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24 octobre 2010

Le droit de grève contre la grève. (1988)

INTRODUCTION. (Rédigé en 1988)

Depuis quelques temps, nous assistons à une vaste campagne anti­grève dans toute l'Europe occidentale. Après la RFA, la Grande Bretagne, l'ltalie... C'est maintenant un France que nous voyons se multiplier Procès, décret et amendements contre la grève (affaires Créteil, Bobigny, la Chapelle-Darblay, les dix de la CGT Renault, air inter, les fonctionnaires.) En ouvrant ainsi le procès de la grève, le pouvoir entend s'appuyer de plus en plus sur l'appareil judiciaire pour faire fonctionner à fond l'appareil exécutif en cas de "grèves sauvages ".

On peut se demander à juste raison, pourquoi, la classe au pouvoir s’en prend à son propre droit de grève au moment même où la statistique gréviste des dernières années constate (pour la France) un fléchissement constant de l'action gréviste.

La raison en est que la bourgeoisie a une vision qui s'étend au delà des frontières, et que le prolétariat est particulièrement actif dans les pays voisins Grande Bretagne Italie...). L'Europe Occidentale des années 1980 n"aura pas été de tout repos pour les capitalistes. Grèves sauvages, actes de violences, contrôle syndical de plus un plus difficile, pour rappel la Belgique en 1983 et 1996, le Danemark en 1985, les mineurs anglais 1984/1985, les cheminots français et étudiants 1986, les mineurs et métallurgistes d"Espagne, la naissance des COBAS en Italie

En fait, nous constatons que la bourgeoisie d"Europe Occidentale est aux prises avec des grèves qui débordent le cadre traditionnel du "droit de grève ". De ce fait elle tend à vouloir muscler un peu plus son espace judiciaire européen par une criminalisation de la grève.

En 1979 le CNPF (patronat français) s'inquiétait, dans une petite brochure portant comme titre "la violence dans l'entreprise" de la multiplication des actes de violences. La brochure en recensait plus de 300 rien qu"en 1979 (sabotages, séquestrations, occupations..).

Le journal patronal "LES ECHOS" du 1/10/07 se faisait le rapporteur de ce désastre permanent en ces termes :

"Les patrons ont d"abord riposté essentiellement par des mesures disciplinaires. A un moment donné, la coupe a été pleine et les employeurs n’ont plus supporté l'insupportable "

Analyse P Guillen qui, chaque mois à l'UIMN, recensait les séquestrations. Les employeurs ont alors redécouvert le droit commun des articles 1382 et suivant du code civil, pour assigner dans un grand désordre terminologique,  syndicats, délégués où grévistes, voire parfois les sections syndicales elles mêmes " constate S Taied avocat ".

Nous voyons donc, qu'en dehors de toute la propagande sur les "cercles de qualité", le " capitalisme populaire " et autres systèmes d"intégration, le contrôle social ne cesse de se lézarder doucement mais sûrement. Il n"en fallait pas plus pour que l'appareil judiciaire entre en action et prépare à coup de jurisprudences une définition de la "grève syndicale ", contre cette "association de malfaiteurs " qu'est la « grève sauvage » . Dés que la question sociale commence à s'exprimer, la bourgeoisie verrouille "ses libertés" et refait du neuf avec du vieux (loi la Chapelier, magistrature du travail sous Pétain-)

cheminotsLEGISLATIF ET EXECUTIF CONTRE LE PROLETARIAT.

Contrairement à ce que veulent laisser entendre tous les grands stratèges " démocrates " nous considérons qu'il n'y a pas de contradiction entre les différentes sphères de l’Etat (appareil-, judiciaire, policier, syndical-) mais complémentarité. Ce qui change c'est la méthode et le champ répressif qui se déplace selon les circonstances d'un pôle sur l'autre. Aujourd'hui c'est l'aspect législatif qui prend le dessus, demain ce sera l'exécutif, où l'ensemble de l'appareil l’Etat.

Nous venons d'en avoir la démonstration avec la grève de Renault CERGY. Dans un premier temps le juge refuse l'expulsion des grévistes (c’est la consigne depuis 1976) afin de laisser l'appareil syndical agir. Si rien ne se produit c'est l'exécutif direct qui intervient. 1

Cette tactique de la bourgeoisie est particulièrement nette depuis l'abolition de la " loi anticasseurs" et vise sans doute une redéfinition de cette loi à l'échelle européenne.

Alors que le prolétariat de "Corée du Sud" vient de faire voler, un éclats toute la législation antigrève du pays par des grèves illégales, violentes, dictatoriales. Les gouvernements d'Europe occidentale veulent nous réglementer nos grèves. Ils considèrent qu'il faut démocratiser l'entreprise afin de briser la communauté gréviste, la dernière qui résiste depuis des siècles à l'oppression et à l'exploitation. Non seulement ils veulent que la grève se couche, mais encore ils visent à en détruire les fondements humanistes de solidarité et d'entraide.

  • Par l'introduction du vote à bulletin secret démocratique et anonyme).

  • Par l"interdiction de la solidarité (Grande Bretagne).

  • Par la condamnation financière des grévistes au profit des non grévistes.

Pour l'instant, les partis et les syndicats n'osent pas trop se prononcer contre la grève, les élections présidentielles du 24 Avril et du 8 mai ne sont pas loin.Mais après le bain de jouvence des urnes, ils monteront tous au créneau pour justifier une nouvelle réglementation de la grève.

LES ÉCONOMISTES CONTRE LA GREVE.

Moins de 4 mois après le jugement du tribunal de Créteil, celui de Bobigny vient de juger illicite le préavis de grève des navigants d'air inter. Cela montre une fois de plus l'absurdité qu'il y a de déposer de tel préavis. C'est maintenant non seulement sur la bien fondé des grèves que l'appareil judiciaire entend agir, mais aussi sur la nature des revendications.'

Il y aurait selon les juges des revendications licites, et d'autres illicites. Celles acceptables par la bourgeoisie et l'économie nationale, et celles (3) qui de par leur nature même soutendent un caractère subversif en portant atteinte à la vie de l'entreprise. Ce recentrage sur l'économique avait déjà été expérimenté contre la célèbre grève des lips avec la revendication d’autogestion. Depuis la crise économique s'est accentuée, l'autogestion est maintenant au musée de l'histoire pour un certain temps, et dans un contexte où le mouvement gréviste est faible, l'ouvrier ainsi atomisé doit se tenir tranquille et comprendre " qu'il est dans la même galère que son patron ". C'est tout du moins ce que la CNPF essaye de faire admettre à la classe ouvrière avec son slogan «  L'entreprise d'abord ».

Les "économistes et les promoteurs du « Marketing social » essayent de faire admettre qu"il ne faut plus rien revendiquer,mais aussi que la liquidation des "acquis", la baisse des salaire  réels... est une nécessité pour la survie de l'entreprise.

D'ou cette tirade du CNPF de 1980 qui résume parfaitement la stratégie patronale, qui veut:

"Une société où la réalisation des besoins, humains fondamentaux, en dehors des besoins matériels de base (besoins d'affirmation de moi, mais aussi identification avec les autres, d'unité psychologique et d'enracinement social) passeraient de moins en moins par des actes de consommations matérielles (achat d'une voiture, la course à la richesse... (Impasse Capitaliste.)

Quelques années se sont écoulées depuis cette tirade, et la "renonciation à la richesse " -c'est à la classe ouvrière qu'elle s’ adresse-. La classe capitaliste a tout fait pour que la classe ouvrière perde pied dans son combat économique et social. Pour y parvenir la CNPF oeuvra pour que la classe ouvrière ne se sente plus exploité, il veut libérer l'ouvrier par restriction mentale. Ce n'est plus l'exploitation qu'il faut supprimer « c'est le sentiment d'exploitation la sentiment d'infériorité... »Tout ceci n'est que l'apologie d'une nouvelle mystique du travail qui a pour base sociologique " la lutte de tous contre tous ". Le discours actuel des " GAGNEURS" sur la méritocratie, la compétence, la performance, les cercles de qualité, la formation économique... en témoigne.

Malgré tout le battage fait pour instruire et civiliser économiquement les ouvriers, les former (aux licenciements) ou les déformer, les nationaliser ou les privatiser, le capitalisme populaire vient d'en prendre un sérieux coup avec l'effondrement boursier. Tous ceux qui s"enivraient avec l'intéressement, l'actionnariat et nous prônaient " LA RELIGION D ENTREPRISE "sont passés du confessionnal au purgatoire. Toute la politique des gagneurs se trouvait ruinée et en prime une grève (qui durera un mois) éclatait à la BANQUE DE FRANCE.

Pourtant, rien n"avait été laissé au hasard pour nous faire entrer en " religion ". L"esprit " gagneur "était présent partout pour remonter le moral des troupes en prévision de la grande croisade économique de 1992. Par le truchement des jeux, celui de la pub. par l'entremise du sport, le "gagneur " et surtout le vainqueur était partout, même les syndicats comme FO et la CGT se présentent comme "l e syndicat qui gagne". Dans les entreprises la relais est pris par le " marketing social'' dont l'objectif est d'effectuer un contrôle permanent du climat social dans les entreprises. Sondages réguliers, publicité sociale, vidéo d'entreprise, téléphone, EAO, journaux et tracts d'entreprise sont utilisés à cette fin.

LES SYNDICATS DÉFENDENT LE DROIT CONTRE LA GREVE.

Les syndicats, en tant que bureaucratie d" Etat, sont avant tout les défenseurs de l"économie nationale. Cela fait des lustres, que les syndicats acceptent de tenir compte de la sacro sainte économie nationale, qu"ils ne tarissent pas de défendre le service public (leur sinécure) contre les grèves. D'autre part n'ont ils pas tous, CGT comprise signé toutes les conventions contre les chômeurs, limités les revendications salariales au simple maintien du pouvoir d'achat sur Indice INSEE (indice truqué) pour ensuite en arriver à la désindexation des salaires sur les prix. Même les trotskistes ont rengainé l’arme de l'échelle mobile des salaires du programme de transition du prophète. Ils se sont tous coulés dans la gestion des comités d'entreprises qu'ils condamnaient en 1968.

La CFDT et la CGT n'ont elles pas fait l'éloge des lois AUROUX, n'ont-elles pas envoyé les ouvriers collaborer à la bonne marche de I' entreprise ('droit d'expression et conseils dl' ateliers). N'ont elles pas recentré leurs activités vers le dépouillement des livres de comptes ...

L'AUTOGESTION, le contrôle ouvrier et toutes ses belles réformes n"ont elles pas conduit la classe ouvrière dans l'impasse. Les lois Auroux, bien avant le tribunal de Créteil avaient pour objectif de mettre la muselière aux revendications quantitatives".

Encore une fois l'abstinence était mise en avant, et notamment par la CFDT qui se fera l' apôtre du qualitatif contre le quantitatif, dont GISCARD président de la république de l'époque disait), il faut

" La dépassement de la quantité vers la qualité du niveau de vie vers la genre de vie, de la rémunération du travail vers le contenu et le sens du travail " (la démocratie française 1976)

Bien avant le tribunal de Créteil, les syndicats prônaient l'austérité et la rigueur salariale. Dans un élan malheureux, E. MAIRE le leader de la CFDT trahissait sa pensée profonde-

."La vieille mythologie syndicale de la grève a vécu " Nov. 1985.

Il est de toute évidence que la défense du "droit de grève ",est dans l'esprit,syndical, une attaque en règle contre la grève elle-même.

« En réglementant la grève, le législateur renforcerait le caractère organisé de la grève syndicale, dont il accentuerait le caractère légal, alors que la grève sauvage deviendrait complètement illicite. Il renforcerait du même coup le pouvoir des syndicats, à qui il reconnaîtrait, en quelque sorte le monopole de la grève licite. » (Etudes Sociales et Syndicales)

Ce texte, résume fort bien le sans profond de la défense syndicale de la grève il fait d'ailleurs écho à une déclaration du BOBBY GODBELL le porte parole de la plus importante Cie minière d'Afrique du Sud

­

" Ce test (la grève) dont nous faisons présentement l'expérience doit ouvrir le chemin pour définir un cadre dans lequel la communauté blanche des affaires et les travailleurs noirs pourront partager le pouvoir. Dans cette grève, nous ne voulons pas détruire le syndicat. Ce qui importe, c'est de trouver un modèle de négociation (dans lequel les grèves seront impliquées bien sûr) qui nous donne la possibilité de les intégrer ''

Il s'agit en fait d'organiser le combat contre la grève elle même c'est à dire contre les grèves de solidarité (Grande Bretagne), les COBAS (Italie) la grève` des cheminots français de 86 et des mineurs d'Afrique du Sud ...Il s'agit de domestiquer la grève.

LE DROIT DE GREVE CONTRE LA GREVE.

Le droit est toujours la sanction codifiée d'une atteinte à la .liberté. Envisager la lutte de la classe ouvrière sous l'angle de la défense ou de l'acquisition d'un droit, c"est d'une manière comme d'une autre rechercher la conciliation avec l'Etat. Sur le plan directement pratique, c'est demander à la classe ouvrière, non pas de détruire la société bourgeoise (l’Etat de droits)  mais de s'en accommoder. S'en accommoder c'est le credo de tous les réformistes qui ne considèrent la classe ouvrière uniquement comme classe en soi, c'est à dire comme une addition de citoyen libre ayant pour caractéristique de vendre honnêtement leur force de travail. La classe ouvrière n'est alors qu'une classe exploitée et misérable dont le seul combat acceptable consisterait à lutter pour le respect des lois.

C'est se misérable objectif que les syndicats et réformateurs de tous bords offrent à la classe ouvrière au moment même ou le contraste social étend son horizon. De l'Est à l"Ouest et du Nord au Sud on s'arrache la dépouille de la défense des droits de l'homme et des droits démocratiques, chacun accusant l’autre, preuves à l'appui d'être un ogre sanguinaire.

C'est ainsi que dans le cadre de I"offensive lancée par Moscou, le PCF et la CGT mènent une véritable croisade en faveur des droits.

-Droit d'expression sur le bon fonctionnement des entreprises)

-Droit au travail et donc à I"exploitation perpétuelle.)

-Droit de vote pour les immigrés (et donc leur assimilation comme citoyen du Capital) ...

-Droit de grève (et donc réglementation et limitation de la grève.)

 

Pour nous, quand la bourgeoisie parle de droit, il s"agit pour elle de la défense de la propriété privée, de l'individu possédant. La bourgeoisie considère donc le "droit de grève'' comme une protection (un vaccin) contre les vraies grèves. De même elle considère le "droit au travail" comme une protection du Capital c'est à dire le droit à l'exploitation de l'homme par l'homme.

Revendiquer " le droit au travail, c'est revendiquer l'exploitation au lieu d'agir pour son abolition.

Les représentants de l'ordre capitaliste, se moquent totalement que les ouvriers soient sans ressource, pour la bonne et simple raison que la paupérisation à un pôle est la conséquence directe de l'accumulation de richesse à l'autre pôle. Il est dans la nature même du capital de procéder de la sorte, c'est pourquoi nous affirmons :

« LE PROLETARIAT NE PEUT ETRE LIBRE GRACE À LA LOI

MAIS EN DEPIT DE LA LOI. »

Reconnaître le droit, en prendre sa défense contre les abus, c'est ne rien comprendre au rapport social entre bourgeoisie et prolétariat. Le rapport de droit c'est celui du citoyen seul, atomisé sans défense, propriétaire de sa seule force de travail, qu’il échange de force à un employeur. Le rapport social est un rapport de force et ce rapport de force a justement pour caractéristique de violer les lois.

Toute l"histoire du mouvement gréviste va dans ce sens, des premières grèves des constructeurs de pyramides, qui se révoltaient régulièrement contre les conditions sociales de l'époque2 (4) en passant par les grèves de la Grèce et de la, Rome antique ainsi que par celle qui sévissaient sur les chantiers des cathédrales, la grève fut toujours un fléau pour les classes au pouvoir.

Depuis, malgré les répressions les plus horribles, malgré de véritables boucheries, la grève est toujours là, bien vivante  traversant les siècles et s'affirmant chaque jour davantage avec: un succès qui fait pâlir les marchands d'idéologies.

Toute l'histoire du mouvement gréviste n'est que répression (législative et exécutive). Sous le règne de François ler, suite à une longue grève des imprimeurs lyonnais, l"ordonnance dite de Villers-Catterêts, interdira les coalitions et le "monopole" (non donné à l"Époque à la grève). La révolution française, dès ses premiers" pas maudissait la grève. Tous les efforts de la constituante pour mettre un terme à la grève vont culminer la 22 octobre 1789 par la mise en place par Mirabeau d'un décret accordant aux municipalités la droit de proclamer la loi martiale. Ceci devait conduire la 14 juin 1791 à la fameuse loi le CHAPELIER, dont voici un extrait :

« Tous attroupements composés d"artisans, ouvriers, compagnons,, journaliers ou excités par eux contre le libre exercice de l'industrie et du travail, appartenant à toutes sortes de personnes et sous toute espèce de conditions convenues de gré à gré, au contre l'action de la police, et à l"exécution des jugements rendus un cette matière, ainsi que contre les enchère et adjudications publiques de diverses entreprises, seront tenus pour attroupement séditieux et, comme tels, ils seront dissipés par les dépositaires de la force publique, sur les réquisitions légales qui leur en seront faites, et punis selon la rigueur des lois sur les auteurs, instigateurs et chefs des dits attroupements et sur tous ceux qui auront commis des voies de fait et des actes de violence. »

Prendre la défense du droit, alors que la bourgeoisie et le prolétariat s'affrontent de nouveau directement, c'est en fait désarmer la classe ouvrière pour Ia faire sombrer dans le fabianisme 3 ). C'est dire aux ouvriers, vous avez des droits mais aussi des devoirs 4(6), et parmi ces devoirs celui de

travailler, d"avoir des revendications raisonnables et de faire des grèves syndicales.

Il n'y a qu"à prendre n'importe qu"elle grève digne de ce nom pour se rendre compte que les ouvriers en action n"en ont rien a foutre des DROITS ET DEVOIRS même si le 3ème couplet de « l'internationale » en parle. La première chose que font les ouvriers en grève, c'est d'occuper l"usine dans laquelle ils travaillent, c'est à dire qu'ils procèdent selon la loi à une violation de domicile, ensuite ils s"attaquent aux "jaunes" les anti-grévistes et donc à la sacro sainte LIBERTE DU TRAVAIL.

En procédant de la sorte ils s'attaquent à la CONSTITUTION qui se doit de faire respecter cette "liberté". D'autre part il est fréquent de retenir et de séquestrer les dirigeants d'entreprises, pour la bourgeoisie il s’agit d'une atteinte à la liberté individuelle et donc d'une prise d'otage. Il suffit de voir comment lors d'une simple retenue dans ses bureaux, le gouverneur de la Banque de France a procédé (300 CRS contre 150 grévistes, 5 blessés chez les grévistes dont un gravement) pour comprendre que par essence la grève est toujours hors des lois et quelle s'impose comme telle.

La grève dans sa réalité est la matérialisation de I"opposition du prolétariat au Capital et à ce qui l'engendre le travail salarié.

 

LA GREVE COMME GENESE DE L INTERNATIONALISME.

La grève est l'essence même de la tendance historique des classes opprimées et exploitées vers la révolution sociale. Elle ne saurait donc dans la réalité n'être limitée par aucune loi et ce, depuis plus de 3000 ans. De même les ouvriers ne sauraient limiter leurs revendications sociales à la hauteur des pertes du Capital sans se condamner aux mêmes à la déchéance et à la misère. C'est pourquoi, les internationalistes ont toujours fustigé les prétentions des "économistes" à vouloir convaincre la classe ouvrière aux restrictions. Marx dans « Misère de la philosophie " passe au crible les arguments des économistes socialistes contre les "coalitions ouvrières" et notamment le sieur Proudhon qui trouve.

" Que depuis quelques temps les ouvriers anglais ont perdu l'habitude des coalitions, ce qui est assurément un progrès, dont on ne peut que les féliciter mais que cette amélioration dans le moral des ouvriers vient surtout de leur instruction économique ".Ces gens là, ceux d'hier et d' aujourd 'hui ne voient dans la misère que la misère et non l'aspect subversif, révolutionnaire, des grèves et coalitions ouvrières.

Ils ne peuvent admettre que les ouvriers exigent des revendications qui ne tiendraient pas compte de la situation économique. Les communistes par contre. "doivent défendre ces revendications dans la lutte des masses sans s'inquiéter de savoir si elles sont compatibles ou non avec l'exploitation usuraire de la classe capitaliste III éme congrès de L' I.C.)

Par son aspect totalisant et organique, la grève est une situation insupportable pour l’ordre en place, parce que non seulement elle dépasse les volontés individuelles, mais aussi la volonté générale incarnée par l'Etat. C"est pour cette raison,qu"à l’0uest comme à l"Est la grève apparaît comme anti constitutionnelle et liberticide, comme un complot permanent contre l'ordre public, comme une déraison de l'ordre de la raison. La grève, est le moyen d'action historique de la classe ouvrière, la genèse et le mode de vie du prolétariat contre la non vie du Capital. Elle se présente donc (la grève) comme l'expression organique d"une volonté ancestrale inscrivant dans son action la lutte des classes et son dépassement, la rupture avec l'ordre des choses.

La grève est un état de fait, elle ne s'envisage pas sous l’angle de la légalité et du droit puisque dans son essence même, elle en est la négation critique. Que la classe bourgeoise cherche justement à mouler sa constitution sur le degré du lutte atteint, c'est son problème (sa manière de duper les ouvriers).Prenons comme exemple la grande grève de Corée du Sud, ou tous les interdits concernant la grève ont volé en éclats, de même récemment, en Grande Bretagne ou la grève de solidarité (interdite par la loi) s’est imposée. La défense de la grève n'est donc pas une question de droit (sauf pour les grèves syndicales) mais une question de force et d'organisation du prolétariat et par son coté dictatorial, la grève vous fait savoir messieurs les bourgeois.

« QU’IL EST INTERDIT D’INTERDIRE. »

 

Gérard Bad 1988

 

 

1 Le lundi 26 octobre 1987 à 16h les ouvriers du magasin de pièces de rechange de Renault (MPR de la Commune de Cergy qui faisaient grève ont été l’objet d’une véritable descente militaro/ policière. Un commando d’une centaine de nervis armés, couvert par la police, l’envoi d’hélicoptères de « l’amirauté » venant de Brest… Tout cela pour briser la grève et enlever quelques remorques et autres matériel de l’intérieur de l’entreprise. Une dernière, Paris et Bonn viennent de se mettre d’ accord pour la fabrication d’ un hélicoptère de combat ; ils en auront  besoin.

 

2 Il s'agit des grèves de l'époque de Ramsés III voir a ce sujet : "Histoire ancienne des peuples d'Orient classique Il Maspéro T 2 et «  la classe ouvrière sous les pharaons «  de Della monica 1975.

 

3 Fabianisme: La société' fabienne, Fondée en 1884 était u n organisation réformiste typique offrant une alternative au Marxisme. Ses membres se réclamaient du général romain Fabius Cunctator ( le temporisateur) dont toute la tactique contre Hannibal consista à éviter la bataille décisive. Les fabianistes opposaient en tant que socialistes " l"évolution " à la révolution H. Léon JOUHAUX le 21 juillet 1919 alors que la poussée révolutionnaire est un fait établi dira en bon concrétisateur du fabianisme :

« La Révolution, est-ce l"acte catastrophique qui détermine l'écroulement d'un système. Ou est-ce, au contraire, le long processus d"évolution qui, peu à peu  pénètre ce système ; l'action qui a sapé un régime et qui dans le sein même de ce régime, a constitué l’organisme nouveau. C"est là qu"est la Révolution pour les révolutionnaires conscients et cela n’a jamais été autre chose »

 

4 Dans le préambule des statuts de la 1ére Internationale, il est dit que la classe ouvrière doit se battre pour l'établissement de "DROITS ET DEVOIRS EGAUX ". Il s"agit la d’une concession de Marx aux proudhoniens comme en témoigne la lettre à Engels du 4 novembre 1884:

« J'ai été obligé d"accueillir dans le préambule des statuts, deux tirades sur le droit et devoir, ainsi que la vérité, la morale, et la justice, mais je les ait placées de telle sorte quelles ne causent pas de dommages.''

 

 

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