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25 mars 2020

La domination réelle du capital, force productive du capital et non force productive du travail.

Réponse à Florian El Mohammad sa lettre du 11 septembre 2018

 Dans ta lettre tu me demandes pourquoi je n' aborde pas la question du passage à la domination de la plus value relative où si l' on préfère la domination réelle du capital. Tout simplement parce que cette domination n' est pas nouvelle, bien qu'elle remplisse des pages; certains intellectuels ayant découvert le Graal que la machine remplace l' homme.

 Dans son texte « Les deux phases historiques du développement économique de la production capitaliste » Marx est assez limpide dans sa démonstration pour qu'il ne soit pas nécessaire de l' étoffer par de longs débats qui brouillent les pistes. Quelques citations suffiront à cerner de nouveau le passage à la domination réelle du capital A ses débuts, le capitalisme ne révolutionne pas les modes de productions antérieurs,il se greffe sur eux.

 « Le capital se soumet donc un procès de travail préexistant et déterminé; par exemple, le travail artisanal ou la petite agriculture paysanne autonome. Les seules transformations que l'on puisse enregistrer dans le procès de travail traditionnel, soumis au commandement du capital, ce sont les conséquences progressives de la soumission, désormais réalisée par le capital, des procès donnés et traditionnels du travail. » (chapitre inédit du Capital ed. 10/18)

« C'est justement par opposition au mode de production capitaliste pleinement développé que nous appelons soumission formelle du travail au capital, la subordination au capital d'un mode de travail tel qu'il était développé avant que n'ait surgi le rapport capitaliste.» (chapitre inédit du Capital ed. 10/18)

« la plus-value ne peut être extorquée qu'en prolongeant la durée du temps de travail, sous forme de la plus-value absolue.  La soumission formelle du travail au capital ne connaît donc que cette seule forme de production de plus-value. » (chapitre inédit du Capital ed. 10/18)

Cette période pré-capitaliste , n' est pas encore enfiévrée par la grande révolution industrielle, la seule qu'il nous faut admettre comme départ de toutes les autres, Cette révolution, celle du moteur à vapeur... « La bourgeoisie ne peut exister sans révolutionner constamment les instruments de production, ce qui veut dire les rapports de production, c'est-à-dire l'ensemble des rapports sociaux. » Le manifeste communiste

« Tout ce développement de la force productive du travail socialisé, de même que l'application au procès de production immédiat de la science, ce produit général du développement social, s'opposent au travail plus ou moins isolé et dispersé de l'individu particulier, et ce, d'autant que tout se présente directement comme force productive du capital, et non comme force productive du travail, que ce soit celle du travailleur isolé, des travailleurs associés dans le procès de production, ou même d'une force productive du travail qui s'identifierait au capital. » (chapitre inédit du Capital ed. 10/18)

Je souligne en gras cette évolution ou plutôt ce saut qualitatif qui s' opère, En effet dés la soumission réelle , le prolétariat perd sa centralité dans le procès de production, il n' est plus que la carcasse du temps.

"Dés lors, le procès de production cesse d'être un procès de travail, au sens où le travail en constituerait l'unité dominante. Aux nombreux points du système mécanique, le travail, n' apparaît plus que comme être conscient, sous forme de quelques travailleurs vivants. Éparpillés, soumis au processus d' ensemble de la machinerie, ils ne forment plus qu'un élément du système, dont l'unité ne réside pas dans les travailleurs vivants, mais dans la machine vivante (active) qui, par rapport à l' activité isolée et insignifiante du travail vivant,apparaît comme un organisme gigantesque. A ce stade, le travail objectivé apparaît réellement, dans le procès de travail comme la puissance dominante vis-à-vis du travail vivant, alors que, jusque-là, le capital n' était que la puissance formelle et s'appropriait ainsi le travail ." Grundrisse chapitre 3 ed 10 18 page 328

Nous avons la , d'un point de vue purement théorique, le passage de la domination formelle du capital à sa domination réelle. Nous savons que Marx et Engels se sont complètement trompés sur la période dite quaranthuitarde, voir leur autocritique dans « les luttes de classes en France » Il sont montés à « l' assaut du ciel », tout comme d' ailleurs la révolution bolchévique.

Marx finira par dire dans Appel au prolétariat anglais (1856)

« En vérité, cette révolution sociale n’était pas une nouveauté inventée en 1848. La vapeur, l’électricité et le métier à filer étaient des révolutionnaires infiniment plus dangereux que des citoyens de la stature d’un Barbès, d’un Raspail et d’un Blanqui. Cependant, quoique l’atmosphère dans laquelle nous vivons fasse peser sur chacun de nous un poids de 20 000 livres, vous en apercevez-vous ? Pas plus que la société européenne d’avant 1848 ne s’apercevait de l’atmosphère révolutionnaire qui l’enveloppait et l’oppressait de toutes parts.

Il est un fait écrasant qui caractérise notre XIXe siècle, un fait qu’aucun parti n’ose contester. D’un côté, des forces industrielles et scientifiques se sont éveillées à la vie, qu’aucune époque antérieure de l’histoire humaine ne pouvait même soupçonner. De l’autre côté, apparaissent des signes de déclin qui éclipsent les horreurs relevées lors de la dernière période de l’Empire romain. »

Le capitalisme avait encore de beau jours devant lui et la domination réelle du capital ne s'est pas faite du jour au lendemain mais selon un long processus planétaire,qui est toujours à l' œuvre. Pannekoek, après le désastre de la crise de 1929 va écrire :

«Une fois qu'il (le capitalisme) aura fait entrer dans son domaine les centaines de millions de personnes qui s' entassent dans les plaines fertiles de Chine et d' Inde, le travail essentiel du capitalisme sera accompli (…) Aussi l' expansion du Capital se trouvera-t-elle en échec.» (A.Pannekoek, Les Conseils ouvriers )

 Le passage effectif du capital à la domination réelle,va s’effectuer dans les pays industrialisés,et sera accompagné de deux guerres mondiales1, C' est à mon avis seulement au moment ou l'organisation scientifique du travail ( Taylorisme ,Fordiste...)2 se met en place en Amérique du nord, que la domination réelle du capital s' impose. Ce n' est d' ailleurs pas un hasard si c' est l' Amérique qui en prend la tête, Marx faisait déjà remarquer qu'

« En Amérique du Nord, où le salariat s'est développé sans être gêné par les vestiges et réminiscences de l'ancien ordre corporatif, etc., on observe la mobilité la plus forte des ouvriers, l'indifférence la plus complète à l'égard du contenu particulier du travail et une incessante migration d'une branche d'industrie à l'autre. Tous les auteurs américains mettent en évidence les différences entre le travail salarié libre du Nord et le travail esclavagiste du Sud. Le contraste est frappant entre la mobilité du travail salarié et la monotonie et le traditionalisme du travail des esclaves, qui ne change pas suivant les conditions de production, mais au contraire exige que la production s'adapte au mode de travail qui une fois introduit se répète inlassablement (cf. Cairnes) » (chapitre inédit du Capital ed. 10/18)

A ce sujet voir le très bon article d' Henri du N°158 « les structures du capital évoluent avec l' innovation..... » ou il traite de la France et de son entrée dans le « capitalisme moderne » en fait la domination réel du capital .

Le monde occidental était entré, dans ce qui fut appelé la production de masse, mais il restait encore l' Asie, l' Afrique et l'inde à conquérir, pour la Chine de Mao « le compter sur ses propres force » pour une accumulation primitive était tout simplement une supercherie du type du « grand bond en avant » . La réalité donnera raison à Deng siao ping et l'industrialisation monumentale de la Chine se fera grâce aux IDI ou IDE où la force de travail a encore une centralité économique, de même pour les zones économiques spéciales....ou l' exploitation se fait par l' extorsion de la plus value absolue.

« Mais à ces deux formes de plus-value correspondent deux formes distinctes de soumission du travail au capital ou deux formes distinctes de production capitaliste, dont la première ouvre toujours la voie à la seconde, bien que cette dernière, qui est la plus développée des deux, puisse ensuite constituer à son tour la, base pour l'introduction de la première dans de nouvelles branches de production. » (chapitre inédit du Capital ed. 10/18)

Depuis l'informatisation de la société, couplée avec les TIC, le monde entier est dans une nouvelle phase de son évolution. La loi El Khonery et la réforme du code du travail ne sont que la confirmation juridique de cette évolution, de même que l' expérience finlandaise d'un revenu pour tous. Ce n' est pas un hasard si mes articles insistent sur la montée des surnuméraires... Tout cela n' est pas un retour à Germinal, mais la marche en avant du capital. Ce n' est pas non plus un hasard si la numérisation est mise en avant, avec le Marketing visant a faire bosser gratos le consommateur, tendance que j' avais perçu des l' an 2000 mais qui devient maintenant opérationnelle au niveau planétaire, la sphère privée , celle ou on laisse le travail à la porte de l' entreprise est en passe d' être anéantie ( à ce niveau Gérard Filoche a bien cerné, en droit, le problème , avec le cas des cadres autonomes)

Comme s' acharne à le dire la revue Temps critique le travail est devenu inessentiel, au sens où temps critique pense que nous assistons à la fin du travail . Ce n' est pas du tout de cela qu'il s'agit chez Marx celui-ci restant rivé à la théorie de la loi de la valeur, l' axe qui détermine le tout. Marx parle de la domination réelle comme la suprématie des sciences et technique au service du capital. Ce qui veut dire que dorénavant se dresse en face du prolétariat le Capital comme force matérielle voulant l' éliminer comme étant un excrément de son évolution, le capital financier et la SA société anonyme pensent que l' argent doit rapporter de l' argent, comme le poirier des poires leur idéal l' économie rentière. Ce à quoi tendent les GAFAM...

Ce que les NTIC permettent, c'est d'étendre la domination réelle du Capital en dehors de son champ habituel, l' entreprise, de l' étendre à toute la société civile, ce que nous appelons notre vie privée. Hier je regardais un film qui prétendait, grâce aux algorithmes cibler les criminels potentiels à Chicago.

Pour terminer, il faut maintenant voir comment vont se développer les luttes, contre Big Brothers, car sans nul doute personne ne pourra supporter une telle dictature « sans botte »

G.Bad le 2 octobre 2018

C'est ainsi que la production capitaliste tend à conquérir toutes les branches d'industrie où elle ne domine pas encore et où ne règne qu'une soumission formelle. Dès qu'elle s'est emparée de l'agriculture, de l'industrie extractive, des principales branches textiles, etc., elle gagne les secteurs où sa soumission est purement formelle, voire où subsistent encore des travailleurs indépendants  [14].

« Mais à ces deux formes de plus-value correspondent deux formes distinctes de soumission du travail au capital ou deux formes distinctes de production capitaliste, dont la première ouvre toujours la voie à la seconde, bien que cette dernière, qui est la plus développée des deux, puisse ensuite constituer à son tour la, base pour l'introduction de la première dans de nouvelles branches de production. »

1A signaler aussi, la guerre de sécession ou Marx va soutenir le nord contre le sud : »En Amérique du Nord, où le salariat s'est développé sans être gêné par les vestiges et réminiscences de l'ancien ordre corporatif, etc., on observe la mobilité la plus forte des ouvriers, l'indifférence la plus complète à l'égard du contenu particulier du travail et une incessante migration d'une branche d'industrie à l'autre. Tous les auteurs américains mettent en évidence les différences entre le travail salarié libre du Nord et le travail esclavagiste du Sud. Le contraste est frappant entre la mobilité du travail salarié et la monotonie et le traditionalisme du travail des esclaves, qui ne change pas suivant les conditions de production, mais au contraire exige que la production s'adapte au mode de travail qui une fois introduit se répète inlassablement (cf. Cairnes) «  (chapitre inédit du Capital ed. 10/18)

2 « Le résultat matériel de la production - outre le développement des forces de production sociale du travail - est l'augmentation de la masse des produits, la multiplication et la diversification des branches et rameaux de la production, par quoi seulement la valeur d'échange se développe en même temps que les sphères d'activité dans lesquelles les produits se réalisent comme valeurs d'échange »chap inédit.

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