Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
SPARTACUS
Archives
Derniers commentaires
13 avril 2018

2/3-La révolution allemande et l' action des mineurs de la Ruhr

 

2/3- La révolution allemande et l' action des mineurs de la Ruhr

123670060_o

Dés l' année 1917, une déferlante de grèves spontanées gagne l'Allemagne. Il faut dire que bien que spontané ce mouvement était le résultat de discussions et accords pris par des hommes de confiance de diverses usines. La révolution russe d' octobre 1917 avait bien chauffé les esprits, d' autant que la défaite de la bourgeoisie allemande était imminente, et les désertions se multipliaient dans l' armée, comme va le souligner Henk Canne-Meijer :

« L’appareil d’Etat avait perdu toute autorité ; s’il s’écroulait, ici et là, ce n’était pas en conséquence d’une lutte acharnée et volontaire des travailleurs. Leur mouvement rencontrait le vide et s’étendait donc sans difficultés, sans qu’il fût nécessaire de combattre et de réfléchir sur ce combat. Le seul objectif dont on parlait était celui de l’ensemble de la population: la paix.

II y avait là une différence essentielle avec la révolution russe. En Russie, la première vague révolutionnaire, la Révolution de Février, avait balayé le régime tsariste ; mais la guerre continuait. Le mouvement des travailleurs unis trouvait ainsi une raison d’accentuer sa pression, de se montrer de plus en plus hardi et décidé. Mais en Allemagne, l’aspiration première de la population, la paix, fut immédiatement comblée ; le pouvoir impérial laissait place à la république. Quelle serait cette république ? »Henk Canne-Meijer (1938)

«  En novembre 1918, le front allemand s’effondra. Les soldats désertèrent par milliers. Toute la machine de guerre craquait. Néanmoins, à Kiel, les officiers de la flotte décidèrent de livrer une dernière bataille : pour sauver l’honneur. Alors, les marins refusèrent de servir. Ce n’était pas leur premier soulèvement, mais les tentatives précédentes avaient été réprimées par les balles et les bonnes paroles. Cette fois-ci, il n’y avait plus d’obstacle immédiat ; le drapeau rouge monta sur un navire de guerre, puis sur les autres. Les marins élurent des délégués qui formèrent un Conseil.

 Désormais les marins étaient obligés de tout faire pour généraliser le mouvement. Ils n’avaient pas voulu mourir au combat contre l’ennemi ; mais ils demeuraient dans l’isolement, les troupes dites loyales interviendraient et, de nouveau, ce serait le combat, la répression. Aussi les matelots débarquèrent et gagnèrent Hambourg ; de là, par le train ou par tout autre moyen, ils se répandirent dans toute l’Allemagne. Le geste libérateur était accompli. Les événements s’enchaînaient maintenant rigoureusement. »Henk Canne-Meijer (1938)

A l’automne 1918, ces mouvements, jusqu’alors sporadiques et cloisonnés plus ou moins les uns par rapport aux autres, prirent une forme précise et généralisée. Aux côtés des administrations classiques (police, ravitaillement, organisation du travail, etc.) parfois même - en partie - à leur place, les Conseils ouvriers prirent le pouvoir dans les centres industriels importants : à Berlin, à Hambourg, Brème, dans la Ruhr et dans le centre de l’Allemagne, en Saxe. Le contexte de l' après guerre avait considérablement affaibli le pouvoir de l' état, la place semblait libre et le mouvement ouvrier allait s' y engouffrer.


Seulement, cette impression d' enfoncer des portes ouvertes fut de courte durée, la sociale démocratie au gouvernement va s' allier avec les corps francs1 et procéder à une répression préventive. Le ministre socialiste Noske lâchera ses troupes réactionnaires des corps francs -parmi lesquelles figure Ernst Rohm, futur dirigeant nazi-. La répression contre révolutionnaire est terrible, en trois jour les révolutionnaires sont anéantis , la loi martiale décrétée, la ligue Spartacus liquidée et le 15 janvier 1919 ses chefs Rosa Luxemburg et Liebneck, sont assassinés,la « commune de Berlin » a vécue et la sociale démocratie jubile.

Néanmoins, le mouvement révolutionnaire n' est pas encore vaincu, A Berlin, une grève générale éclatera début mars 1919. Pour la vaincre, le pouvoir fit intervenir l' artillerie et les blindés. Les exécutions sommaires se multiplièrent. Léo Jogichés devint après l' assassina de Rosa Luxemburg et Lieblnecht le principal dirigeant du KPD, arrêté le 10 mars 1919 il est tué en prison par des policiers.

La sociale démocratie (SPD) entre le marteau et l' enclume.

La sociale démocratie, nous le verrons souvent au cours de cette brochure, considère (quand elle a le pouvoir gouvernemental), qu'elle doit comme gouvernement étatique « maintenir l' ordre » s' allier s' il le faut à la pire réaction pour cela. Lorsque qu' en février 1919 des piquets de grève sont attaqués dans la Rhur, nous voyons dans certains endroits le SPD s' opposer à la répression, dans d' autres y collaborer.2

Le SPD ne va pas rester longtemps entre le marteau et l' enclume, il choisit d' asseoir sa toute jeune république sur les baïonnettes des institutions impériales. La direction de l' armée ne lui apportera qu'un appui tactique, et va se retourner à la première occasion3, c' est ce qui se produira avec le putsch de Kapp. Dés mars 1920, les troupes du général Walther von Lüttwitz composée de 6000 hommes précédemment sous les ordres du socialiste Noske (en janvier 1919) occupent Berlin. Le gouvernement socialiste s'enfuit, et ne devra finalement son salut qu'à l'initiative des ouvriers en grève et à la formation de l' armée rouge de la Rhur.

Formation de l' armée rouge le 14 mars 1920

 

arm_e_rouge_de_la_rhur

 

En réaction au putsch de Kapp il va se former l' armée rouge de la Ruhtr (Rote Ruhrarmee) elle se compose de quelques 50 000 hommes armés, vétérans pour une grande partie de la première guerre mondiale. Soutenu par 300 000 mineurs en grève. Le 17 mars 1920, les troupes du capitaine Hasenclever, partisan de Kapp sont défaites,l' armée rouge capture armes et munitions et 600 paramilitaires du Freikorps Lichtschlag. Le 20 mars les conseils ouvriers prennent le pouvoir dans plusieurs villes de la Ruhr.

« La Rhur est alors le fief de la révolution en Allemagne. C' est là que l' influence de la gauche et des syndicalistes révolutionnaires est la plus forte. Mais aucun groupe n' est assez puissant pour déclencher lui-même un mouvement, et l'insurrection est une offensive spontanée du prolétariat ( c' est le premier et l' avant dernier pendant la révolution allemande, avant mars 1921). Au moment du putsch de Kapp, «  de nombreuses zones comme la Rhur et l' Allemagne centrale n' avaient pas encore connu les grandes défaites ouvrière des années précédente...4 » Par contre l' organisation du mouvement révolutionnaire dans la Rhur a souffert de la scission du KPD, car les unions y sont moins bien implantées, et leur faiblesse favorise les « anarcho-syndicalistes » hostiles à l' action politique qu'ils identifient en définitive à tout ce qui déborde le cadre de l' entreprise » (La gauche communiste en Allemagne 1918-1921, Denis Authier et Jean Barrot ed. Payot p.148)

 L' armée rouge ne parviendra pas à briser le pouvoir d' Etat.

Malgré une force de 80 000 et 120 000 prolétaires, un armement important réquisitionné, une artillerie et même une petite aviation, l' armée rouge finira par être vaincue. Le 24 mars, le général Oskar von Watter est aux commandes de la contre révolution et va réprimer l' insurrection. Le bilan est lourd, le 12 avril 1920, les combats prennent fin , plus de 2000 victimes l' Armée rouge est dissoute, l' heure de la répression systématique va sonner.

On dénombrera entre 1919 et 1922, 35 600 assassinats politique.

« L'insurrection de la Ruhr et sa répression ont une dimension directement internationale. Le bassin houiller de la Ruhr assure alors 70% de la production allemande de charbon, et possède une importance vitale pour l'industrie européenne elle-me, les bassins houillers français étant encore détruits par suite de la guerre. L'interruption de la production dans la Ruhr bloque très rapidement la vie économique en Allemagne,et devait bientôt se répercuter sur les autres pays. Or l' occupation militaire de la Ruhr par la Reichsweher5, afin de réprimer le soulèvement, était une violation des accords de Versailles. C'est par riposte que les Français occupèrent Francfort sur le Main, bloquant le trafic économique entre le nord et le sud de l' Allemagne,mettant l' économie allemande dans de nouvelles difficultés alors qu' elle était menacée par le mouvement révolutionnaire, les Anglais, conscients de l' importance de l' enjeu ( sauver le capitalisme en Allemagne) et par contre coup chez eux aussi), protestent auprès des français, et, mettant la solidarité entre capitaliste au dessus des querelles de revanche, révèlent l' importance révolutionnaire mondiale de l' insurrection de la Ruhr (6 ).Le massacre tiendra la Ruhr écrasée jusqu' en 1923 » (La gauche communiste en Allemagne 1918-1921, Denis Authier et Jean Barrot ed. Payot p.150)

 

Bibliographie indicative:

AUTHIER Denis et BARROT Jean, La Gauche communiste en Allemagne (1918-1921), Paris, Payot, 1976 ;

BROUE Pierre, Révolution en Allemagne (1917-1923), Éditions de Minuit, 1977 ;

MUSIGNY Jean-Paul, La Révolution mise à mort par ses célébrateurs même. Le mouvement des conseils en Allemagne, Nautilus, 2001 ;

PRUDHOMMEAUX André et Dori, Spartacus et la Commune de Berlin, Spartacus, 1977, avec l’excellente chronologie établie par Léon DUPUIS ;

---PAUL MATTICK La révolution fut une belle aventure, Paul Mattick, ed. L échappée,2013

Les localistes et la naissance de la FAUD 1919, la grève générale mars 1920 et l'Armée rouge de la Ruhr

NOTES

1« Les corps francs sont nés dans la période de débandade de l' armée et de l' état et ne servent que d' instrument à la contre révolution, en Allemagne et en Russie. Ils sont payés par l' État. Comme la situation semble se stabiliser, le gouvernement résout en partie leur problème en interdisant en septembre 1919 la création de gardes civiques, d' autre part en transformant purement et simplement de nombreux corps francs en unités de la Reichswehr. Mais il ne peut les intégrer tous, d' autant qu'il voudrait donner à l' armée un « vernis » républicain. Le gros des troupes qui vont participer à la tentative de Kapp sont des corps francs revenus de Russie après avoir pris part à l' intervention étrangère. Ils craignent d' être licenciés par l' application du traité de Versailles. Une fraction de droite, animé par Kapp, haut fonctionnaire prussien, prend contact avec leurs chefs pour une opération politique » (La gauche communiste en Allemagne 1918-1921, Denis Authier et Jean Barrot ed. Payot p.144) 

2 L’offensive contre révolutionnaire aboutit dans plusieurs cas à la dissolution forcée des conseils ouvriers.

3 Le général Groener expliquera que, pour la hiérarchie militaire, il fallait alors s’allier avec le SPD « considérant qu’en cet instant il n’existait pas d’autre parti doté d’une influence suffisante sur la population, en particulier sur les masses ouvrières, qui fût en mesure de rétablir le pouvoir gouvernemental». Autrement dit, un ralliement tactique et provisoire.

  • 4-La question syndicale ….p.23-24

5La Reichswehr, littéralement « force armée du Reich », était l'armée de la République de Weimar, de 1919 à 1935. Son organisation reposait sur le traité de Versailles

6« Bassin de la Ruhr et Francfort »,in Kommunismus,17 avril 1920.

suite

2/4-1926:La grève générale des mineurs britanniques

Publicité
Publicité
Commentaires
SPARTACUS
  • Information sur le mouvement des conseils ouvriers de la gauche germano-Hollandaise, ainsi que sur la lutte de classe dans le monde. voir en complément le site MONDIALISME. Pour correspondre:
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
SPARTACUS
Visiteurs
Hier 66
Depuis la création 320 781
Publicité