Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
SPARTACUS
Archives
Derniers commentaires
13 septembre 2021

INFOBREF N°551-Inflation,prix du gaz,préjugés sur les pauvres

INFOBREF N°551


L'inflation continue de progresser en France, +1,5% sur un an

L'inflation française continue d'être tirée par la forte hausse des prix dans le secteur de l'énergie. La flambée des matières premières (bois, mousse, etc) commencent aussi à se faire sentir sur la hausse des prix. Cette hausse des indices des prix à la consommation touchent l'ensemble de la zone euro, alors que la BCE a décidé de modifier son seuil d'inflation, et que des nouvelles mesures de politiques monétaires sont attendues la semaine prochaine.

latribune.fr

13 Juill 2021, 12:00

Les prix de l'alimentation (-0,2%), du tabac (+5,3%) et des services (+0,8%) ont, eux, à peu près conservé leur tendance de mai. (Crédits : Reuters)

La pente inflationniste continue de progresser en France. Elle a légèrement accéléré en en juin, à 1,5% sur un an, poursuivant sa tendance des mois précédent, relèvent mardi les chiffres définitifs de l'Insee.

"Sur un an, les prix à la consommation augmentent de 1,5%, après +1,4% en mai", résume dans un communiqué l'Insee, confirmant des estimations données deux semaines plus tôt. La hausse des prix s'explique en premier lieu par le secteur de l'énergie où ils ont bondi en juin de 10,9% par rapport à un an plus tôt. C'est toutefois un ralentissement, comparé à mai (+11,7%).Principale nouveauté par rapport au mois précédent, les prix des produits manufacturés ont rebondi. Ils marquent en juin une hausse de 0,7% alors qu'ils s'inscrivaient en légère baisse (-0,1%) en mai. Cette progression s'explique notamment par la hausse des matières premières. Le bois (+25% en un an), la mousse (+48%) ou encore l'acier (+30% en six mois) ont vu leur prix flamber

Les prix de l'alimentation (-0,2%), du tabac (+5,3%) et des services (+0,8%) ont, eux, à peu près conservé leur tendance de mai.

Sur un mois, l'ensemble des prix à la consommation ont augmenté en juin de 0,1% après +0,3% le mois précédent. Enfin, l'indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH), qui sert de base de comparaison au niveau européen, a augmenté de 1,9% sur un an, après 1,8% en avril.

L'inflation reste vive en Europe, et particulièrement dans la zone euro. Si elle a un peu freiné le mois dernier en Allemagne, après cinq mois de progression, elle reste proche de son niveau le plus haut depuis septembre 2011, à 2,3% en juin. Outre-Rhin, ce sont également l'envolée des prix de l'énergie qui dopent la hausse des prix. Sans les prix de l'énergie, l'indicateur affiche une hausse d'1,6% sur un an.

Et au Portugal les prix à la consommation ont continué de progresser en juin sur un an, avec une hausse de 0,5%, après 1,2% en mai.

2% d'inflation : le nouvel objectif clair de la BCE

La Banque centrale européenne mise sur une accélération des prix de 1,9% sur l'année pour la zone euro, avec un tassement attendu par la suite car des effets temporaires, comme la pénurie de composants pesant actuellement sur les prix, auront disparu.

Dans le cadre de sa nouvelle stratégie, la Banque centrale européenne a annoncé jeudi dernier un nouvel objectif d'inflation de 2% à moyen terme, remplaçant le mantra "proche mais inférieur à 2%" qui a prévalu durant 18 ans.

Ces modifications devraient donc entraîner des réorientations dans l'action de Banque centrale européen afin de tenir ce nouvel objectif. Elles seront communiqués après la prochaine réunion de politique monétaire prévue le 22 juillet, a expliqué Christine Lagarde, à la tête de la BCE.

Les marchés restent prudents en attendant ces annonces. Ils regardent surtout du côté des Etats-Unis, qui doivent publier en fin de journée ses chiffres de l'inflation. Elle dépasse désormais largement les 2% sur un an, cible de la Fed, la banque centrale américaine. La hausse des prix a continué son ascension en mai, grimpant à 3,9%, mais a, sur un mois, ralenti à +0,4% après +0,6% enregistré en avril, selon l'indice PCE publié par le département du Commerce, et que suit particulièrement la Fed.

(avec AFP)



Hausse du prix du gaz: voici pourquoi le tarif réglementé connaît autant de fluctuations

La Commission en charge de la régulation du gaz naturel en France a annoncé une nouvelle hausse des tarifs réglementés dès le 1er septembre 2021. Le prix du gaz devrait augmenter de 8,7 % à cette date.

La Commission de régulation de l’énergie a annoncé une nouvelle augmentation des tarifs réglementés hors taxe d’Engie pour le mois de septembre 2021. Le prix augmentera de 8,7 % par rapport au barème en vigueur applicable depuis le 1er août.

 

Depuis le mois d’avril 2021, le prix par kWh en centimes d’euro n’a cessé d’augmenter. Il est passé de 7,9 centimes en avril à 9,34 centimes en août. Cette année, les prix ont été revus à la hausse en janvier, février, mars, mai, juin, juillet, août et désormais septembre. À cette échelle, on ne parle que d’une très faible différence mais sur une année, cela peut représenter d’importants coûts pour les foyers.

 

François Carlier, délégué général de l’association de consommateurs Consommation Logement Cadre de Vie (CLCV) explique que « pour l’instant, cela n’a pas trop de conséquences parce que les gens n’utilisent pas trop le gaz, à part pour la cuisson, mais en hiver, les factures risquent d’être douloureuses. »

L’augmentation ne concerne pas tous les Français car certains choisissent de souscrire à une offre annuelle fixe et ne sont donc pas touchés par ces variations mensuelles. Dans l’Hexagone, environ 2,8 millions de consommateurs résidentiels sur un total de 10,7 millions (soit 26 %), sont titulaires d’un contrat au tarif réglementé de vente de gaz naturel auprès d’Engie en France.

 Des coûts qui se répercutent sur la facture des consommateurs

 Ce tarif peut évoluer tous les mois : rester identique, être revu à la hausse ou à l’inverse, à la baisse. La formule de calcul qui détermine son évolution est basée sur les coûts d’approvisionnement, les coûts de transport, de distribution, de stockage et de commercialisation. Les coûts d’approvisionnement couvrent l’achat de gaz naturel auprès des producteurs et prennent en compte les extractions des gisements et le transport jusqu’aux frontières françaises.

 En sachant que 99 % du gaz consommé en France est importé, des événements ponctuels comme l’augmentation des prix au niveau mondial ou encore des faibles niveaux de stockage se répercute inévitablement sur la facture des consommateurs.

Cette facture est différente en fonction de l’utilisation du gaz dans les foyers. Il existe trois types de forfaits chez Engie : le tarif de base pour « la cuisson uniquement » (la gazinière), le tarif B0 pour le double usage (cuisson et eau chaude) et le tarif B1 pour alimenter le chauffage principal.

Des fluctuations liées au contexte économique et social

Depuis le 1er janvier 2019, le tarif réglementé de vente de gaz d’Engie a connu de nombreuses variations. Aucune hausse n’a été du prix du kWh n’a été notifié entre janvier et octobre 2019. Cette période a été fortement marquée par la crise des Gilets jaunes et après des semaines de lutte, le gouvernement avait annoncé le gel du tarif réglementé du gaz jusqu’en juin 2019 ainsi que le report de la hausse de la TICGN (Taxe Intérieure de Consommation sur le Gaz Naturel).®) :
(tronc et membres) :
Durant la période où le pays était confiné et le plus fortement touché par la pandémie, entre novembre 2019 et juin 2020, les prix se sont aussi retrouvés extrêmement bas en raison d’une faible demande.

Faut-il poursuivre le déploiement du compteur Linky ?

Concernant la hausse du mois de septembre, la Commission de régulation de l’énergie affirme qu’elle est observée dans tous les pays européens et asiatiques et s’explique notamment par la reprise économique mondiale, mise en pause plusieurs fois à cause de l’épidémie de Covid-19. La demande de gaz naturel est donc extrêmement importante, notamment dans les pays d’Asie où les prix du gaz naturel liquéfié (GNL) se retrouvent extrêmement élevés.



IMPÔTS, FRAUDE, ASSISTANAT, VOTE RÉAC: ces préjugés sur les pauvres qui ne supportent pas l’épreuve des faits

5 septembre 2021 ROBERT GIL 1 Commentaire

Recherche menée par Robert Gil

 Alors que la campagne présidentielle démarre, les discours anti-pauvres et anti-immigrés font plus que jamais recette. Fraude aux allocations, faible participation à l’impôt, violences conjugales, natalité excessive, oisiveté, pollution… A en croire les colporteurs de ces préjugés, ceux qui possèdent le moins seraient responsables de tous les maux qui frappent la société. Sauf que… faits, chiffres et études battent en brèche ces faux arguments, qui nous détournent des vraies responsabilités. L’association ATD quart monde a récemment publié un ouvrage intitulé « En finir avec les idées fausses sur les pauvres et la pauvreté ». Basta ! s’en est inspiré, pour rappeler quelques évidences… trop souvent oubliées.

Qui est pauvre en France, en 2018? Il y a la pauvreté monétaire, facile à mesurer quantitativement. Le seuil de pauvreté fixé par l’Insee à 60% du revenu médian – les personnes percevant un revenu inférieur à 1 000 euros par mois – concerne 8,6 millions de personnes. Près de 5 millions d’entre elles touchent moins de 840 euros mensuels. Mais la pauvreté ne se limite pas à la faiblesse des revenus disponibles. Être en situation précaire, c’est aussi cumuler plusieurs insécurités : celle de l’emploi et du logement, la possibilité de se nourrir convenablement, d’assurer ses obligations familiales, de se chauffer correctement… Ces aspects sont plus complexes à estimer quantitativement.

 Quelle que soit la manière dont on la mesure, la pauvreté et les personnes qui les subissent font l’objet de bien des clichés, en particulier lors des campagnes électorales. La « pauvrophobie » s’installe, sous diverses formes : de la culpabilisation des chômeurs qui se complairaient dans l’assistanat sur le dos de ceux qui travaillent, aux arrêtés anti-mendicité édictés par plusieurs villes, jusqu’aux incendies volontaires qui visent des centres d’hébergement. Non contents de frauder et de ne pas payer d’impôts, les pauvres seraient en plus davantage réactionnaires et racistes que les autres, explique-t-on à chaque nouvelle élection surprise.

 « Qui aime vivre en étant traité « d’assisté », de « cas social » ? Qui souhaite connaître la honte de pousser la porte d’un service social ou d’une association caritative pour une aide, quand on doit nourrir ses enfants ? », interpelle Marie-France Zimmer, militante de d’ATD Quart-Monde, association qui compte 18 000 adhérents et qui vient d’éditer l’ouvrage « En finir avec les idées fausses sur les pauvres et la pauvreté ». Basta ! S’est inspiré de cet ouvrage pour battre en brèche quelques-uns de ces préjugés, parmi les plus répandus.

.

 Préjugé n°1 : les pauvres pourraient travailler s’ils le voulaient

 Près des deux tiers des Français seraient convaincus que « si l’on veut travailler, on trouve » [1]. Comme plusieurs ministres d’ailleurs : l’ancien ministre du Travail François Rebsamen et Myriam El Khomri qui lui a succédé ont déclaré que plusieurs centaines de milliers de postes – 400 000 pour le premier, 300 000 pour la seconde – étaient « abandonnés » chaque année faute de candidats [2].

 « Ce qui freine la reprise d’emploi, c’est le manque de moyens de transport, de formations adaptées, de modes de garde accessibles pour les enfants, les problèmes de santé et surtout le manque d’emplois décents et suffisamment rémunérés », explique Jean-Christophe Sarrot, co-auteur de l’ouvrage publié par ATD quart monde. Les personnes pauvres sont aussi victimes de discrimination à l’embauche : à qualification égale, un français perçu comme étant « d’origine immigré », postulant pour un emploi, a cinq fois moins de chances qu’un autre d’obtenir un entretien [3]. Une personne qui fait apparaître sur son CV un emploi en insertion ou un foyer d’hébergement comme domicile a également moins de chance de décrocher un rendez-vous. Par ailleurs, entre 2007 et 2011, un demi million de personnes ont renoncé à un poste en raison de problèmes de logement et du surcoût de la mobilité exigée. Il y a enfin des offres d’emploi farfelues : par exemple une heure de ménage par semaine, en pleine campagne, le dimanche.

.

 Préjugé n°2 : les pauvres ne paient pas d’impôts

 Combien de fois entend-on que la moitié des Français ne paient pas l’impôt sur les revenus, tandis que les classes moyennes aisées seraient « matraquées » par le fisc ? Oui, les personnes en situation de pauvreté « échappent » à l’impôt sur le revenu. Elles paient cependant comme tout le monde le principal impôt, la TVA perçue sur tous les produits et service qu’elles achètent, qui constituent 50% des recettes fiscales de l’État. Les personnes célibataires qui gagnent plus de 10 700 euros par an – soit plus de 892 euros par mois – paient aussi la contribution sociale généralisée (CSG) et la contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS). Ces deux impôts contribuent au financement de la sécurité sociale.

 Résultat : les 10% de la population française qui ont les revenus les plus bas paient en moyenne 40 % d’impôts – le taux moyen d’imposition – quand les 0,1% les plus riches en paient environ 35%. Si « matraquage fiscal » il y a, ce sont les pauvres qui le subissent. Comment s’explique cette inégalité flagrante ? Même avec des revenus mensuels d’environ 1 000 euros, une personne va contribuer aux cotisations sociales, aux impôts sur la consommation, à l’impôt sur le revenu, qui mobilisent une proportion beaucoup plus grande de ses maigres revenus que les 0,1% les plus aisés qui touchent plus de 250 000 euros par an. Et ces données ne prennent pas en compte les niches fiscales, grâce auxquelles une partie des plus hauts revenus diminue encore davantage leur taux d’imposition.

.

 Préjugé n°3 : les pauvres touchent des aides indûment ou fraudent massivement

 Si elle est bien réelle, la fraude aux prestations sociales est très faible par rapport aux autres types de fraudes, notamment la fraude fiscale. En 2016, la fraude au RSA a coûté 100 millions d’euros à l’État, soit 30 fois moins que la fraude fiscale qui a  amputé le budget de la France de plus de trois milliards d’euros. Et 168 fois moins que la fraude patronale aux cotisations sociales, estimée par la Cour des comptes à 16,8 milliards en 2012 (lire ici). La fraude douanière coûte, elle, plus de 400 millions d’euros.

 Reste la question des fraudes aux prestations familiales, estimée à un milliard d’euros. « En face du milliard d’euros de fraudes estimées aux prestations familiales, alignons les montants estimés des non-recours à ces mêmes prestations, propose Jean-Christophe Sarrot : 5,3 milliards pour le RSA, 4,7 milliards pour les prestations familiales et le logement, 828 millions pour l’allocation personnalisée d’autonomie (APA), soit, au total, environ 11 milliards « économisés » chaque année par l’État. » La complexité des démarches et leur dématérialisation croissante, la volonté de ne pas dépendre de l’aide publique, le manque d’information, le souhait de ne pas être contrôlé ou la crainte de la stigmatisation expliquent cette proportion importante de personnes qui renoncent aux aux aides sociales auxquelles elles ont pourtant droit. En 2015, la Caisse nationale d’allocations familiales a détecté 40 000 fraudes, pour un montant total avoisinant 250 millions d’euros (soit 6250 euros par fraude avérée).

.

 Préjugé n°4 : les pauvres profitent des logements HLM et du RSA

 65 % des familles vivant dans la pauvreté sont logées dans le parc privé, le plus souvent dans des situations de logement dégradé et surpeuplé. Cette situation n’est pas prête de s’inverser, vu le coût sans cesse croissant des logements HLM : la part du loyer et des charges sur les revenus des locataires HLM est passé de 16% en 1984 à 23% en 2011. Résultat : les bailleurs sociaux accueillent de plus en plus de classes moyennes.

 « À l’opposé de ce que pensent les trois quarts des Français, on ne peut pas gagner plus avec le RSA qu’avec le Smic », insiste Jean-Christophe Sarrot. Le montant du Smic net mensuel est de 1 144 euros en 2016, celui du RSA est de 525 euros (461 euros en cas d’aide au logement). Un couple avec deux enfants de moins de 14 ans et percevant chacun le RSA ainsi qu’une aide au logement vit avec 1 523 euros par mois. S’ils travaillaient chacun payé au Smic, ils gagneraient 2 211 euros par mois, soit une augmentation de 45%.

 Les pauvres feraient-ils alors des enfants pour s’enrichir ? Le taux de fécondité des familles ouvrières françaises est à peine plus élevé que celui des familles cadres : 2,3 enfants contre 2,2 enfants ! On estime que les aides sociales et fiscales couvrent à peine un tiers des dépenses liées à un enfant pour les familles les moins fortunées [4].

.

 Préjugé n°5 : les pauvres se désintéressent de la politique ou votent FN

 En 2012, 67% des personnes les plus précaires disaient avoir de très fortes intentions de voter au scrutin présidentiel. « C’est moins que pour les personnes plus favorisées, mais cela montre que le lien avec la politique résiste à l’insécurité économique, à l’isolement social et à la stigmatisation rencontrés par les personnes en précarité, alors même que les débats politiques abordent peu, en général, les questions qui les concernent directement, voire les stigmatisent » , remarque Jean-Christophe Sarrot.

 Lors de la dernière élection présidentielle, Marine Le Pen a doublé son score chez les électeurs précaires (20 %) par rapport aux plus favorisés (11 %). Mais, plus que les catégories les plus appauvries, c’est davantage les classes moyennes inférieures menacées de déclassement : ouvriers, employés, voire petits patrons. Bref, ceux qui ont un petit patrimoine, possèdent parfois leur logement, ont un statut social et craignent de le perdre. « Paradoxalement, ce ne sont pas les plus pauvres qui votent FN, éclaire le démographe Hervé Le Bras. Ils sont plutôt abstentionnistes ou ne sont pas inscrits sur les listes électorales. Les chômeurs, par exemple, ne sont pas plus frontistes que le reste de la population. Plus que la condition sociale ou la profession, ce qui regroupe les électeurs de ce parti, c’est plutôt le sentiment de ne pas s’en sortir face à la crise, et de ne pas avoir d’avenir [5]. »

.

 Préjugé n°6 : les pauvres polluent et se foutent de l’écologie

 Le bilan carbone – émissions de gaz à effet de serre par an généré par le mode de transport, d’alimentation et d’habitat – d’un cadre supérieur est de 8 580 kg de CO2. Celui d’un ouvrier est de 6 828 kg. Il pollue donc 20% de moins qu’un cadre (la moyenne est de 7 388 kg de CO2 pour l’ensemble de la population) [6]. « On peut imaginer sans grand risque d’erreur que les personnes confrontées au chômage et à la précarité polluent encore moins que les ouvriers », relève Jean-Christophe Sarrot. Au quotidien, les familles en précarité mettent en œuvre des pratiques dévalorisées par notre société de consommation et qui peuvent soutenir la transition écologique : faire durer les objets, les remettre en état et les réutiliser, prêter et s’entraider, économiser l’énergie. »

 S’ils génèrent moins de pollution, les pauvres en subissent en revanche les conséquences, plus encore que le reste de la population. « À Paris, ce sont les familles précaires qui souffrent le plus des pics de pollution, parce qu’elles habitent dans des endroits exposés, par exemple à proximité du périphérique et qu’elles ont peu de moyens de s’y soustraire, n’ayant pas de quoi partir en vacances ou en week-ends. » Les bénéficiaires de la CMU souffrent d’ailleurs plus de maladies respiratoires chroniques que le reste de la population (57 pour 1 000 contre 35 pour 1 000). Et aux États-Unis, l’industrie du gaz de schiste est accusée de venir « mettre ses déchets chez les Noirs et les pauvres ».

.

 Préjugé n°7 : les pauvres ne savent pas gérer leur budget

 Les pauvres sombreraient dans le consumérisme et dépenseraient à tout va, en se surendettant pour un écran plat ou un smartphone. « La diffusion des téléphones portables et des écrans plats s’est tellement répandue qu’ils ne sont plus vraiment un signe d’opulence, avance Jean-Christophe Sarrot. Et comme le rappelle Joseph Stiglitz (ancien économiste en chef de la banque mondiale et prix Nobel d’économie en 2001, ndlr) dans son ouvrage sur les inégalités, ce n’est pas en vendant leur télé que les personnes pauvres vont pouvoir se payer durablement à manger, se soigner ou financer les études de leurs enfants [7] ! » Le fait de ne pas pouvoir manger de la viande régulièrement serait un indicateur de pauvreté plus « fiable ». Selon Eurostat, en 2015 en France, 7,3 % de la population était dans l’impossibilité de manger de la viande au moins un jour sur deux. C’est l’un des taux les plus élevés d’Europe (7,5% en Allemagne, 2,6 % en Espagne, 1,7% au Danemark).

 « En matière de gestion financière, les personnes en précarité déploient bien souvent un grand savoir-faire », souligne Jean-Christophe Sarrot. « Je tiens un cahier où j’écris tout ce que je dépense, témoigne une mère de famille. Je mets la date, la nature de l’achat, le prix et je fais le solde. Je fais des choix, le premier choix c’est pour mon fils quand il veut et que je peux [8]. » « Le réseau Crésus, qui gère les dossiers de surendettement, nous rappelle que l’incapacité à gérer un budget familial touche toutes les couches de la société », ajoute Jean-Christophe Sarrot.

.

 Préjugé n°8 : les pauvres frappent leurs femmes et maltraitent leurs enfants, par ailleurs plus réceptifs à la propagande islamiste

 La maltraitance des enfants existe dans tous les milieux sociaux. Si les familles défavorisées sont souvent sur-représentées dans les statistiques, c’est parce qu’elles sont plus observées que les autres par les services sociaux. Il est plus facile pour les familles aisées d’éviter les investigations. Il en va de même pour les violences faites aux femmes. Plus facilement dans le collimateur de la Justice et des services sociaux, les hommes violents des milieux pauvres sont plus souvent repérés. Les plus riches, que l’on soupçonne moins, ont en plus les moyens de s’entourer d’un réseau de soutien et se payer de bons avocats.

 « Des jeunes de tous milieux et de toutes convictions religieuses sont touchés par la propagande de l’État islamique, note par ailleurs Jean-Christophe Sarrot, y compris dans les classes moyennes et supérieures [9]. » « Il n’y a pas de profil type pour ceux qui partent en Syrie, hormis leur jeunesse, rappelle de son côté l’anthropologue Alain Bertho que Basta ! avait interviewé peu après les attentats de Paris, en novembre 2015 (Voir l’entretien ici). Un tiers environ sont des convertis à l’islam ; il y a des jeunes issus des cités, qui ressentent la stigmatisation depuis des années ; d’autres ont un métier et une famille ; certains ne fréquentaient pas les mosquées mais leurs ordinateurs. »

.

 Préjugé n°9 : tout le monde peut se retrouver à la rue, faire la manche peut rapporter gros

 Les trois quarts des personnes sans domicile fixe sont passées par des foyers ou ont été placées en famille d’accueil au cours de leur enfance. Si elles ont été retirées à leurs parents, c’est qu’elles ont souvent été victimes de violences graves. La moitié d’entre elles ont été marquées par la maladie ou le décès d’au moins un de leurs parents avant l’âge de 18 ans, soit trois fois plus que le reste population. Un tiers des personnes à la rue ont connu des difficultés économiques avant l’âge de 18 ans, taux là encore trois fois plus élevé que chez les personnes occupant un logement ordinaire.

 Même si la peur de se retrouver seul et sans domicile est très répandue parmi celles et ceux qui se sentent victimes de déclassement, « le risque est en réalité très faible pour celui ou celle qui peut compter sur un réseau social et un métier », éclaire Jean-Christophe Sarrot. Quant à l’idée de se la couler douce en faisant la manche, elle est elle aussi battue en brèche. Une personne qui fait la manche sur un trottoir parisien voit défiler entre 850 et 3 000 personnes par heure, pour un gain quotidien dépassant rarement les 10 ou 30 euros. C’est en moyenne deux fois moins pour les Roms [10].

.

 Préjugé n° 10 : l’immigration augmente massivement en France

 Entre 1975 et 2013, l’immigration a augmenté de 1,4 point : de 6,6% en 1931, la part de la population immigrée est passée à 7,4% en 1975, pour arriver à 8,8 % en 2013. Nous sommes très loin des 23 % qu’imagine une partie des Français [11]. Et contrairement à ce qu’affirme le maire de Béziers, Robert Ménard, qui promet une invasion de syriens à ses concitoyens, la France accueille très peu de réfugiés. Entre 2011 et 2015, seulement 10 000 syriens ont obtenu les statut de réfugiés en France, soit 2 000 en moyenne par an, alors que l’Allemagne en a accueilli plus d’un million rien qu’en 2015.

 La France n’attire guère. En septembre 2015, sur les 1 000 réfugiés arrivés en Allemagne que l’on proposait d’accueillir, seuls 600 ont accepté. « Beaucoup savent qu’ils ne sont pas attendus à bras ouverts : en 2014, la France a rejeté 83 % des demandes d’asile, bien plus que ses voisins européens », remarque Jean-Christophe Sarrot. Soumis à des démarches complexes et parfois opaques, sans droit de travailler – en Allemagne, les demandeurs d’asile peuvent travailler au bout de trois mois – sans autre aide que la faible allocation pour demandeur d’asile (de 200 à 340 euros par mois) et l’aide médicale d’État, la plupart d’entre eux sont condamnés à vivre dans une grande précarité [12].

.

 Préjugé n°11 : les étrangers sont attirés par notre protection sociale et ils nous coûtent cher

 Les conditions d’accès à notre protection sociale sont restrictives. Pour prétendre au RSA par exemple, les personnes issues d’un pays non membre de l’Union européenne doivent être titulaires depuis au moins cinq ans d’un titre de séjour les autorisant à travailler. Les conditions d’obtention du minimum vieillesse sont-elles-aussi contraignantes : une personne de nationalité étrangère doit, soit détenir depuis 10 ans un titre de séjour l’autorisant à travailler, soit être réfugiée, apatride, ou ancien combattant, soit être ressortissante d’un État membre de l’Espace économique européen ou suisse. Il faut également résider régulièrement en France. Personne ne peut donc débarquer en France et toucher le minimum vieillesse ou le RSA du jour au lendemain.

 Selon Médecin du monde, qui prend en charge des réfugiés partout en Europe, seulement 2,3% des migrants interrogés citent la santé personnelle comme motif de migration, loin derrière les raisons économiques (48,1%), politiques, ethniques, religieuses ou d’orientation sexuelle (23,7%) [13]. Les personnes qui quittent leur pays et rejoignent l’Europe au péril de leur vie veulent avant tout éviter d’être tuées et trouver un travail. « La plupart des migrants se trouvent dans un état de santé normal à leur arrivée, (…) ce sont surtout les conditions d’accueil qui leur sont faites ici qui, au fil des mois, provoquent chez eux des maladies », précise Médecins du monde.

 Les immigrés, quand ils sont correctement accueillis, apportent une diversité culturelle et professionnelle qui favorise l’économie des pays d’accueil. Mais ils créent en plus de la richesse et de l’emploi, car ils sont aussi consommateurs, cotisants et contribuables (TVA et autres impôts). Ces contributions compensent, parfois largement, les coûts (santé, éducation, chômage) liés à la prise en charge des personnes immigrées. Un comparatif établi en 2005 montre que cette année-là l’immigration a rapporté plus de 72 milliards d’euros à la France via les cotisations et impôts, et coûté environ 68 milliards d’euros, soit un solde positif de 4 milliards d’euros [14]. Selon l’organisation internationale de coopération et de développement économiques (OCDE), il faudrait mieux intégrer les immigrés au marché du travail, car c’est la voie principale par laquelle ils contribuent aux ressources fiscales de leurs pays d’accueil.

.

 Nolwenn Weiler

 [1] CREDOC, Enquête « Conditions de vie et Aspirations », 2014

[2] En 2014, François Rebsamen avait repris les chiffres avancés par le Medef. En septembre, Myriam El Khomri avait évalué ce nombre à 300 000, comme Manuel Valls.

[3] Enquête « Testing » sur CV, Adia/Paris 1 Observatoire des discriminations, cité par Alec Hargreaves dans Vers la guerre des identités ?, éd. La Découverte.

[4] Travaux de l’Observatoire National de la Pauvreté et de l’Exclusion Sociale (ONPES) et étude de l’Insee « Les dispositifs sociaux et fiscaux en faveur des familles : quelle compensation du coût des enfants ? », Insee, Économie et statistique, octobre 2015.

[5] Interview d’Hervé Le Bras, Libération, décembre 2015.

[6] Chiffres calculés sur les trois secteurs suivants : transports, logements, alimentation. Étude réalisée en 2011 par l’observatoire du bilan carbone des ménages.

[7] Joseph Stiglitz, Le Prix de l’inégalité, Paris, Les Liens qui libèrent, 2012.

[8] Témoignage recueilli par ATD Quart Monde, rapport annuel 2011.

[9] Voir les documents du Centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l’islam (CPDSI) et le rapport intitulé La déradicalisation, outil de lutte contre le terrorisme

[10] Pour les chiffres sur la mendicité, voir « Les mendicités à Paris et leurs publics », mai 2011, Centre d’étude et de recherche sur la philanthropie.

[11] Sondage réalisé en 2011.

[12] L’aide médicale d’État (AME) est un dispositif permettant aux étrangers en situation irrégulière de bénéficier d’un accès aux soins.

[13] Données recueillies en 2013 au cours de 29 400 consultations dans vingt-cinq villes de huit pays européens. Voir « L’accès aux soins des plus précaires dans une Europe en crise sociale », Médecins du monde, mai 2014.

[14] Voir Xavier Chojnicki et Lionel Ragot, L’immigration coûte cher à la France. Qu’en pensent les économistes ?, Paris,

 



Publicité
Publicité
Commentaires
SPARTACUS
  • Information sur le mouvement des conseils ouvriers de la gauche germano-Hollandaise, ainsi que sur la lutte de classe dans le monde. voir en complément le site MONDIALISME. Pour correspondre:
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
SPARTACUS
Visiteurs
Hier 0
Depuis la création 321 408
Publicité