaux canaux de marketing numérique. L’année 2015 a été complexe pour Booking.com, nous avons souffert d’un cadre réglementaire instable. La décision du 21 avril dernier rendue par l’Autorité de la concurrence française, italienne et suédoise nous autorisant à conserver une ‘parité étroite’ sur les prix et les conditions de réservation avec les hôtels, a été remise en cause par la loi Macron, promulguée le 6 août dernier. Cette clause de parité – non imposée aux hôteliers – figurant dans les contrats avait pour but d’éviter toute déréglementation de coûts. Précisons qu’en France, le taux moyen de commission est de 16 %. Pour les hôtels bénéficiant du programme “établissement préféré” ou les hébergements situés dans les 200 plus grandes villes françaises, le taux applicable est de 17 %. Un taux inchangé depuis sept ans.

On parle beaucoup de parité, mais l’un des autres grands changements avec la loi Macron est la suppression de la clause de disponibilité à l’égard des autres distributeurs. Un hôtelier devrait donner la même disponibilité à toutes les OTA et pouvoir fermer un canal de réservation s’il le souhaite. Cette disparité de prix d’une plateforme à l’autre risque au contraire de faire perdre en compétitivité. Cadre réglementaire mis à part, notre but reste inchangé : continuer à avancer et de se développer. Loin d’être nos concurrents, les hébergeurs sont des partenaires privilégiés et inversement. Sans un bon canal de distribution, l’hôtelier n’est pas compétitif. Il se doit d’être présent là où se manifeste la demande. Selon le baromètre Fevad/Médiamétrie/NetRatings publié en 2013, près de 50 % des réservations faites à travers le monde dans les 48 heures précédant le voyage sont effectuées depuis un mobile. Pour répondre à ce phénomène d’immédiateté, Booking.com a lancé ‘Booking Now’, une application qui permet de réserver à la dernière minute. Avec près de 900 000 réservations par jour sur notre site et plus de 56 millions d’avis postés par les clients, ce n’est pas demain que les hôteliers s’arrêteront de travailler avec nous.”  

Avec 835 millions de transactions en ligne en 2015 (+ 19 % par rapport à 2014), le e-commerce tend à s’imposer comme le nouveau mode de consommation des Français. Au total, les Français auront dépensé 64,9 Mde sur Internet en 2015 (+ 14,3 % sur un an).
Les voyages et les réservations hôtelières figurent dans le top 5 des produits et services les plus achetés via un écran. Le tourisme en ligne représente 32 % du chiffre d’affaires du e-commerce en France, soit 18,3 Mde, loin devant l’habillement-chaussures, textiles de maison (10 % des ventes).
Autre phénomène : “le m-tourisme”. 43 % des voyageurs planifient leurs voyages sur plusieurs supports. Parmi eux, 19 % réservent leur séjour sur mobile.

Sources : Fevad/ bilan du E-commerce 2015 en France. Baromètre Fevad par Médiamétrie/NetRatings Publié le 10/03/2016

Washington s’inquiète des conséquences de l’IA sur le monde du travail

Gabriele Porrometo - 22 décembre 2016 -

Un document du gouvernement américain publié récemment souligne la préoccupation de Barack Obama et de son administration sur les enjeux futurs concernant les avancées de l'intelligence artificielle, notamment en ce qui concerne le monde du travail.

Un rapport publié le 20 décembre dernier par l’administration du président des États-Unis souligne que beaucoup d’emplois sont aujourd’hui menacés par l’avancée de l’intelligence artificielle.

En effet, le document, intitulé « Intelligence artificielle, Automatisation et Économie », souligne :

« La direction que prend l’IA nous permet de prévoir certaines choses, par exemple en ce qui concerne les emplois liés aux transports et au ménage, des métiers moins qualifiés. Les avancées dans la vision par ordinateur et dans les technologies du secteur permettent de réaliser des véhicules complètement automatisés (AVs), qui ne nécessitent plus la présence d’un conducteur et qui apparaissent de plus en plus fréquemment. Ils peuvent potentiellement déstabiliser les professionnels du transport (…) Le Groupe des Conseillers Économiques (CEA) estime qu’entre 2,2 et 3,1 millions d’emplois à plein temps et à temps partiel seraient menacés ou altérés de manière substantielle par la technologie des voitures autonomes. »

Dans le même temps, et pour éviter de présenter un tableau trop noir, Jason Forman, le président du CEA, déclare : « Tous les moyens utilisés pour améliorer l’intelligence artificielle contribueront à améliorer la productivité et rendront possibles une hausse des salaires et du nombre d’employés. »

À vrai dire, le gouvernement s’inquiète pour ces changements à venir, mais les considère nécessaires pour la croissance de l’économie américaine. C’est pour cela que le document conseille de s’appuyer sur plusieurs bénéfices apportés par ces technologies. Ainsi, Obama et son équipe espèrent pouvoir améliorer dans le même temps le secteur éducatif — qui s’appuiera de plus en plus sur les connaissances numériques –, le secteur médical, le système de la sécurité sociale, les assurances, le chômage et la cyber-défense.

CC Pete Souza

Dans tous les cas, comme le mandat d’Obama se termine, il semble que cette étude soit avant tout une petite indication adressée indirectement au futur président Donald Trump. Ce dernier a conclu un accord avec l’entrepreneur Masayoshi Son et son entreprise Softbank, leader dans la robotique qui possède entre autre l’entreprise française qu’on appelait autrefois Aldebaran. Cet accord encadre un gigantesque investissement de 50 milliards de dollars dans l’économie américaine et qui a pour objectif de stimuler l’innovation technologique mais aussi de faire réduire le travail ouvrier, notamment par la robotique.

Jacques Attali : "Avec le numérique, travailler et consommer vont se confondre"

Nouveaux métiers, durée du travail réduite, confusion entre les activités... L’économiste et écrivain Jacques Attali revient sur la profonde révolution qu’introduit le numérique dans nos vies.

L'Usine Digitale - Faut-il se réjouir ou s’inquiéter de la numérisation de l’économie ?

Jacques Attali - C’est une question extrêmement compliquée. Dans l’état actuel des choses, il y a de fort bonnes raisons d’être pessimiste. Les nouvelles technologies sont partout. Elles ont un impact gigantesque sur la vie quotidienne, le fonctionnement des entreprises, mais nul sur la croissance, même dans les pays où elles sont très développées comme aux États-Unis ou en Europe. Si leur impact est important, cela signifie juste qu’elles ne servent qu’à éviter une très importante récession. Car la croissance tout court est quasiment nulle.

Le numérique détruit donc des emplois ?

Si vous me voyez utiliser mon iPhone, vous ne savez pas si je travaille ou si je consomme, si j’apprends ou si je me distrais. Les activités de consommer, produire, apprendre ou se distraire se mêlent. Pour certaines, on est payé pour le faire ; pour d’autres, on paye. On entre dans une période d’extrême confusion des concepts. Dans ce désordre, les nouvelles technologies vont créer des métiers nouveaux, une accélération de la réduction de la durée du travail et une confusion croissante entre travailler et consommer.

Comment alors rémunérer le travail ?

Nous devrions avoir un État de droit global puisque nous sommes dans un village global. Ce qui permettrait un salaire minimum global, une monnaie mondiale et des processus de transferts entre les régions. Pour l’instant, nous n’avons pas cela. Nous avons un monde qui est de plus en plus clivé, avec une réduction de la classe moyenne. Les richesses se concentrent sur un petit nombre d’individus, car le capital mondialisé est en mesure d’exiger une meilleure rémunération. Il circule facilement, il va là où il y a le moins d’impôts tandis que le travail, lui, n’est pas organisé à l’échelle mondiale.

"Le potentiel de valeur ajoutée sociale de l’économie numérique est gigantesque. Le temps aliéné va se transformer en 'bon temps'."

Faut-il remettre en cause le capitalisme assis sur des facteurs de production clairs comme le capital et le travail ?

Le capitalisme est en train de changer de nature. Si l’on considère les pays développés, on va assister à l’émergence de virtualités considérables avec les neurosciences, les biotechs, les nanotechs, le webprocessing. Il va y avoir une apparition de nouveaux métiers, une disparition de métiers intermédiaires, mais davantage de disparitions que de créations. Ce qui, à terme, entraînera une réduction globale de la durée du travail.

L’avènement de l’économie numérique s’accompagne-t-il d’un recul social ?

Le potentiel de valeur ajoutée sociale de l’économie numérique est gigantesque. La voiture sans chauffeur, l’amélioration des systèmes de transport en commun qui va permettre de ne plus passer trois heures par jour dans les transports. C’est la transformation du temps aliéné en ce que j’appelle le « bon temps » : le temps passé avec sa famille, à se distraire et aussi à travailler, pour les rares d’entre nous qui ont une occupation qui leur plaît vraiment.

Il faut donc continuer à réduire le temps de travail ?

Oui, c’est une tendance historique qui est amenée à se poursuivre. Il faut le réduire et le partager. Ce n’est possible que si le niveau de formation est élevé. C’est pourquoi, il faut absolument renforcer la formation tout au long de la vie. Il y a deux activités socialement utiles : se soigner et se former. Aujourd’hui, les gens payent pour se former, je pense que l’on devrait au contraire rémunérer les gens pour qu’ils se forment en répartissant mieux la valeur créée par la société pour qu’elle aille moins au capital et plus au travail. C’est difficile à imaginer.

Comment notre système éducatif doit-il s’adapter ?

La grande mutation déjà à l’œuvre, c’est que les cours vont être suivis à la maison en vidéo et les professeurs vont passer du temps avec les élèves en coaching individuel sur les exercices. Mais il y a une transformation encore plus importante à mener, celle de la formation professionnelle permanente qui, elle, bénéficie très facilement des nouvelles technologies. L’éducation nationale a complètement raté le coche puisque les universités dans ce pays ferment en juin et rouvrent en octobre. Nous sommes le pays du monde développé qui a la part d’éducation permanente la plus faible.

Pourtant, une nouvelle réforme de la formation professionnelle vient d’être réalisée…

Elle est dérisoire, nulle et non avenue, parce qu’elle n’a rien fait pour l’éducation permanente. D’autant qu’il y a d’immenses gisements d’emplois, je le vois dans les quartiers en France. Si l’on fournit aux jeunes du coaching sur la création d’entreprises, sur la façon de réaliser leurs rêves, la conduite de projet, il y a des millions de start-up possibles. La France peut être une Silicon Valley généralisée, mais il faut cesser de croire que les emplois sont uniquement dans les grandes usines ou dans l’administration. Ils sont dans la création individuelle.

Quel changement d’organisation va provoquer le numérique dans les entreprises ? Est-ce la mort des grandes ?

Ce qui vient, c’est une mutation très profonde. Les entreprises seront une collection d’individus solitaires qui vont être réunis par des liens flous, permis par les nouvelles technologies. Des liens plus temporaires aussi. Les grands lieux de production agricole et industrielle vont continuer à exister. Il ne faut pas les négliger, car ils créent de la valeur. Mais un nouveau mode de travail va monter dans les services, y compris dans ceux des entreprises industrielles. Les grands secteurs de demain sont la santé, l’éducation, la sécurité et la distraction.

La focalisation des politiques pour augmenter la part de

 l’industrie en France est-elle déplacée ?

Pas du tout, ce n’est pas contradictoire. En fait, la clé, c’est d’industrialiser le service. On le voit déjà d’ailleurs dans des secteurs comme la santé, avec le cœur électronique, l’imagerie médicale, la télémédecine. Mais aussi dans la sécurité, avec les caméras de surveillance. Nous ne sommes pas dans une phase de désindustrialisation, mais au contraire d’hyper-industrialisation des services.

Propos recueillis par Anne-Sophie Bellaiche et Anne Debray

 

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