Risque accru de krach financier majeur
INFOS- en Ligne-en bref
Bulletin sur la lutte de classe dans le monde.
25 novembre 2007-N°130
Roubini : récession inévitable et risque accru de krach financier majeur
23 novembre 2007
« Je prévois maintenant le risque d’un effondrement aggravé du crédit et des liquidités se transformant en krach généralisé du système financier, d’une gravité et d’une ampleur jamais observée auparavant. » Nouriel Roubini est économiste et a occupé la fonction de conseiller auprès du ministre des finances dans l’administration Clinton.
Par Nouriel Roubini, 16 novembre 2007
Il est de plus en plus évident qu’une récession sévère est inévitable aux USA dans les mois prochains. Contre l’avis général prévoyant un atterrissage en douceur de l’économie et une résistance de la consommation, nous étions quelques uns à avoir averti il y a un an de cela que la combinaison de la récession immobilière allant empirant, d’une grave crise du crédit et de la finance, du renchérissement du pétrole et de consommateurs surendettés allaient produire une récession économique majeure.
Les preuves s’accumulent désormais, montrant qu’une récession est inévitable. Les déclarations répétées des membres de la Fed la Fed
Le changement d’état d’esprit de la presse financière et des plus éminents analystes du marché révèle qu’ils ont compris qu’une récession est très probable.
L’Economist a publié un article en page une affirmant qu’une récession est très vraisemblable. Plus encore, à Wall Street, certains analystes des plus réputés qui étaient partisans de la thèse de l’atterrissage en douceur (soft landing) ont maintenant modifié leurs prévisions et tablent sur un atterrissage violent (hard landing). Ce n’est pas uniquement David Rosenberg, de Merrill Lynch, qui se plaçait de façon informelle dans le camp des hard landistes, et qui parle désormais ouvertement d’une récession de la consommation. Ce n’est pas uniquement non plus Jan Hatzius, de Golman Sachs, qui était plus prudent sur la perspective de l’atterrissage, et qui aujourd’hui parle ouvertement de récession et d’un effondrement du crédit réduisant de 2 000 milliards le volume des prêts accordés.
Même dans des maisons emblématiques du camp des soft landistes, comme Morgan Stanley et JP Morgan, le ton est désormais complètement différent. A la Morgan
Berner commence par :
Des tensions sérieuses s’accroissent sur la consommation aux USA sur cinq fronts : la croissance de l’emploi se ralentit, l’augmentation des prix de l’énergie et de l’alimentation pèse sur le pouvoir d’achat, les prêts immobiliers à taux d’appel vont passer à leur taux nominaux, les critères des prêts vont se durcir, et la valeur du patrimoine immobilier va sans doute décliner. Est-ce que ces nuages noirs présagent d’une tempête sur la consommation ?
Et il conclut par :
Les risques sur la consommations s’accroissent et le risques de récession aux USA est plus élevé aujourd’hui qu’il ne l’a jamais été ces six dernières années ; l’immobilier connaît un déclin marqué, les consommateurs sont vulnérables et les entreprises pourraient restreindre leurs investissements et liquider leurs stocks. La contribution de la croissance mondiale forte est positive, mais les impacts de la faiblesse américaine sur ses partenaires commerciaux pourraient mettre à mal cette réserve de croissance. Ces tensions pourraient persister plus longtemps et être plus intenses que je ne l’avais prévu. Même si l’économie évite la récession, les profits des entreprises déclineront sans doute.
Même une banque constamment plus optimiste comme la JP Morgan la Fed la Fed
Les prévisions pour les USA sont en train de changer : contraction et assouplissement. La contraction [ de la demande ] due à l’énergie et au resserrement du crédit présage d’une perspective de croissance à 1% pour le trimestre en cours et suivant. La Fed
Lorsque le plus éminent et le plus respecté des analystes dans le camp du soft landing à Wall Street devient aussi pessimiste et commence à parler de la probabilité élevée d’une récession, du ralentissement de la croissance et de la récession de la consommation, on sait alors qu’il s’agit d’un discours codé admettant implicitement ce que bien peu d’analystes à Wall Street peuvent dire explicitement à cause des contraintes liées à leur situation.
Le débat porte désormais de moins en moins sur la question de savoir si nous allons vers une récession qui semble inévitable, mais sur son ampleur et sa durée. Les risques financiers et économiques sont bien plus sérieux que ceux d’une simple récession.
Je prévois maintenant le risque d’un effondrement aggravé du crédit et des liquidités se transformant en krach généralisé du système financier, d’une gravité et d’une ampleur jamais observée auparavant. Dans ce scénario extrême dont la vraisemblance augmente, nous pourrions assister à des scènes de paniques et de retraits en masse (run) dans quelques banques et autres institutions financières, qui pourraient tomber en faillite. Cela entraînerait un effet systémique en cascade sur les produits dérivés provoquant une crise sur ces marchés (imaginez la crise LTCM à la puissance trois), un effondrement du marché des obligations adossées à des actifs (ABCP) et un effondrement des SIV et des conduits. Nous assisterions à des pertes massives sur les fonds investissant sur les marchés monétaires, avec des retraits massifs et des ventes massives (run) qu’ils soient ou non soutenus par une banque, (avec un risque plus élevé pour ces derniers), des défaillances et des pertes grandissantes dans les subprimes (plus de (500 milliards) et les autres emprunts hypothécaires, entraînant de graves effets sur les marchés des CDO et des titres adossés à l’immobilier (RMBS) , des pertes massives sur les crédits à la consommation et les titres associés (CMBS), l’assèchement des liquidités et du crédit dans différents secteurs des marchés de titres remettant en cause la totalité du processus de titrisation, des retraits massif des fonds spéculatifs et des institutions financières qui ne peuvent faire appel à la Banque Centrale
Lorsqu’il y a un an de cela l’auteur de ces lignes mettait en garde contre le risque systémique bancaire et financièr, sous la forme d’une combinaison d’une crise de liquidité et d’une crise de solvabilité, comme on n’en a pas connu depuis des décennies, ces vues étaient considérées comme excessives. Elles ne le sont plus désormais lorsque Goldman Sachs écrit que le risque de contraction du crédit est de l’ordre de 2 000 milliards de dollars pour les quelques années à venir.
Il faut souhaiter que dès aujourd’hui quelques personnes parmi les gouverneurs et les membres de la Fed