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15 avril 2020

INFOBREF N°537-Le confinement amplifie la numérisation du monde

 

INFOBREF N°537

 

France. Les choix industriels amplifient la catastrophe sociale. Contribution au débat pour le «plus jamais ça»

Publié par Alencontre le 1 - avril - 2020

Par Claude Serfati

Le choc mondial actuel se transformera en crise économique d’autant plus profonde – peut-être comparable dans son ampleur à celle de 1929 – que l’économie mondiale n’était pas vraiment sortie de la crise de 2008 (si on excepte la prospérité des marchés financiers). Cependant, cette crise mondiale prend des formes diversifiées selon les pays.

En France, la crise survient dans un contexte d’offensive budgétaire du gouvernement contre les hôpitaux et les soignants. La défaillance du gouvernement dans ce domaine est connue et dénoncée. Les défaillances industrielles en termes d’équipements médicaux vitaux (ventilateurs, test de diagnostics, masques,…) ont été brutalement révélées. Pour tenter de cacher son impéritie, le gouvernement a tenu des discours contradictoires sur la nécessité ou non de masques et de tests. Les défaillances industrielles ne s’arrêtent pas au médical, elles concernent de nombreux secteurs essentiels. Cet article fournit un éclairage sur les causes de cette situation. Clic sur le titre pour la suite

Comment le coronavirus en rend à la société

Le titre est amplement inspiré de l' article de Marx « comment le criminel en rend à la société » consultable sur le site archives marxistes

 - Comme toute guerre il s' agit d' étouffer dans l’œuf toute révolte et surtout celle venant du prolétariat révolutionnaire, c' est l' aspect principal de la lutte d' union nationale que la bourgeoisie mondiale met en avant avec « la crise du Coronavirus ». Elle veut ainsi reprendre la main, sur les mouvements sociaux qui se sont généralisés en 2019.

-Il pose à l' échelle mondiale et notamment dans les pays occidentaux la question de la vie et de la mort si coutumière en Afrique, aux Indes, dans les pays ravagés par les guerres. Il étend donc le filet de la mort à une échelle nouvelle. Comme la survie est historiquement un facteur de révolution, celui ci va d' autant plus se manifester dans les pays ou le « citoyen » se croyait protégé sécurisé par l' Etat.

-Il montre avec éclat, l'incapacité des gouvernants à anticiper de telle situation pourtant connue depuis longtemps, c'est donc au procès de cette incurie volontairement activée sous le vocable de « destruction de l' Etat providence » qu'il faut s' attendre à ce que le « plus jamais ça » ne marchera plus la population mondiale va réclamer des actes ou sans cela elle va montrer les crocs.

-Les« les forces productives ont cessés de croître » : le coronavirus a paralysé dangereusement l' appareil d' Etat mondial, et par conséquent nous permet de résoudre notre problème de la puissance armée, incapable malgré quelques exemples de protéger « ses frontières et ses citoyens » au grand dam de Zemmour autrement qu' en bloquant toute l' économie « le réve anarchiste de la gréve générale réalisé » .

-Le coronavirus aura montré ou se trouvent les vraies valeurs, le travail des salariés de la santé, les caissières, les routiers, les cheminots,les pompiers,les boueux … tous applaudis.Autre maillon suscitant l'inquiétude, les "retards aux frontières pour les containers" de marchandises, qui entraînent un "gâchis de produits périssables et une hausse du gaspillage alimentaire".

Au plus fort de la crise du coronavirus en Chine, des bateaux chargés de containers de lait en poudre venant d'Europe n'ont même pas pu être déchargés par manque de main d'oeuvre dans les ports, par exemple.

 -Le coronavirus favorise un renforcement/affaiblissement des Etats. Renforcement par une militarisation accrue et du pouvoir personnel ex récent en Hongrie.... Affaiblissement de son vernis démocratique l' état apparaît de plus en plus pour ce qu'il est une puissance armée du capital contre l' ensemble de la population mondiale, l'internationale des états capitalistes .

 -Le coronavirus démontre l' incurie des états à protéger « les citoyens », ceux ci se trouvent contraints d' agir et de s' organiser plus contre ce qu'ils ne veulent plus , plutôt que pour ce qu'ils veulent, ils sont le pôle négatif en action pour un véritable changement du système mondial. Ils sont comme la montée des océans et ses vagues successives qui viennent à bout des falaises.

-Le coronavirus permet de propulser et d'expérimenter à grande échelle le tout numérique ex le télé-travail, e-économie, l' économie dite collaborative, les consultations de médecins en vidéo c' est à dire la médecine connectée que contrôle les USA et Israël. Le smarphone est devenu une véritable borne de flicage des individus, avec amende délivrée automatiquement si l'individu sort de son trajet de confiné. Il préside, le coronavirus, à plus de pénétration par le truchement des NTCI nouvelles technologies de l' information et de la communication à ce que E.Snowden avait qualifié de « fascisme sans botte » . Utilisation à tous les niveaux de la médiation/contrôle de tout nos actes, destruction de toute vie privée, renforcement de l' « économie collaborative » capital de plus en plus anonyme.

-- Le coronavirus permet de masquer les conséquences des dernières débâcles boursières. Le coronavirus à fait sauter les dernières barrières des monétaristes, les banques centrales n' en finissent plus d'injecter de la « fausse monnaie » préparant ainsi une dévalorisation financière à la hauteur de cette production de « faussaires ». Tout repli sur l'or « la relique barbare » n' aura qu'un effet limité l'or ne représente plus qu'une valeur marchandise.

 -Le coronavirus favorise toutes les tractations en bourses. Les investisseurs parient sur l'augmentation des ventes de certaines entreprises dans les prochains mois. Comme toujours lors d'une crise sanitaire, le citoyen lambda devrait s'empresser de remplir ses placards de boîtes de conserve et son frigo de produits surgelés pour parer à toute pénurie. Une aubaine pour les leaders de ces secteurs.

-Dans le monde fictif des bourses et des finances mondiales, un climat d'euphorie incontrôlable a régné parmi les investisseurs qui, comme s'ils organisaient une orgie à des funérailles, ont versé des milliards en actions et ont fait grimper l'indice Dow Jones de près de 7,5 %. Des gains substantiels ont également été enregistrés par le DAX allemand (en hausse de 6 %) et le FTSE britannique (en hausse de plus de 3 %).(sources wsws)Fiction, réalité et la crise mondiale du capitalisme

 -Le secteur médical est aux anges,les entreprises du secteur de la santé sont dans une forme éclatante. L'action d'Euromédis, leader français des gants médicaux à usage unique, a bondi de 244% en un mois. De même, la valeur de l'action Biosynex, entreprise alsacienne qui développe et commercialise des dispositifs médicaux pour le dépistage de certaines maladies, a été multipliée par deux (+101%) sur la même période.

Dans une moindre mesure, Boiron (+1,23%) surperformait ce jeudi par rapport au CAC 40 (-3,32%). Dans un secteur différent, Orapi, leader français des produits d'hygiène professionnels, prenait plus de 20% ce jeudi.

 Même son de cloche sur les marchés américains: Clorox, connu pour ses lingettes décolorantes et désinfectantes et ses produits d'entretien ménager, a augmenté de 13% depuis le début de l'année. La société surpasse le S&P 500 de 17 points de pourcentage sur la période. Dans le secteur alimentaire, les célèbres soupes Campbell grimpaient dans la journée de lundi, bien qu'elles aient depuis rejoint la tendance baissière du marché. De même Lamb Weston Holdings, qui fabrique des aliments surgelés, est en hausse de 1,4% sur le mois dernier, à rebours du reste de l'industrie américaine.

Mais le grand gagnant de ces derniers jours, à tous les points de vue, est l'entreprise pharmaceutique Gilead Sciences, dont le médicament Remdesivir fait actuellement l'objet d'un essai clinique comme traitement possible du virus. Le cours de l'action de la société pharmaceutique a bondi de près de 20% depuis début janvier.

-La Chine de par son succès contre le coronavirus, se prépare à prendre une place sur le podium du Big Pharma au plus tard en 2025.

-Nous somme en GUERRE vient de déclarer le Malbrough français Macron, et comme dans toute guerre les industries se doivent de produire pour le front. Hier l' industrie automobile devait sortir des chars, aujourd'hui elle doit produire des appareils respiratoires. En France et dans le monde entier, les constructeurs et les équipementiers auto mettent à disposition leurs ingénieurs ou leurs matériels afin d'accélérer la production d'appareil d'assistance respiratoire.

-Ces dernières semaines, un engouement est né pour vanter les « biens faits écologiques de la crise du Coronavirus ». Les excès d’émissions de gaz à effet de serre, notamment du CO2, dans l’air sont la principale cause du réchauffement planétaire. Pour cause, d’après une étude récente, les émissions de gaz carbonique étaient d’environ 400 millions de tonnes en 2019 de la mi-février à début mars. Au mois de février 2020, on note forte baisse avec des émissions de 300 millions de tonnes. Cette chute a d’abord commencé en Chine, premier émetteur mondiale de C02 et plus précisément à Wuhan, l’épicentre de l’épidémie du Coronavirus et tend à se généraliser à l’échelle planétaire.

-Les trois organisations internationales s'inquiètent d'autres facteurs menaçant la chaîne alimentaire mondiale.

Le "ralentissement de la circulation des travailleurs de l'industrie agricole et alimentaire" bloque de nombreuses agricultures occidentales. Avec la fermeture des frontières due au coronavirus, elles se découvrent toutes en même temps dépendantes de main d'oeuvre venue d'ailleurs: latino-américains aux Etats-Unis, Maghrébins pour récolter les fraises en Espagne, backpackers européens en Australie, travailleurs agricoles d'Europe de l'Est dans les champs d'asperges en Allemagne...

- le coronavirus et la chute du prix du pétrole- En effet, on estime que la seule réduction de l’utilisation de l’automobile aux États-Unis a entraîné une chute étonnante de 5% de la demande mondiale de pétrole – soit à peu près la même chose que si l’ensemble de l’Europe, de l’Afrique et du Moyen-Orient avait simultanément cessé de rouler. Le directeur exécutif de l’Association internationale de l’énergie, Fatih Birol, a estimé le 25 mars que la demande mondiale de pétrole pourrait diminuer d’environ 20 millions de barils par jour, une prévision qui a maintenant été révisée à 30 millions de barils par jour. Cette chute de la consommation mondiale d’énergie est sans précédent, tant par sa brutalité que par sa profondeur, et dépasse toutes les autres crises majeures du siècle dernier – y compris la dépression de 1929 et le krach financier mondial de 2008.(sources alencontre)

A suivre



Matthieu Amiech, Le confinement amplifie la numérisation du monde

Apéros Skype, soirées Netflix, militantisme 2.0… La numérisation du monde est en marche. Pour éviter que l’épidémie de coronavirus nous fasse « basculer dans la civilisation du sans contact », il faut réfléchir à « desserrer l’étau numérique sur nos vies », estime Matthieu Amiech dans cet entretien.

Reporterre — Comment traversez-vous cette période ? 

Matthieu Amiech — Au-delà des multiples difficultés personnelles que la situation entraîne, on sent qu’on vit un moment crucial. Cette crise sanitaire et économique peut favoriser de nouvelles éruptions de colère populaire, aussi bien que le basculement durable vers un ordre social plus autoritaire. Une épidémie, c’est un moment propice à la centralisation accrue du pouvoir politique et administratif, un moment où la peur peut être source de solidarité mais aussi de conformisme, d’appels à la répression. Il est difficile de critiquer les mesures d’exception qui sont prises, voire de continuer à réfléchir par soi-même, indépendamment du tourbillon d’informations et de commentaires.

Les premiers jours de mars, le débat public était dominé par les critiques de la mondialisation, du néolibéralisme, voire du transport aérien et de la croissance. Mais depuis la mise sous cloche de la vie sociale et l’aggravation de l’épidémie dans certaines régions du pays, ce sont les discussions sur les moyens numériques de contrôle de la contagion qui sont frappantes et inquiétantes. On fait presque partout l’éloge du traçage électronique des personnes porteuses du Covid-19, tel qu’il est pratiqué en Corée ou à Taïwan. Alors que les décideurs lancent des ballons d’essai à ce sujet dans les médias pour savoir « si nos sociétés sont prêtes à accepter cette atteinte aux libertés », des applications du smartphone fleurissent déjà en Occident, et certains États comme l’Italie s’appuient sur les opérateurs téléphoniques pour vérifier que les citoyens respectent le confinement. Bref, on ne sait pas si l’épisode actuel va déboucher sur la décroissance de quoi que ce soit, mais on voit bien que la décroissance du numérique n’est pas prévue !

Comment le confinement pourrait-il accélérer la numérisation de la société ?

Il pousse beaucoup de gens à passer plus de temps derrière les écrans pour travailler, s’approvisionner, suivre l’actualité et les réseaux sociaux ou simplement se divertir. On observe aussi dans les milieux alternatifs et militants le souci de mettre en place des outils numériques qui permettent de garder le contact et d’organiser l’entraide. C’est devenu un réflexe, l’unique manière dont on pense pouvoir conserver des liens, se parler, prendre des initiatives collectives : les conversations par Skype, les groupes Whatsapp, les plateformes, etc. Dans un contexte où les rapports directs et physiques sont interdits en dehors du foyer, tout est réuni pour que l’emprise du numérique sur nos vies se renforce.

Le réseau Internet tel qu’il existe va-t-il supporter cette hausse de la consommation ? Celle-ci ne va-t-elle pas favoriser les projets d’élargissement de la bande passante et de mise en place rapide de la 5G ? En Italie, avant l’épidémie, il y avait un début de fronde contre la 5G ; aujourd’hui, cette parole est très difficilement audible, d’autant que Huawei se met en avant pour aider le pays à se relever.

Que provoquent le confinement et la numérisation ?

Le confinement tend à nous priver de monde, au sens qu’Hannah Arendt donne à cette notion, dans La Condition de l’homme moderne (Calmann Levy, 1958). Un sens à la fois culturel et politique. Elle estimait que la civilisation moderne, tournée vers la production et la consommation de masse, faisait globalement rétrécir notre monde commun, qui existe pour elle par l’action et la délibération politiques.

Avec l’épidémie et le confinement, nous sommes non seulement privés de monde au sens culturel et politique, mais aussi de monde sensible : les rassemblements sont interdits — mêmes les cérémonies funéraires —, de nombreux marchés sont fermés, et les randonnées en forêt ou en montagne peuvent être sanctionnées. La seule chose qu’on nous laisse, notre seul accès au monde, c’est l’écran d’ordinateur. On s’y engouffre d’autant mieux que les outils numériques ont cette capacité de donner l’illusion qu’ils maintiennent ou recréent le monde autour de nous – l’illusion d’être ensemble, alors que nous sommes isolés.

Vers quoi tendons-nous ?

Le risque est que l’épisode en cours nous fasse pour de bon basculer dans la « civilisation du sans contact ». Ce n’est pas une tendance nouvelle : en 2000, l’anthropologue Philippe Breton soulignait déjà que le développement (et le culte) d’Internet était sous-tendu par une fuite devant les corps, une hantise des contacts physiques et de la violence que les corps peuvent se faire. Avec ce coronavirus, cette hantise est validée et décuplée, puisque les rencontres peuvent conduire à une contamination, et potentiellement à la mort. Comment imaginer que cela ne laisse pas de trace et n’accélère pas certains processus, surtout si le confinement dure – pour plusieurs milliards de personnes en même temps ?

Un peu partout, on se met à interdire les marchés de plein air, endroits s’il en est de contact humain, de sociabilité. Mais pourquoi fermer ces marchés si on laisse ouverts les supermarchés ? Pourquoi ne pas plutôt aider à les organiser dans des bonnes conditions sanitaires ? Cela traduit un manque de confiance dans la population, et probablement une volonté politique de favoriser la grande distribution.

Autre évolution, complémentaire : dans les supermarchés, précisément, les haut-parleurs diffusent des messages demandant aux clients de privilégier le paiement en carte bleue, si possible « sans contact ». Or, on sait qu’une partie des élites économiques travaillent ces dernières années à la suppression de l’argent liquide, à l’électronisation totale de la monnaie. Là encore, avec le coronavirus, ce projet trouve un relais important car les pièces et les billets qui passent de poche en poche peuvent être vecteurs de contamination. La pression sociale en faveur du « sans contact » est donc maximale.

Cette numérisation semble inéluctable…

Oui, car elle constitue un projet politique, porté par les acteurs les plus puissants. Déjà, en temps normal, une grande partie de l’énergie des décideurs est déployée pour aller vers plus de numérique. Le quinquennat d’Emmanuel Macron en est l’illustration : via son plan Action publique 2022, le gouvernement actuel a l’ambition de numériser l’ensemble des services publics en supprimant notamment les guichets physiques dans les gares, les postes, etc.

La crise sanitaire vient amplifier ce phénomène. Quelle est la problématique des gestionnaires, pour maintenir le bateau capitaliste à flot et assurer l’approvisionnement de la population dans les mois à venir ? Il faut que la machine productive tourne, mais avec le moins de contacts humains possible. Aujourd’hui, c’est une nécessité sanitaire pour ne pas propager le virus. Mais on peut le voir comme une simple accélération de mutations déjà à l’œuvre : des entreprises de la Silicon Valley, des groupes de réflexion patronaux, des technocrates de Bruxelles ou Pékin travaillent depuis longtemps à ce type d’organisation économique.

La situation profite aux géants du numérique comme Amazon, Google, Netflix, etc.

Il faut avoir le courage de dire, sans complotisme, que pour l’industrie du numérique, la crise sanitaire est « une divine surprise ». Au sens où les historiens ont parlé de « divine surprise »pour décrire ce qu’avait ressenti une partie de la bourgeoisie française quand les nazis avaient balayé l’armée tricolore en quelques semaines. Pour les élites qui voulaient se débarrasser du spectre du socialisme et du Front populaire, moderniser le pays, la victoire de l’Allemagne avait représenté une opportunité.

Aujourd’hui, le coronavirus crée une aubaine pour tous les acteurs qui portent le projet de numérisation du monde. Les mesures de confinement rendent les populations captives des industries numériques, qui peuvent développer leur business, et même jouer les bons princes. Google s’est précipité pour proposer ses services aux enseignants et aux parents pour communiquer entre eux, quelques heures à peine après la fermeture des écoles ! C’est choquant.

De nombreux militants s’organisent via internet pour développer des formes d’entraide, quel regard portez-vous sur ces initiatives ?

Nous sommes tous immergés dans ce monde numérisé et surconnecté. Les Gilets jaunes ou Extinction Rebellion ont énormément utilisé ces canaux de communication. Beaucoup de gens y ont leurs habitudes, et c’est inévitable qu’ils les gardent dans ce contexte d’atomisation. Vu ce qu’on sait de l’impact écologique colossal du numérique, il serait sensé de ne pas aller plus loin dans cette direction. Mais la prise de conscience est encore très limitée et douloureuse à ce sujet.

Résister à la stratégie du choc, cela devrait pourtant aussi consister à desserrer l’étau numérique sur nos vies et nos échanges d’idées. Au minimum, se dire que lorsqu’on lance un mot d’ordre, une initiative politique ou une campagne médiatique, on doit réfléchir à ne pas faire tout reposer sur le numérique, à entretenir ou recréer d’autres façons de faire, pour ne pas se retrouver chaque fois un peu plus acculé sur le web.

On observe des solidarités dans le monde réel : des personnes font des courses pour des personnes âgées, on applaudit les soignants, certains organisent des manifs à leur fenêtre. Peut-on s’organiser en dehors du numérique ?

Bien sûr, des choses intéressantes émergent. La question, c’est comment faire pour que l’élan de solidarité ne soit pas entièrement canalisé par le numérique ? Va-t-on réaliser qu’une authentique réappropriation de notre vie matérielle ne peut pas s’appuyer sur la haute technologie ? Les vrais problèmes et les vraies solutions sont ailleurs, dans le monde concret.

Près de chez moi, des infirmières ont demandé à une costumière du coin de leur fabriquer des blouses blanches, car elles n’arrivaient plus à s’en procurer. Avec la fermeture de nombreux marchés, des gens s’organisent directement avec les producteurs pour fixer des points de distribution, du coup plus ou moins clandestins. Et avec la contraction économique qui se profile, il va falloir beaucoup de travail et d’inventivité pour tisser des réseaux d’approvisionnement à la base de la société.

Un autre enjeu capital est le refus de la surveillance par drones, smartphones, reconnaissance faciale, qui se met en place ces jours-ci. Une partie suffisante de l’opinion va-t-elle se manifester fermement contre le traçage électronique ? L’imposition de ce genre de mesures amènera-t-elle des gens à abandonner leur smartphone ? J’ose encore l’espérer.

Matthieu Amiech est l’un des animateurs des éditions La Lenteur. Il est l’un des auteurs de La Liberté dans le coma, essai sur l’identification électronique et les motifs de s’y opposer (La Lenteur, réed. 2019) et participe aux activités du collectif Écran total, qui fédère des résistances à l’informatisation du travail et de la vie quotidienne.

Propos recueillis par Gaspard d’Allens

Interview publiée sur le site Reporterre le 30 mars 2020.

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