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7 avril 2018

1926:La grève générale des mineurs britanniques

 

2/4-1926:La grève générale des mineurs britanniques

«à cette époque, quatre hommes mouraient

au fond de la mine toutes les 24 heures» (Rapport samuel)

Le contexte

La grève générale de 1926 intervient dans un contexte de poussée révolutionnaire où partis et syndicats vont se faire mettre sur la touche par le mouvement de base .La grève générale de 1926 marquera l’apogée de ce qui fut appelé «le vieux mouvement ouvrier traditionnel » encadré par les syndicats et les partis.

Nous allons ci dessous résumer brièvement cette grève générale, qui va durer 9 jours et fit trembler la classe dirigeante britannique et ses syndicats .En mars 1926, une Commission gouvernementale rendit un rapport qui considérait que les mines n' étaient plus rentables, qu'il fallait ( comme actuellement en Roumanie et en Ukraine) abandonner la subvention salariale et réduire les salaires. Dans le même temps, le patronat de l' industrie métallurgique cherchait à augmenter le temps de travail -non payé- les patrons des chemins de fer voulaient eux aussi faire chuter les salaires et les entrepreneurs de l' immobilier réviser les condition de travail. Tous les ressorts d' une crise sociale étaient réunis , l' industrie charbonnière britannique ne tenait plus le coup face à la tendance à la baisse des prix mondiaux du charbon, ceux-ci connurent une chute nette en 1925, du fait du plan Dawes1 visant à faire « payer les boches » notamment en nature, par la livraison de charbon en réparation des dommages de guerre.

A cela il faut ajouter le retour à l' étalon-or, qui maintenait une livre forte qui entravait les exportations britanniques.

Les prémices de la grève générale

Pour améliorer productivité, c' est-à-dire le taux de profit, les patrons britanniques devaient augmenter le taux d' exploitation de la classe ouvrière. Cela dans un contexte de poussée révolutionnaire où la conscience ouvrière était renforcée par l' émergence de la révolution russe d' octobre 1917. Aussi quand l' état britannique voulut envoyer des armes à l' armée polonaise pour mater la révolution bolcheviks ; le Conseil d’Action Syndicale appela en 1920 à une grève générale pour empêcher l’envoi des armes et le gouvernement dut céder. Un an plus tard la confrontation entre le gouvernement et les mineurs va reprendre suite à l' annonce de mise en vente des mines et de baisses de salaires. En prévision le gouvernement britannique fit déployer des troupes dans les zones minières.

Malgré l’existence d’une alliance formelle entre les syndicats de mineurs, de cheminots et de travailleurs des transports — la “Triple Alliance”2 — les autres syndicats non seulement refusèrent de soutenir les mineurs, mais allaient retirer les préavis de grève de solidarité laissant les mineurs seuls face à l' Etat; ceux ci furent battus et avec eux tout le mouvement ouvrier britannique. Cet échec portera le nom de “vendredi noir”.3

En trois ans, les salaires des mineurs chutèrent de 26%, ceux des sidérurgistes de 20% et ceux des travailleurs du textile de 20%. Les patrons de l' industrie métallurgique exigent une augmentation du temps de travail -non payé- dans le secteur de la construction se sont les conditions de travail qui sont remises en cause , pendant que ceux des chemins de fer (privés) veulent faire chuter les salaires. Dans la même période, environ 2 millions de travailleurs quittèrent les syndicats. En 1925, le premier ministre, Stanley Baldwin ne trouva pas mieux que de nommer chancelier de l' échiquier le très détesté briseur de la grève de 1921 ,Winston Churchill. Le sort des mineurs anglais fut scellé,dés 1911, quand Winston Churchill succède à Lord Fischer reprenant son objectif d' aller vers une utilisation de plus en plus importante du pétrole. Dés mars 1926, suite à la publication d' un rapport de la commission gouvernementale;les mines sont jugées non rentables,et dorénavant il faut abandonner les subventions salariales et fermer des puits.

 La situation était mure pour un nouvel affrontement.

 Sachant qu'il allait devoir de nouveau se confronter aux mineurs, l' état avait depuis longtemps préparé sa panoplie répressive allant de la trahison syndicale à la mobilisation de la troupe en passant par les organisations de briseurs de grève. Le gouvernement fort de sa capacité à vaincre une nouvelle foi le fleuron de la classe ouvrière mis les syndicats en difficulté en imposant une menace de lock-out pour le 1er mai si les syndicats rejetaient ce que le gouvernement exigeait. C'est ainsi que le 1er mai , un million de mineurs furent lock-outé, cette action visait à faire plier le TUC qui immédiatement après le lock out se précipita à la table des négociations. Seulement la base des mineurs refusa le bradage négocié par le TUC , l' État se retira des négociations au prétexte qu'une grève illégale touche le Daily Mail.

 En effet , par solidarité avec les grévistes les ouvriers imprimeurs refusèrent de publier l' édition du 3 mai du Daily dont l' éditorial For King and Country ( « pour le roi et pour le pays ») était hostile aux mineurs. Cette réplique joua le rôle d'une étincelle et le 4mai 1926, il y avait entre 1,5 et 1,75 million de grévistes, tous les secteurs clefs de l' économie vont être paralysés : transport, gaz, électricité, industrie métallurgique et chimique, mines, port et docks , plus de quatre millions de grévistes défiaient le pouvoir royal.

 Le dirigeant des cheminots, J. H. Thomas,avait raison de déclarer, deux semaines avant la grève : “Parler actuellement comme si, dans quelques jours, tous les travailleurs du pays allaient être appelés à faire grève, c’est déchaîner des passions qu’on pourrait avoir du mal à contrôler.” Le pouvoir venait de comprendre que les mineurs ne suivrait plus le TUC et qu'il fallait « lâcher les chiens » pour la grande battue. Tout en décrétant l' État d' urgence, les permissions de l' armée et de la marine furent annulées et des troupes envoyées en Écosse, en Galles du Sud, à Londres et dans le Lancaschire.

 Une guerre de classe de neuf jours va s' engager

Un véritable plan de guerre fut établi en secret, partageant le pays en dix divisions, chacune dirigée par un Ministre ayant le pouvoir de contrôle sur les transports, le courrier, la distribution de nourriture et de charbon. Dans le même temps, le gouvernement créa des “Comités de service volontaire” et une “Organisation pour le maintien des fournitures”, avec pour objectif d’organiser des jaunes4 et de les former à conduire trains et camions. Enfin, une nouvelle force armée, la “Réserve Civile de Police”, composée d’ex-soldats “loyaux”, fut créée afin d’imposer l’ordre et de protéger les jaunes. L' État venait de prendre le relais du TUC incapable d' empêcher la grève par le simple fait, que les patrons des mines déclarèrent le 30 avril 1926 qu'ils refuseraient les mineurs qui n' accepteraient pas les conditions suivantes : une augmentation du temps de travail,et des accords salariaux locaux. En réplique, la classe ouvrière allait manifester massivement le 1er mai à Hyde Park à Londres. Les syndicats s' abaissèrent à vouloir négocier l'impossible. Le leader syndical de l' époque Jimmy Thomas en fera l' aveu :

J’imagine que mes critiques habituelles diront que je m’abaissais, et c’est vrai. Dans toute ma longue vie je n’ai jamais supplié et imploré comme j’ai supplié et imploré toute la journée d’aujourd’hui.”

 Dans le bassin houiller de Fife, en Écosse, les groupes une milice ouvrière d'environ 700 membres ouvriers empêchèrent l’activité des jaunes. Voici des extraits du rapport officiel qui fut tiré après la grève :

“L’organisation était bien huilée. Tout était arrêté — il y avait même des piquets sur les voies des chemins de fer. Le Conseil organisa un service de courrier sans pareil : trois voitures, 100 motos et autant de vélos que nécessaire. Ce système couvrit tout le Fife, amenant et diffusant l’information et transportant des orateurs partout dans le pays... Après des attaques policières contre les piquets, le Corps de Défense, qui rassemblait 150 travailleurs au début, fut réorganisé. A la fin, nous étions 700, dont 400 dirigés par des travailleurs qui avaient été caporaux pendant la guerre, à marcher en formation militaire à travers la ville afin de protéger les piquets. La police ne s’est plus montrée.”

L' armée mobilisée

 Au nom du principe démocratique, le gouvernement issu du suffrage universel va, contre les mineurs, déclarer l' état d'urgence et déployer l' armée dans les comtés industriel. La Royal Navy va de son coté mettre à quai des navires de guerre dans toute la Grande Bretagne, certains bâtiments furent positionnés dans les estuaires. Il y avait plus de 4 millions de grévistes, les travailleurs du bâtiment,du transport et du rail,les imprimeurs,la sidérurgie, la métallurgie, la chimie lourde... Le TUC ne répondait plus présent et avait perdu le contrôle de la situation, le gouvernement utilisa alors l'OMS (« Organization for the Maintenance of Supplies, OMS »),un organisme spécialement mis sur pied par Lloyd George pour briser la grève, sous couvert d' assurer un service minimum. Le groupe d'extrème droite (The Loyalists) se mis massivement au service de l' OMS. La situation mettait aux prises à ce moment la 3 millions de grévistes contre 323 000 antigrèvistes issu des classes moyennes et supérieures , le tout complété par l' utilisation de l' Emergency Power Act de 1920, permettant de mobiliser soldats et bénévoles pour faire fonctionner l' économie.

La fin de la grève et les briseurs de grève

Les fins de grève sont toujours le moment où la bourgeoisie va régler ses comptes avec ceux qui ont mené le mouvement hors des frontières du « droit de grève ». C 'est le moment où la justice de classe passe à l'œuvre et que des listes de grévistes s' établissent en secret pour l' avenir. La grève de 1926 ne fera pas exception, plus de 3000 grévistes seront inculpés et les salaires amputés. Les patrons menèrent partout des représailles contre les grévistes.

 

1Le plan Dawes est un arrangement des réparations dues par l'Allemagne signé le 24 juillet 1924, à la suite du traité de Versailles de 1919 Il se voulait de lutter contre l'hyperinflation de la République de Weimar. Ce plan conçu par un groupe d'experts financiers présidé par Charles G. Dawes fut mis au point sous l'initiative des gouvernements américain et anglais.

2 Durant la guerre, les mineurs, les dockers et les cheminots formèrent la Triple Alliance (il y a vraisemblablement dans ce nom une allusion provocatrice à l’autre Triple Alliance;Celle qui unissait avant la première Guerre Mondiale l’Empire allemand, l’Empire Austro-hongrois et l’Italie qui s’opposaient alors à la Triple Entente, réunissant la France, la Grande-Bretagne et l’Empire Russe.

3Pour les mineurs britanniques, le Vendredi Noir, se rapporte au 15 avril 1921, quand les chefs du transport et du rail syndicats ont annoncé leur décision de ne pas appeler à la grève de soutien aux mineurs.

4Il y a de nombreuses versions de l' origine du « jaunes » .Le premier syndicat jaune est fondé en novembre 1899 à Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire) par un petit groupe de mineurs qui refusent de participer aux mouvements de grève. Les grévistes s'en prennent alors à leur lieu de réunion (le Café de la mairie), leur jetant des pierres qui brisent les vitres ; les anti-grévistes décident alors de remplacer les vitres brisées par du papier jaune trouvé à la hâte, à partir de là les ouvriers anti-grève sont appelés « jaunes » ; la couleur jaune pourrait venir du fait que le papier avait été huilé, ou encore qu'il était enduit des œufs lancés par les grévistes. C 'est la version la plus courante en France. En Californie de la main d' œuvre chinoise, importée pour briser la syndicalisation...

2/5-Le rapport Samuel: une volonté de réforme du secteur des houillères

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