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18 septembre 2022

De Messmer à Macron, le discours du nucléaire

poings

Au moment où tous les projecteurs médiatiques sont braqués sur la centrale nucléaire de Zaporijjia et le risque d'un nouveau Tchernobyl suite à des bombardements autour de la plus importante centrale atomique d'Europe. Macron veut nous faire avaler les bienfaits du nucléaire face à la pénurie d'énergie conséquence de « la guerre en Ukraine » disons plutôt de l' inflation spéculative organisée à l' échelle internationale. Voici ci dessous le dernier texte de PMO sur le sujet, et un texte d' Echanges.

 De Messmer à Macron, le discours du nucléaire

A un demi-siècle de distance, Pierre Messmer, premier ministre, et Emmanuel Macron, président de la République, tiennent deux discours si frappants de similitude, qu’on ne peut y voir que des versions successives d’un même discours fondamental. L’un à la télévision, le 6 mars 1974 ; l’autre à Belfort, le 10 février 2022.

Face à la similitude des contextes - le choc pétrolier suivant la « guerre du Kippour », en 1974 ; et la crise énergétique, résultant en 2022 de l’explosion de la consommation, de la raréfaction des ressources, et du renoncement aux énergies carbonées (pétrole, charbon) ; l’Etat français réagit de la même façon. Le développement éperdu de sa filière électronucléaire accompagné d’une offensive rhétorique visant à justifier et à glorifier cette ruée vers l’atome.
L’invasion de l’Ukraine, le 24 février 2022, soit 14 jours après le discours de Macron, et les divers embargos, d’origine russe ou occidentale, frappant les exportations de gaz, de charbon et de pétrole russes, ne peuvent que renforcer cette impression de déjà-vu.

De ce discours du nucléaire, on peut relever quelques lieux communs.

1) La revendication du « progrès » fondé sur la rationalité techno-scientifique. C’était déjà l’ultima ratio de Pierre et Marie Curie, lors de leur discours de Stockholm, le 6 juin 1905 : « Je suis de ceux qui pensent, avec Nobel, que l’humanité tirera plus de bien que de mal des découvertes nouvelles (1). »

2) La revendication d’une tradition et d’une excellence nationales en la matière, remontant aux héroïques époux Curie, et poursuivie par leur fille et leur gendre, Irène et Frédéric Joliot-Curie, eux-mêmes pionniers de la Bombe et fondateurs du Commissariat à l’énergie atomique (2). Cette même excellence étant censée garantir la sécurité des Français vis-vis de tout risque de pollution radioactive ou d’accident nucléaire.

3) La défense de l’indépendance et de la souveraineté nationales, grâce au nucléaire, que ce soit en matière d’énergie ou en matière militaire – les deux étant d’ailleurs intrinsèquement liées, puisque toute technologie est duale, civile et militaire.

4) La « chasse aux gaspis » (1974). « L’énergie est notre avenir, économisons-la » (2022). L’appel aux citoyens et aux particuliers pour réduire, sinon pour rationner leurs dépenses énergétiques (chauffage, éclairage), afin de maintenir l’alimentation de l’Etat industriel. Cette participation au devoir civique induisant une soumission indiscutée aux consignes gouvernementales jugées vertueuses puisque, précisément, il s’agit de réduire la gabegie.

5) L’« ouverture » et même le « soutien » aux « énergies alternatives » et « renouvelables », éolienne, solaire, hydroélectrique, etc., censés prouver que l’Etat nucléaire n’est pas monopolistique. A condition bien sûr que ces « énergies de flux », qui ne peuvent fournir pour le moment qu’une « énergie d’appoint », soient technologisées et industrialisées – notamment sous la direction du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (3).

6) La lutte contre l’effet de serre et le réchauffement climatique, mise en avant dès 1976 par Louis Néel, directeur-fondateur du Commissariat à l’énergie atomique de Grenoble (1956), et prix Nobel de physique 1970, pour justifier l’industrie nucléaire et la construction de Superphénix, puisqu’il n’est pas question de remettre en cause « une société de consommation », avec une « certaine expansion industrielle (4) ». Où l’on voit ce que signifie vraiment cette injonction à « écouter les scientifiques », aussi bien répétée par Greta Thurnberg, la petite mascotte du pseudo - « mouvement climat », que par toutes les autorités politiques et médiatiques.

Bref. Nous avons demandé à Jean-Manuel Traimond et à ses amis du collectif Passerelle de lire pour nous ces deux discours de Messmer et de Macron, tels qu’ils se dupliquent à un demi-siècle de distance. On trouvera ici leur introduction, suivie des deux textes en question : https://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=1719


NOTES
1) Eve Curie,
Madame Curie, Hachette, 1958, p.175
2) Cf.
Françoise d’Eaubonne à Grenoble, par Le Casse-Noix, Pièce détachée n°95
3) Cf. Frédéric Gaillard,
Le soleil en face, rapport sur les calamités de l’industrie solaire et des prétendues énergies alternatives, L’Echappée, 2012
4) Cf.
Françoise d’Eaubonne à Grenoble, par Le Casse-Noix ; « Creys-Malville, le dernier mot » sur www.piecesetmaindoeuvre.com et dans Memento Malville, Pièce détachée n°14

Merci de faire circuler,
Pièces et main d’œuvre

ACHATS D'URANIUM QUAND LES ÉTATS-UNIS FINANCENT LA RUSSIE POUR QU'ELLE CONTINUE SA GUERRE EN UKRAINE

 

D'APRÈS LE QUOTIDIEN WASHINGTON POST du 30 avril 2022, les États-Unis paient chaque mois à la Russie 100 millions de dollars pour la fourniture d'uranium. Sous la pression de l'industrie

atomique américaine, et mondiale, le marché de l'uranium russe a été exclu de la volée de sanctions en représailles contre l'intervention russe en Ukraine. Pour tenter de sortir d'une telle situation paradoxale, le président Biden annonce un plan de plus de 4 milliards de dollars pour diversifier les fournitures d'uranium. Mais on ne s'introduit pas facilement sur un marché dans lequel on ne trouve que des contrats à long terme, garantis par des sanctions financières pharamineuses en cas de non-exécution, la régularité de ces fournitures étant absolument nécessaire en la matière. En 2020, la Russie représentait 6 % de la production mondiale d'uranium naturel, loin derrière le Kazakhstan principal pourvoyeur du combustible, avec 40,6 %, d'après les données du dernier rapport de l'agence européenne d'approvisionnement, Euratom (ESA). Sur le site de cette institution (1), on trouve également la liste des principaux fournisseurs de l'Europe en uranium naturel.

 En 2021, le Niger, le Kazakhstan et la Russie étaient les trois premiers importateurs de l'Union européenne. La Russie représentait 19,69 % du marché européen, derrière le Niger, 24,26 % et le Kazakhstan, 22,99 %. On trouve ensuite l'Australie et le Canada. Ces cinq pays fournissent ensemble 96 % de l'uranium naturel à l'Europe. La France a besoin de 8 000 à 9 000 tonnes d'uranium par an pour fabriquer le combustible alimentant son parc de 58 cenrales atomiques. La totalité de cet uranium est importée : l'exploitant EDF achète le combustible final auprès d'Orano (ex-Areva) qui sécurise son approvisionnement en exploitant de l'uranium dans différentes zones géographiques — principalement le Niger, le Canada, l'Australie et le Kazakhstan. Le groupe français extrait notamment de l'uranium au sein des mines d'Arlit au Niger, et de Muyunkum et Tortkuduk au Kazakshtan (via la co-entreprise Katco dont elle détient 51%, le reste étant détenu par KazAtomProm). Compte tenu du prix de l'uranium naturel sur les marchés, le montant des importations françaises d'uranium peut être estimé entre 500 millions et 1 milliard d'euros par an (ces importations ne sont pas prises en compte dans la facture énergétique française). Et une partie de ce pactole va, comme pour les États-Unis, financer l'intervention russe en Ukraine, bénéficiant de la dérogation générale de l'uranium russe dans les sanctions.

 (1) curopean-union.europa.eu/index_fr

22— ÉCHANGES 179 – ÉTÉ 2022

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